Il faut investir dans la Petite Enfance

Les 6 et 7 juin derniers, à l’initiative de « Ensemble pour l’Education »  et sous l’égide de l’OCDE s’est tenu le 1er congrès international «  au Cœur des Actions Majeures pour la Petite Enfance ». Pendant deux jours, prés de 400 experts, et responsables politiques ou institutionnels ont échangé autour de la Petite Enfance. Ils ont présenté des programmes novateurs et spécifiques pour favoriser l’éducation des moins de 5 ans. Et on mis en évidence tout ce que les dernières recherches et études ont permis de comprendre  tant sur les spécificités de la Petite Enfance que sur ce qui peut bien ou moins marcher pour  son accueil et son éducation. Avec une vision très large puisque les expériences rapportées concernaient des pays  aux développements économiques variés : Canada, Etats Unis, Australie, Norvège, Chili, Kenya, Chine etc. …). De ces débats et conférences, très riches, on peut néanmoins tirer quelques enseignements.
1. La période allant de la naissance à cinq ans est fondamentale. C’est une période clef du développement du jeune enfant  durant laquelle se prépare déjà son avenir. Ce qui ne sera pas acquis ou préparé durant cette période peut avoir des conséquences à l’adolescence et à l’âge adultes. Différentes études longitudinales qui suivent des trajectoires d’enfants privés d’éducation préscolaire montrent qu’ils peuvent présenter dés l’âge de 15 ans des troubles cognitifs ou de comportements.
2. Il est impératif de développer des programmes d’éducation préscolaire ( ce qui dans l’acception anglo- saxonne ne correspond pas forcement à notre école maternelle mais peut aussi englober  l’éveil tel qu’il est pratiqué dans les crèches) . Car c’est dés la petite enfance qu’il faut lutter contre les inégalités.
3. Ces programmes tendant à favoriser l’éducation préscolaire se doivent d’être ambitieux. Ambitieux dans leur envergure : il doivent concerner le maximum d’enfants et toucher à l’universalité. Mais pour réduire les inégalités,  ils doivent aussi être ciblés  vers les populations les plus démunies .Ils joueront ainsi leur rôle dans l’égalité des chances. Enfin ambitieux signifie aussi qu’ils doivent être de qualité. Donc s’appuyer sur les dernières recherches concernant le développement de l’enfant et avoir des objectifs qui ne sont pas seulement de l’ordre des apprentissages mais aussi du bien-être de l’enfant. Mais il faut aussi bien sûr des professionnels compétents donc bien formés. Ila été aussi souligné par plusieurs orateurs que la qualité ne pouvait s’évaluer de la même façon dans tous les pays.  Notamment en ce qui concerne les locaux où la durée de l’accueil. Certains pays peu développés sont tellement en retard que peu vaut mieux que rien. En revanche dans la prise en charge pédagogique des  tout-petits, la vigilance partout est de mise.
4. Tout cela exige des moyens. Où trouver l’argent pour réaliser ces actions d’envergure en faveur de l’éducation préscolaire. Soyons pragmatiques. Voilà le maître mot de ces deux jours. Utilisons des financements publiques (pour cela il faut une vraie volonté politique), mais également privés. Il faut s’appuyer sur les fondations mais aussi sur les acteurs de la vie économiques. Il est vrai que les pays anglo saxons ont cette culture de la « charity » (que l’on pourrait traduire par philanthropie) que nous n’avons pas ou peu en Europe.
5.  La Petite Enfance est un enjeu d’avenir. Investir dans la Petite Enfance est un bon investissement. C’est un bon investissement, pas seulement parce que d’un point de vue moral et humain, c’est utile. Mais aussi en terme de « retour sur investissement ». En effet,  il est beaucoup moins coûteux pour la société de concevoir un bon système  pré- scolaire  pour les tout- petits ( accueil et éducation)  que d’avoir à  prendre en charge des adultes démunis,  sans travail  fixe , avec des troubles du comportements voire délinquants ou asociaux.

Finalement , ces deux jours ont montré à la fois tout le chemin à parcourir tant, dans certains pays il reste  beaucoup faire . Mais ils ont aussi prouvé – et l’exemple du Chili est  vraiment un cas d’école, que quand il y a une volonté politique et que toutes les forces sont réunies , quelles qu’elles soient publiques ou privées, pour agir cela marche !

 
Article rédigé par : C.L
Publié le 08 juin 2016
Mis à jour le 23 juin 2016