Langue des Signes pour Bébé : quel intérêt en collectivité ?

Des crèches aux haltes-garderies en passant par les RAM, certaines structures d’accueil de la petite enfance utilisent la Langue des Signes pour Bébé (LBS) au quotidien. Meilleure compréhension de l’enfant, approche syllabique, projet pédagogique fédérateur... la communication gestuelle cumule les avantages en collectivité.
Aux Etats-Unis, la Langue des Signes pour Bébé (LSB) rencontre de nombreux adeptes tandis qu’en France sa diffusion reste plus confidentielle. Des structures d’accueil pour jeunes enfants expérimentent néanmoins cet outil. C’est le cas par exemple de la micro crèche les Petites Graines à Harnes (Pas de Calais), de la crèche intercommunale de Marnay (Haute Saône), ou du RAM du SIVOM de la Vallée de La Save en Haute-Garonne. Leur motivation commune ? Des bienfaits estimés pour les enfants comme pour les professionnels qui les encadrent.

Langue des Signes pour Bébé en collectivité : une relation individualisée avec l’enfant
Au premier rang des bénéfices observés par Dominique Carpe, formatrice du réseau Signe avec moi depuis 4 ans, « un meilleur dialogue car l’adulte décrypte mieux l’émotion de l’enfant ». En parvenant à exprimer leurs besoins, émotions et envies, les plus jeunes diminuent leur sentiment de frustration et leur colère. La démarche permet également de s’extraire du bruit régnant souvent dans les structures collectives. L’environnement est apaisé, la complicité plus forte. « La LSB institue une communication plus individualisée, complète Cyrielle Moreau, responsable d’une halte-garderie et d’un RAM en Seine-et-Marne où l’on pratique la LBS. Lorsqu’il utilise cet outil, l’adulte doit s’accroupir et capter le regard de l’enfant avant de signer un mot. » Une posture respectueuse soulignant au jeune qu’il est un individu unique et qu’il est écouté. 

Langue des Signes pour Bébé : un projet collectif
Signer avec les comptines, lors des temps forts de la journée. Pour favoriser l’assimilation des signes par l’enfant, les gestes doivent être répétés et rattachés aux rituels de l’arrivée, du repas, du coucher. « Il existe également des signes dits « précieux », mi-consignes mi-conseils tels que écoute-moi ou calme-toi, ajoute Dominique Carpe. Peu à peu, on va vers l’oralité. D’abord, les mots signés sont verbalisés. Et ensuite, certains nous permettent d’aborder la syllabation. Par exemple, lorsqu’on dit chocolat, le signe composé de 3 mouvements rythme le mot. »
L’importance de la répétition des signes implique également que la LSB soit une démarche collective, acceptée par l’ensemble du personnel dans le cadre d’un projet pédagogique. « La communication gestuelle soude une équipe car tout le monde démarre de zéro, quelle que soit la hiérarchie, estime Dominique Carpe. Et il est impératif de prévenir les parents du projet. » La structure d’accueil peut proposer des ateliers ouverts aux familles pour les associer à la démarche, sans toutefois forcer la pratique des signes. Cela n’affecte pas leur assimilation par l’enfant. La LSB s’apparentant à un jeu, il conçoit que, parfois, les adultes sont comme lui : ils n’ont pas envie de jouer !
Article rédigé par : Nelly Moussu
Publié le 15 février 2016
Mis à jour le 01 octobre 2020