Le professionnel de l’enfance, une figure d’attachement

L’arrivée dans un établissement d’accueil provoque de l’anxiété chez le jeune enfant. Restaurer son sentiment de sécurité implique de développer une figure d’attachement de substitution ; et pour y parvenir, les professionnels peuvent appliquer différentes méthodes.
L’entrée d’un enfant dans un établissement d’accueil est toujours un moment délicat. Protestation, pleurs, agrippement : la séparation avec les parents provoque un sentiment d’insécurité chez l’enfant, ses figures d’attachement habituelles s’éloignant de lui. « Cela nous amène à réfléchir aux repères éducatifs à développer en crèche pour que les enfants expérimentent des relations les plus sécures et les plus organisées possibles » commente Marie Noëlle de Theux-Heymans, psychologue et formatrice. Afin d’assurer le développement affectif des tous petits, les professionnels de l’enfance peuvent accompagner cette étape en favorisant l’attachement à une nouvelle figure : la référence.
Toute personne prenant soin d’un enfant de manière régulière peut devenir une figure d’attachement. « Nous avons mis en place un système de référence pour contribuer à la sécurité affective des enfants mais aussi rassurer les parents qui bénéficient d’un interlocuteur privilégié » explique Agnès Robert, coordinatrice du service petite enfance de la ville de Gisors.

Accompagner la séparation
Pour favoriser la naissance de liens d’attachement entre un enfant et un professionnel, une période d’adaptation progressive est nécessaire. « À Boule de gomme par exemple, l’une des structures que je coordonne, une référente accueille l’enfant et le parent pendant la période d’adaptation. Cela permet d’instaurer une relation de confiance entre tout le monde » souligne Agnès Robert. Ces moments, partagés à 3, s’allongent au fur et à mesure pendant 1 ou 2 semaines avant que l’enfant soit véritablement prêt pour une longue séparation. « Il est important que l’enfant sente qu'il est confié, indique Marie Noëlle de Theux-Heymans. Il faut également respecter son rythme pour passer des bras de la figure d'attachement principale à ceux de la figure d'attachement de substitution. »
L’objectif est de signifier à l’enfant qu’une personne lui porte de l’intérêt, est capable de le rassurer et est disponible pour l’accompagner vers les autres. « À Boule de gomme, les enfants sont répartis dans un groupe après l’adaptation : celui des petits/moyens et celui des grands, précise Agnès Robert. Deux référentes sont associés à chaque groupe afin de proposer aux enfants deux figures d’attachement qui se relaient tout au long de la journée. Elles sont présentes à des moments privilégiés tels que la sieste, le change, le repas.»

S’adapter à l’enfant
Agnès Pommier de Santi a également mis en place un système de référence pour les enfants âgés de 2 ans à l’école maternelle Basse Convention, située à Toulon. Professeur des écoles et doctorante en science de l’éducation, elle intervient depuis 3 ans dans cette structure : « Parfois, une semaine d’adaptation ne suffit pas pour que l’enfant se sente en sécurité et se console de la séparation avec le parent. Dans ce cas, nous nous adaptons à travers un protocole d’accueil particulier, étendu à 3 semaines. »
Après l’adaptation, la réponse au besoin d’attachement se poursuit. « Nous fonctionnons en binôme de référentes, précise Agnès Pommier de Santi. Et pour nous assurer une disponibilité constante pour les enfants, nous avons développé un partenariat avec le centre social de la ville. De septembre à décembre, une animatrice nous a ainsi rejointes pour nous permettre d’être davantage présente auprès des enfants les plus en difficulté par rapport à la séparation avec leurs parents. »
Si le système de référence diffère selon les structures, la prise de conscience du besoin d’attachement tend à se généraliser. De quoi permettre à l’enfant de se développer avec un sentiment de sécurité.
Article rédigé par : Nelly Moussu
Publié le 29 mars 2016
Mis à jour le 16 mai 2021