La pédagogie Montessori, en pratique pour les tout-petits

Longtemps, la pédagogie Montessori n’a été proposée aux enfants qu’à partir de trois ans. Aujourd’hui, de plus en plus de crèches, de centres d’accueil des tout-petits ou d’assistantes maternelles s’inspirent de cette approche. Même s’ils ne sont pas officiellement labellisés « Montessori » par l’Association Montessori internationale (AMI).*
Un environnement  rassurant et structurant 
L’adulte met à la disposition de chacun l’environnement et le matériel en parfaite adéquation avec ses besoins du moment. C’est donc sur lui que repose la préparation de l’« ambiance » idéale qui fait progresser l’enfant dans ses acquisitions et ses facultés. Point essentiel auquel l’encadrant doit veiller pour maintenir cette fameuse ambiance : l’ordre. « Une place pour chaque chose et chaque chose a sa place », Maria Montessori est une fervente adepte de cette maxime de l’auteur britannique Samuel Smiles. De fait, les espaces montessoriens se distinguent par leur caractère épuré et parfaitement aménagé. Ici pas de couleurs criardes, le mobilier est esthétique, rien ne dépasse, l’harmonie visuelle règne. Il y a une aire pour les activités, une pour le repos, une autre encore pour les repas…
Et partout, de l’espace permettant une motricité libre et épanouie. Tous ces éléments concourent à ce que le tout-petit se sente en sécurité, dans un environnement à la fois rassurant, aéré et structurant. Donc favorisant le bien-être et l’autonomie. Dans le même esprit, les meubles et ustensiles sont à son échelle. Aucune « chaise haute » à l’horizon, par exemple. Pas de lits à barreaux non plus. A la place : matelas au sol, mini chaises et petites tables permettant aux plus jeunes d’appréhender la nouveauté en confiance, de se lancer dans l’exploration d’un univers à leur portée qui évoluera au fur et à mesure qu’ils grandissent.

Créer un espace adapté aux moins de trois ans suppose de maîtriser parfaitement la notion d’esprit absorbant, les différents stades de développement de l’enfant et ses périodes sensibles. L’éducateur se doit également d’adopter une attitude bienveillante et exemplaire constante : savoir se tenir en retrait pour pousser les petits àdévelopper leur plein potentiel, tout en les observant en permanence pour s’adapter à leurs difficultés ou progrès. 

Des structures pour accompagner leurs apprentissages
Chacun étant libre d’évoluer selon son propre rythme, il n’y a pas de section « petits », « moyens » et « grands » dans les centres Montessori dédiés aux moins de trois ans. En revanche, selon son stade de développement, l’enfant découvre un environnement précisément pensé pour l’accompagner dans ses apprentissages.
Les  plus jeunes - de 3 mois à la marche assurée - sont accueillis dans « Le Nido », un espace conçu comme un « cocon » pour 10 à 12 enfants. Si l’on se base sur la convention concernant la Charte des établissements Montessori de France, on doit y trouver une aire de soins physiques (avec tables de change, vestiaires et casiers), une aire de la nourriture (avec tables et chaises de sevrage et de repas), une aire du mouvement avec matelas, miroirs, poussettes et landaus.
Aux moins de 6 mois, on propose des activités visuelles (mobiles, images d’art), auditives (chanter, parler, musique douce) et de préhension (hochet de perle, balle en caoutchouc...). Le matériel pédagogique doit provenir exclusivement d’un fabricant agrée par l’AMI. Auprès des plus âgés, on introduit des ateliers de coordination œil /main (boîtes avec balles, solides géométriques dans un contenant...). Et tous peuvent mener des activités d’équilibre et de locomotion (balles et rampes, tracker, marches d’extérieur, plateformes pour grimper...).

Quand ils sont prêts, les enfants rejoignent « La communauté enfantine » qui regroupe 12 à 14 enfants jusqu’à l’âge de 3 ans. Ils y peaufinent la coordination oculomotrice (boîtes à fentes et jetons, puzzles, tiges sur anneaux, enfilement de perles, collage, découpage…), travaillent le langage (sacs à objets, nomenclature d’images, jeu de questions, analyse de sons, livres, expression de soi…), s’initient à l’art (chanter, jouer d’un instrument, danser, gribouiller…), s’exercent à la vie pratique (s’habiller, se laver les mains, se coiffer, s’essuyer le nez, étendre le linge, nettoyer une vitre, passer le balai, ramasser les feuilles mortes, arroser une plante, transporter un banc, dérouler un tapis, presser un agrume, éplucher et couper une banane, dresser la table…).
A 3 ans ils sont, de l’avis de nombreux adeptes de cette pédagogie, capables de faire et de comprendre des choses que la plupart des petits maîtrisent généralement plus tard. En tous cas, ils n’ont aucun problème pour faire leur « rentrée » à « La Maison des enfants » destinée aux 3 à 6 ans. Par la suite, ils poursuivront leur scolarisation à l’école élémentaire jusqu’à 12 ans. 

Tout au long de ce parcours Montessori, le mélange des âges au sein de chaque groupe vise à favoriser la collaboration, l’échange et l’émulation entre les plus jeunes et leurs aînés. Et à fournir ainsi à tous les clés d’un comportement social harmonieux.

*En France la seule formation officielle des éducateurs destinés à encadrer des moins de trois ans n’a été mise en place par l’institut supérieur Maria Montessori (ISMM) qu’en septembre 2015.
Article rédigé par : Marie-Sophie Bazin
Publié le 16 février 2016
Mis à jour le 20 novembre 2017