Pouce, tétine : comment les aider à s’en « sevrer »

Evidemment ce n’est pas vous qui déciderez de donner une tétine au bébé que vous accueillez. Même si désormais on le sait, mieux vaut la sucette que le pouce. Néanmoins, vous pouvez être amenée à rassurer ou conseiller les parents, inquiets, s’ils vous interrogent. Et à adopter l’attitude qu’ils souhaitent avec leur enfant, quant à l’usage de sa tétine notamment au moment du « sevrage ».
Tous les bébés ont besoin de téter. D’ailleurs certains sucent déjà leur pouce in utero. Les échographies sont là pour le prouver et l’immortaliser. Et dès la naissance ce réflexe oral est en place. C’est physiologique. Indépendamment de sa fonction nutrition, la succion a indéniablement une fonction de réconfort. Vous le savez peut-être, en anglais le mot sucette ou tétine se dit «pacifier» du verbe pacify qui signifie apaiser, calmer…
Certains bébés sont de gros téteurs, d’autres se consolent autrement et certains enfants ont besoin de téter plus longtemps que d’autres. Vous le constatez tous les jours, vous qui avez en charge plusieurs enfants d’âges différents !
Quand les enfants restent accros à leur pouce où à leur « tototte » toute la journée, quand ils n’arrivent pas à (le) la lâcher même pour parler, quand ils en éprouvent encore un grand besoin alors même qu’ils vont entrer à l’école maternelle, quand c’est un drame si la tétine a été égarée, les parents commencent à s’inquiéter. Et vous demandent de les aider à le faire « décrocher ».


La tétine plus facile à quitter

« Que ce soit le pouce ou la sucette, la tétée est la même précise le Dr Jona Andersen, dentiste pédiatrique : le bébé crispe les lèvres et la langue va vers l’avant. C’est ce qu’on appelle une déglutition primaire ».

Pourtant la spécialiste avoue avoir une nette préférence pour la sucette pour des raisons plus médicales.

« Personnellement, explique-t-elle, je trouve que plus un enfant arrête tôt, mieux c’est pour la mise en place de la déglutition secondaire, celle qui lui permettra de manger des aliments solides. Mon conseil c’est de sevrer complétement l’enfant de sa tétine à 3 ans, 4 ans maximum. Dans l’idéal, je recommande de commencer un sevrage en douceur de toute tétée (sein, biberon ou sucette … et pouce bien sûr) aux alentours de 15 mois ».
Mais peu de bébés y parviennent puisque 80% des enfants ont encore une tétine à trois ans.

 Néanmoins, remarque-t-elle,

« il est toujours plus facile d’abandonner sa tétine que son pouce ». On peut jeter une tétine, la cacher (avec l’accord de l’enfant), mais le pouce ou les doigts le suivent partout. « Encore une fois j’insiste : il faut que le sevrage se fasse en douceur. Si l’enfant a plus de trois ans – âge où vraiment il faut pour sa santé dentaire qu’il ne l’utilise plus - quand je le vois dans mon cabinet je lui explique les répercussions que cela peut avoir sur sa dentition future : je discute avec lui, lui explique… J’ai un arbre à tétines et quand l’enfant est prêt il la dépose et reçoit un diplôme et une médaille ».

Une idée que vous pouvez reprendre facilement.


Le pouce ou les doigts déforment le palais


Ne plus téter, c’est difficile. Le Dr Andersen reprend cette image :

« comme il n’y a pas une bonne coordination de la langue avec les autres structures de la bouche telles les dents et les mâchoires, enlever la tétine ou le pouce à un enfant c’est comme enlever une béquille à quelqu’un qui ne sait plus marcher ! »
Et il faudra, pouce ou tétine peu importe, une vraie rééducation pour apprendre à déglutir et à mâcher.

Un enfant qui suce son pouce, impose une pression contre les dents et le palais plus forte. Et cela peut entraîner une déformation de l’arc dentaire qui sera fermé, plus allongé, plus étroit, et du palais et entraîner plus tard un mauvais positionnement des dents.

« C’est certain, conclut-elle, il y a aura plus de dégât sur le maxillaire avec le pouce qu’avec la tétine ».

La tétine serait donc la panacée ? Evidement non.
« Mais reconnaît Jona Andersen, certains disent que les tétines orthodontiques ou physiologiques n’existent pas. Je ne suis pas d’accord et je l’ai d’ailleurs expérimenté avec mes propres enfants. Les tétines avec un col moins épais et plus étroit, très fin et avec une silicone souple permettront aux enfants,  quand ils seront sevrés, de fermer la béance ( le trou créé par la tétine entre les dents du haut et du bas) et d’acquérir la déglutition secondaire plus rapidement. »

Partenaires des parents dans leurs choix éducatifs, vous avez aussi un rôle de conseil et de prévention. Mais vous savez aussi, puisque vous avez accueilli au fil des années, des dizaines de bébés et jeunes enfants, que jusqu’à 6 ans, bien des enfants ont besoin de téter comme de gros bébés pour s’endormir…

 

Son sourire en dit long …

Pour Jona Andersen, certains signes ne trompent pas. Si vous les remarquez, n’hésitez pas à en parler aux parents, c’est sans doute le moment pour eux de consulter un pédodentiste.
• Quand un enfant sourit il faut que les dents du haut couvrent un peu celles du bas. Or parfois, sur un côté c’est l’inverse (articulé inversé) ;
• Quand les dents du haut ne touchent pas celles du bas (béance).

 

Article rédigé par : Catherine Lelièvre
Publié le 03 mars 2016
Mis à jour le 12 juin 2017