Arnaud Deroo, psychopraticien, formateur petite enfance : libérer la parole des pros et les autoriser à craquer
Arnaud Deroo explique : « vis-à-vis des professionnels je pense qu’une directrice doit proposer une réunion d’équipe pour libérer la parole. Elle doit rappeler que la sécurité des enfants c’est une question de vigilance . Dire aussi qu’un pro a le droit de craquer que ce n’est pas honteux et qu’il faut oser appeler une collègue à l’aide, passer le relais. IL faut savoir admettre qu’on est dépassé émotionnellement par une situation. Il faut que la direction et l’équipe puisse l’entendre sans juger. Mais aussi elle peut rassurer : l’acte qui été commis est complètement hors cadre donc exceptionnel. ».
Et pour les parents ? « Je conseillerai à la directrice d’entendre leurs questions et les appréhensions. De leur expliquer que la structure a mis des choses en place pour que de tels drames ne puissent survenir . Des temps d’analyse de pratique, des réunions d’équipe… »
Héloïse Junier, docteur en psychologie, psychologue en crèche, formatrice : savoir repérer son stress face aux pleurs
La psychologue complète : « Oui il faut libérer la parole bien sûr. Mais il faut surtout rappeler que les pleurs des bébés sont l’une des premières causes de décès, négligence et maltraitance chez les bébés de moins d’un an. Expliquer que les pleurs génèrent beaucoup de stress psychologique et physiologique. Chaque directrice devrait rappeler à son équipe , que chaque pro doit apprendre à identifier quels symptômes de stress provoquent chez elle les pleurs de bébés ? Des plaques rouges, une gorge qui se noue etc. C’est la meilleure des préventions. Car savoir les reconnaitre, sentir son stress monter évite de passer à l’acte.
Il faut aussi je crois prendre conscience qu’être seul avec un enfant c’est toujours une situation vulnarabilisante. Je crois réellement qu’il faudrait que tous les professionnels de la petite enfance aient dans leur formation initiale et de façon systématique des modules sur les pleurs des bébés. Car c’est le problème N°1 des professionnels et des parents. Or en comprendre les mécanismes permet de mieux les supporter. »
Héloïse Junier conclut : « Que dire aux parents ? Que la crèche justement a mis ou met des en place des techniques de prévention pour que cela n’arrive pas . »
Les deux experts sont d’accord sur autre point : il faut protéger les enfants des angoisses tant des pros que des parents. Ce sont des petites éponges qui ressentent tout. Il faut essayer de ne pas parler de ce fait divers devant eux. Et autant que faire se peut, les professionnels doivent essayer de décharger émotions et stress liés à ce fait divers épouvantable avant d’aller auprès des petits.
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