Jouets : des conseils pour bien les choisir pour le lieu d'accueil

Renouveler les jouets et les supports de jeu peut vite devenir un casse-tête pour les professionnels de crèche et les assistantes maternelles, tant les propositions sont nombreuses. Comment trouver et mettre à disposition des jeunes enfants des jeux qui ont du sens ?
Le jeu est avant tout une activité de plaisir et il naît quand il est question de découvertes et d’expériences. Paradoxalement, plus les jouets sont simples, plus ils sont riches d’expérimentation. Ainsi un « bon » jouet est un support de jeu avec lequel l’enfant va pouvoir développer ses habiletés sur plusieurs plans : manipuler, inventer, créer, transformer, câliner, réfléchir, résoudre des problèmes, s’exprimer, s’émerveiller ou encore exprimer ses émotions.

Le choix des jeux selon les stades de développement de Piaget
Les stades de développement du jeune enfant étudiés par Jean Piaget, qui a travaillé sur la mise en place de l’intelligence, correspondent chacun à des types de jeux.

Le stade sensori-moteur de 0 à 24 mois : les jeux d’exercices
Ce sont tous les jouets et les objets que le bébé découvre en les manipulant avec les mains, et la bouche au stade oral : hochets simples ou hochets multi-activités, anneaux, balles à facettes, coupelles en inox, morceaux de tissus au contraste de noir et blanc (auquel les bébés sont très sensibles)...
Bien que sur les boîtes de jeux, il est indiqué « à partir de », ces supports de découverte et d’exploration peuvent être proposés autant aux bébés qu’aux enfants plus grands, même au-delà de 2 ans qui est l’âge théorique. En effet, un bébé de 6 mois va découvrir un hochet avec un regard différent de celui d’un enfant de 2 ou 3 ans. Les « jouets de bébés » trouvent ainsi leur place auprès des plus grands qui y portent un grand intérêt. Il suffit de les observer lorsqu’ils rentrent dans le groupe des bébés pour comprendre l’importance de leur en proposer.

Le stade représentatif de 2 à 6 ans :  les jeux symboliques
Il commence bien souvent dès 18 mois. Si ce type de jeux a autant de succès, c’est parce qu’il permet à l’enfant de faire « comme si », d’expérimente les rôles de chacun. Prenons l’exemple de la dînette, tant plébiscitée par les enfants. Il est primordial de faire en sorte que le coin dînette ressemble le plus possible à la réalité avec des accessoires et ustensiles qui donnent du sens à leur jeu. Les éléments en inox tels que la casserole ou le fait-tout ont un double intérêt car ils développent à la fois les sens et, par leur ressemblance à la réalité, favorisent le prolongement des scénarios de jeu. Tout comme une éponge, un torchon en tissu ou de petites assiettes en céramique adaptés à la taille de la dînette et de l’enfant, créent l’invitation à jouer et soutiennent l’attention et la concentration du joueur. Plus le coin dînette sera propice à l’imitation, plus il remplira son rôle symbolique.

Le stade opératoire concret de 3 à 12 ans : les jeux de construction
L’enfant se passionne pour ces jeux dès 2 ans, même si à cet âge se lancer dans une construction élaborée n’est pas encore dans ses capacités cognitives. Il appréhende d'abord la construction par l'assemblage de pièces. Inutile donc de proposer une pleine caisse de Lego® à un jeune enfant : mieux vaut mettre à sa disposition une plus petite quantité qui lui permettra de rentrer dans le jeu. En effet trop de jeux ou supports de jeu créent l'enfant "zapping" qui ne sait plus ni créer, ni inventer.
C'est par la suite qu'apparaît le stade opératoire formel avec les premiers jeux de règles : lotos, mémos, puzzles. Des jeux qui stimulent la mémoire, le sens de l’observation et la dextérité.

Les 4 critères de sélection d’un jouet ou de supports de jeu
Quand les jouets limitent l’action et l’imagination de l’enfant, contrairement à ce qui peut être écrit sur le carton d’emballage, c’est qu’il leur manque une fonction. Pour répondre aux besoins du tout-petit, les propositions de jeu doivent remplir la fonction de « moteur ludique ». Il y a moteur ludique à partir du moment où un jouet ou un support de jeu rassemble ces 4 critères.

Pour qu’un jeu ou des jeux associés soient pertinents, ils doivent développer les sens. Parce que c’est grâce à eux qu’un bébé apprend à découvrir son environnement : les objets l’attirent en raison de leurs couleurs, de leur brillance, de leur mouvement, de leurs sons et de leurs textures.

Deuxième critère, le jeu ou support de jeu doit permettre de faire apparaître et disparaître l’objet. C’est le fameux jeu du « coucou-caché » chez le tout-petit qu’on retrouve par exemple dans les boîtes gigognes, les balles qui disparaissent et qui réapparaissent, les livres où l’on peut cacher les personnages… Ce type de jeux aide l’enfant à acquérir la notion de permanence de l’objet, une étape essentielle dans l’éveil du tout-petit. Et permet aussi de l’aider à mieux gérer la séparation du matin et toutes les micro-séparations de la journée.

Un jeu est également moteur ludique à partir du moment où l’enfant, quel que soit son âge est actif dans le jeu - c’est le critère « action-réaction ». Une toupie, un toboggan à petites voitures, un bâton de pluie, un jouet à tirer : à chaque fois que l’enfant actionne le jouet, il y a réaction. Pour le jeune enfant, c’est lui qui est à l’origine de cette transformation. Le jeu nourrit alors l’estime personnelle de l’enfant. Il en va de même avec les jeux de construction et d’assemblage.

Enfin lorsque l’enfant peut répéter son action et que la causalité existe, le quatrième critère de choix d’un jouet est validé. Parce que les enfants ont besoin de s’approprier les objets qu’ils explorent et maîtriser le jeu. La répétition est rassurante, constructive, donne des repères et procure du plaisir.

Voici un principe simple : plus le professionnel peut poser des verbes d’action sur un jouet ou un support de jeu, plus sa fonction de moteur ludique se confirme. Le carton d’emballage par exemple offre une multitude d’action telles que se cacher, rentrer, sortir, créer, inventer, décorer, peindre, dessiner, casser…

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Article rédigé par : Marina Lemarié formatrice et consultante spécialisée dans l’aménagement des espaces petite enfance
Publié le 03 décembre 2018
Mis à jour le 13 décembre 2021