Ce que les bébés disent avant de savoir parler
Dans les années 70, l’un des disciples d’Henri Wallon pousse encore plus loin la théorie de dialogue tonique pour parler cette fois de « dialogue tonico-émotionnel ». Il explique ainsi que le tonus est un support pour véhiculer les émotions. Ainsi, lorsqu’on est énervé, notre corps se crispe ; à l’inverse, lorsqu’on est reposé, il se détend. « J’observe souvent dans des crèches ou chez les parents l’attitude suivante : un bébé pleure, la personne qui s’en occupe est un peu tendue pour diverses raisons et fait les 100 pas avec l’enfant dans les bras, en le berçant vigoureusement. A ce moment précis, l’adulte transmet sa tonicité au bébé, qui reste alors tendu. C’est ce que l’on appelle « la tonicité réponse ». Il ne se calme donc pas… », raconte Alexandra Hennegrave. « Le premier dialogue est en deçà des mots, en deçà des mouvements, en deçà des gestes, » poursuit-elle, « Le premier dialogue s’instaure en réalité de « tonus à tonus ».
Avoir conscience de son tonus pour mieux communiquer
Maintenant que vous connaissez le dialogue tonique, vous pouvez garder en tête quelques bonnes pratiques pour bien communiquer avec les bébés.
Ainsi, il est important de faire attention à votre propre tonicité quand vous portez un enfant, par exemple, et que vous souhaitez le calmer. « Assurez-vous de votre disponibilité pour pouvoir apaiser un bébé qui exprime un mal-être, prévient Alexandra Hennegrave. Veillez donc à être bien stable, en appui et à bien respirer pour être dans une situation propice à un bon dialogue tonique et ainsi calmer l’enfant ». Vous pouvez ensuite utiliser toutes vos astuces pour l’apaiser. Vous verrez qu’elles fonctionneront bien mieux si vous adoptez la bonne posture.
« De la même façon, si vous devez lui donner un biberon, veillez à prendre le temps de bien vous caler, de surélever votre coude », poursuit-elle. Gardez donc bien en tête d’adopter la bonne posture, et d’avoir un tonus adapté, favorable aux échanges de qualité.
Les autres modes de communication non verbale
Les pleurs : « contrairement aux adultes, les pleurs chez l’enfant ne sont pas synonymes de chagrin », rappelle Alexandra Hennegrave. Ce sont un appel ou une expression Au début de la vie, ils sont peu identifiables mais au fur et à mesure, ils vont se spécifier. Ils ne vont pas avoir la même intensité, pas la même tonalité et grâce à cela, vous allez être en mesure de savoir si l’enfant a faim ou s’il s’est fait mal.
Le regard : « dès 2 mois, le bébé s’anime dès que l’on s’approche de lui et s’engage dans le relation par une motricité manifeste », explique Alexandra Hennegrave. La communication par le regard va être intimement lié à son développement moteur. « Au départ, il suit du regard. Puis grâce à la motricité de la tête, il va suivre un objet en dehors de son champ de vision en la tournant à droite et à gauche. Vient ensuite la motricité de son dos, il va alors pouvoir s’arque-bouter pour tenter de voir encore plus loin et même derrière lui, » explique la psychomotricienne. Vous allez ainsi comprendre qu’il veut que vous lui redonniez la balle partie se loger sous le meuble, grâce à son regard insistant, par exemple. Ou qu’il souhaite être avec vous quand il vous cherche des yeux par tous les moyens (tourne la tête au maximum de ses possibilités, s’arque-boute dans le transat…)
Le sourire : il est l’un des modes de communication non verbale par excellence ! « le sourire est physiologique à la naissance et s’inscrit dans l’échange par la suite », rappelle Alexandra. Il apparaît le plus souvent quand le bébé est en interaction avec une personne, rarement quand il joue seul, et exprime toujours sa satisfaction.
L’imitation : l’enfant va vous imiter pour « parler le même langage » que vous, être en relation avec vous. Grâce à cela, vous pouvez par exemple lui montrer qu’il faut ouvrir la bouche pour manger sa cuillérée de purée et ainsi communiquer avec lui.
La communication gestuelle symbolique : « avant de savoir dire « non », l’enfant de 12 mois secoue sa tête. Et avant cela, à 10 mois, il va prendre plaisir à recommencer un geste qui a fait rire l’autre », rapporte Alexandra. Il voit qu’il a une action sur une personne et la reproduit : c’est sa façon de communiquer. Grâce à la gestuelle symbolique, le petit enfant se fait comprendre, bien avant de maîtriser le langage.