A partir de 2 ans : ce n'est pas le début mais une continuité dans l’apprentissage de son corps

L’enfant à partir de cet âge est « techniquement » prêt à aller  aux toilettes et quitter sa couche. Encore faut-il qu’il le veuille et que ses désirs ne rentrent pas en compétition avec vos souhaits. La fameuse période du « non » peut venir perturber cette étape ultime de l’acquisition de la propreté ».Par Frédéric Groux, psychologue de crèche.
La verbalisation pour rassurer
Il est important de saisir que l'enfant est dans une continuité d'expérience et non comme les adultes le pense par étape distincte . Pour les moins de 3 ans, tous les apprentissages se chevauchent et se croisent. C'est pour cela qu'il faut en tant qu'adulte continuer à faire ce que vous avez mis en place quand il était petit sur la verbalisation.
Le langage est apparu et s'installe. Si le langage est débuté (assemblage de trois mots minimum), il est possible de lui proposer d'aller sur le pot ou  sur les toilettes lors du changement de couche ou  au moment du bain tous les jours. Si le langage n'est pas entamé,  laissez-lui le temps de faire cette acquisition d'abord. Vous pouvez lui lire des livres sur le thème un peu plus souvent et de manière rigolote. Pour mémoire, il est préférable d’éviter de mettre deux apprentissages importants en même temps.
Voici un exercice qui peut être fait avec des enfants de cet âge : souffler des bulles. Pourquoi ? Souffler des bulles demande de gérer sa respiration donc de maitriser la sphère abdominale. Et, nous savons qu’un peu plus tard, il devra maitriser ses sphincters (muscles qui permettent de laisser les selles et l'urine sortir). Pour cela, il devra détendre et relâcher ses muscles et la respiration en est un bon moyen particulièrement  indiqué pour les petits qui sont anxieux ou crispés.
Pour de nombreux enfants, le passage aux toilettes sera difficile car il y aura la peur de tomber dedans ou  le contact avec le froid de la porcelaine , inhabituel et désagréable. C'est là où la verbalisation et l'accompagnement par la parole que vous avez proposés avant, seront des aides précieuses. L'imitation est une technique d'apprentissage que les jeunes enfants apprécient avec une poupée, un autre enfant ou les parents (parfois).

A la croisée des étapes du développement
Souvent ce n’est pas l'acquisition de la propreté qui pose problème, c'est une autre étape dans la construction de la personnalité du jeune enfant. Un peu avant deux ans, les enfants entrent dans la période dite « d'opposition » où ils refusent tout et  veulent décider de tout … et rarement dans le sens des adultes. Pour le dire autrement, ce ne sont plus les besoins vitaux qui comptent mais les désirs de l'enfant, sa volonté  de choisir. Il peut avoir sommeil ou faim mais s'il décide que ce n’est pas le moment, il luttera contre pour suivre ses envies. Il est facilement compréhensible que s'il ressent votre envie  de le « rendre propre », cela peut engendrer des conflits car il sentira un enjeu entre vous et lui. La  bonne méthode ?  Lui faire deux propositions : tu as le choix entre ça et ça. Les bambins de deux ans aiment choisir et ils n'aiment pas être dans une impasse à choix unique. Vous choisissez donc deux choses pour lui et vous le laisser prendre sa décision. Autour des deux ans, l'enfant grandit beaucoup sur le plan cognitif et il faut évoluer avec lui. Il n'est plus le bébé mais un partenaire de discussion et, parfois, vous ne serez pas d'accord avec lui. On parle alors de « mettre les limites ». Souvent, on parle que le jeune enfant doit avoir de l’intérêt pour le pot ou les toilettes afin de lui proposer. Il arrive que certains enfants ne soient pas dans ce changement. Avoir une couche est parfois bien pratique. On peut jouer et en même temps faire ses besoins. Pourquoi changer ?

A trois ans, aux adultes de prendre l’initiative
Si, vers les trois ans, il n'y a pas de signe d’intérêt, vous pouvez proposer  aux parents de lui dire simplement : « Nous tes parents, nous aimerions que tu fasses maintenant sur les toilettes et nous allons prendre la décision de retirer ta couche ». Nous sommes dans le même contexte qu'un enfant qui souhaite manger que des petits pots de glace à tous les repas ou s'il ne veut pas aller dormir avant minuit tous les soirs. En tant qu'adulte, vous ne laisserez pas faire car un bout de choux de moins de trois ans ne peut pas tout décider et c'est insécurisant pour lui d'avoir des adultes qui le laisse tout faire. Si vous avez fait les étapes précédentes cela fonctionnera. Si l'enfant joue, marche et parle, c'est que le corps fonctionne parfaitement et il pourra contrôler ses sphincters sans difficultés.

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Article rédigé par : Frédéric Groux
Publié le 15 mars 2018
Mis à jour le 15 mars 2018