Diane Dorlean : « La démarche Montessori me semble la plus adaptée à un enfant découvrant le monde »

Diane Dorlean dirige l’école Montessori « El Nido » à Poissy (78), un établissement ouvert aux enfants dès l’âge de deux ans. Elle nous explique pourquoi cette pédagogie l’inspire et quels en sont les bénéfices pour les tout-petits.
Les Pros de la Petite Enfance : Vous avez été professeur des écoles, puis assistante maternelle. Comment est née votre envie de vous tourner vers la pédagogie Montessori ?

Diane Dorlean : Lorsque j’étais enseignante, je me suis documentée et auto-formée sur la pédagogie Montessori. Plus j'ai découvert cette approche, plus j’ai été convaincue de son intérêt.  Elle me semble la plus adaptée àun enfant découvrant le monde. Les outils éducatifs, notamment, lui permettent d'explorer ses sens en toute autonomie. Àcette époque, j’ai décidéde quitter l’enseignement pour devenir assistante maternelle et faire bénéficier les touts petits de cette pédagogie. Je mettais àleur disposition des activités thématiques et des ateliers créatifs. Aucune obligation, chacun y allait àson rythme, selon ses centres d'intérêt. Et j’ai pu observer à quel point, l’enfant, dès son plus jeune âge, prend confiance en lui et sait naturellement quand il est prêt à appréhender un nouvel exercice.

Quels sont les thèmes des ateliers destinés aux moins de 3 ans ?
Les domaines sont vastes ! Les activités visant à aiguiser leur curiosité, leur motricité, la richesse de leur vocabulaire, leurs capacités de concentration et d'abstraction... mais aussi leur rapport àeux et aux autres. Elles sont donc très variées et adaptées au jour le jour en fonction des besoins et des périodes sensibles de chacun. Entre 0 et 1 an, on met l'accent sur le contact et l'éveil corporel. Le change d'une couche, notamment, représente un moment très précieux, qu'il ne faut pas expédier à la va-vite. On doit prendre le temps de rencontrer le regard du bébé, de lui expliquer ce que l’on fait, de lui demander s'il est d'accord pour qu’on lui enlève son pantalon, etc. Cela peut durer une demi-heure. Avec les 1-2 ans, on est plus dans l'ouverture àl'extérieur et aux autres, la relation àl'adulte, l'acquisition de la confiance en soi, c’est le début de la marche et du langage . Les bases de la socialisation et du savoir-vivre se mettent en place. La notion d’ordre, aussi bien dans le temps que dans l’espace, est très importante àcet âge làcar elle va permettre au jeune enfant de se construire une idée stable de son environnement et ainsi le rassurer. Et puis, avec les 2-3 ans, on encourage la découverte de leurs sens et le développement de leur autonomie àtravers la manipulation et l’exploration. On veille à mettre àleur disposition les ateliers nécessaires (de vie sensorielle et de vie pratique) àces nouveaux apprentissages et pour mieux travailler la coordination main-œil, notamment.

Depuis 2012, vous vous êtes lancée dans la création d’une école Montessori bilingue, agréée par l’Association Montessori Internationale (AMI) pour les  2 à 6 ans. Aujourd’hui, vous vous apprêtez à en ouvrir une seconde sur Orgeval. Quel est l’intérêt de faire rentrer les plus jeunes dans ce type de structure ?
La première chose qu’un petit de deux ans découvre en arrivant c'est l’autonomie. C’est lui l’acteur de son apprentissage, c'est àlui de faire la démarche pour se construire. Il travaille aussi la notion de respect. L’enseignement passe àtravers les règles de fonctionnement de l’école. L’enfant les intègre en douceur. L'adulte n'est làque pour le guider. Dès lors, tout est logique et facile pour développer les apprentissages.

Comment se déroule très concrètement la première année de scolarisation des 2-3 ans ? À quoi ressemble une journée type à cet âge ?   
Dans notre école, les petits ne trouvent pas de jeux de dînette, de voitures ou de pâte à modeler. Nous ne leur proposons que des ateliers Montessori qui permettent de travailler une aptitude précise. Chaque activité est unique et se pratique de manière individuelle àcet âge-là. Concernant le rythme d’une journée, il n’a rien de très différent de celui d’une journée en crèche ou chez une assistante maternelle. En revanche, chaque enfant étant pris dans son individualité, il peut travailler la compétence dont il a besoin, quand il en a besoin. Le matin, il est accueilli par notre assistante anglaise et retrouve ses copains et les adultes. C'est un temps de partage convivial avant les ateliers. Chansons, petites histoires ou juste discussions. C’est aussi un moment important pour les parents. Si besoin, ceux-ci peuvent transmettre àl’éducateur des informations susceptibles d’avoir un impact sur la journée de leur enfant. Signaler, par exemple, que leur petit s’est couchétard, qu’il a mal dormi, ou encore qu’il a fait une belle sortie la veille, qu’il se réjouit d'être là…Autant de précieux éléments favorisant un accueil adapté. Ensuite, vers 9h15, les enfants demandent à travailler. Ils choisissent leur matériel et le manipulent en autonomie. Ou bien, leur éducatrice leur présente individuellement. Ils peuvent la solliciter, ainsi que l’assistante anglaise, quand ils ont besoin d’aide et qu’elles sont disponibles. Vers 10h45, un court temps de regroupement en anglais est proposé. À11h, nous commençons àinviter les enfants àse préparer pour le repas, et les plus jeunes rentrent chez eux. Autour de 14h, les ateliers en libre choix reprennent jusqu'à 16h, la fin de la classe.

Quels bénéfices observez-vous dans le développement des enfants qui vous sont confiés ?
Ils sont acteurs dans l'acquisition de leurs compétences. Ils portent un autre regard sur l’erreur. Ils s’en servent comme d’une aide, d’un outil pour grandir. Ils prennent confiance en eux, et en l'adulte, ce guide bienveillant, qui les encourage. Ils sont capables de rester concentrés, de s’autoévaluer, d’apprécier leur travail par eux-mêmes et d’éprouver de la fierté quand il est bien fait. Àla fin de la première année, ils ont assimilé le fonctionnement de la classe Montessori. Ils sont prêts pour des apprentissages plus compliqués de manière responsable et positive. Cela facilite leur entrée dans la « Maison des grands », à 3 ans.
Article rédigé par : Marie-Sophie Bazin
Publié le 18 février 2016
Mis à jour le 24 mai 2017