Le cycle de l’imitation dans la pédagogie Steiner-Waldorf
Ne pas modeler l’enfant mais le révéler
Les professionnels de la pédagogie Steiner-Waldorf accompagnent donc les enfants pour qu’ils découvrent sereinement leur intériorité. Dans les établissements d’accueil de la petite enfance, cela implique une relation individualisée. « La pédagogie ne révolutionne pas la vie en crèche, témoigne Françoise Laran, cofondatrice de la crèche La petite table ronde dont elle fut la directrice de 1998 à 2012. Comme toutes les structures, nous faisons un accueil, des activités, des siestes. Ce qui nous distingue, c’est la manière et la raison pour laquelle nous faisons les choses. La pédagogie Steiner-Waldorf, c’est avant tout un savoir-être ! »
Concrètement, si un enfant ne souhaite pas faire de sieste, le professionnel ne le force pas. En respectant son rythme, il lui signifie qu’il est un individu unique. Le jeu libre est une autre façon d’accompagner l’enfant dans la découverte de lui-même. « En découvrant qu’il peut agir seul, en expérimentant sans consigne, le tout petit prend confiance en lui, affirme Patricia Chalet, spécialiste des questions liées à la petite enfance au sein de la Fédération des écoles Steiner-Waldorf en France. C’est pourquoi nous alternons les jeux libres et les activités dirigées. »
Le professionnel, un modèle à imiter
Pour que l’enfant ose affirmer son identité, le professionnel doit également le rassurer. « L’adulte doit démontrer une attitude bienveillante et optimiste, souligne Léïla Francq. S’il est inquiet en permanence, le tout petit va le ressentir. Or, c’est parce qu’il imagine que le monde est bon que l’enfant agit en confiance et devient plus fort. » Pour la directrice du CEFOME, une telle attitude de la part du professionnel n’est possible qu’après un travail d’introspection. « Il doit s’interroger sur sa propre relation au monde, ses capacités, sa relation avec lui-même et aux autres pour bien accompagner l’enfant. »
La démarche est indispensable dans la pédagogie Steiner-Waldorf qui considère que l’enfant, en imitant ceux qui l’entourent, apprend à interagir avec le monde. « Quand il se dispute avec l’un de ses camarades, on prend par exemple une poupée que l’on berce dans nos bras, raconte Léïla Francq. Cela nous permet de montrer comment prendre soin des autres, une notion que l’enfant comprend en nous imitant par la suite. »
Se former pour comprendre la nature humaine
En toutes circonstances, les gestes, les mots et le comportement des adultes est important. « L’enfant est une éponge des subtilités de l’être humain, remarque Françoise Laran. Les professionnels de la petite enfance font figure de modèles pour lui, c’est pourquoi leur formation me paraît très importante. Ils doivent comprendre la nature humaine. »
En France, il existe deux structures qui enseignent la pédagogie Steiner-Waldorf adaptées au secteur de la petite enfance. Elles sont portées par le CEFOME (Centre de Formation Méditerranée) et par l’institut de formation Didascali. « De plus en plus de crèches souhaitent intégrer la Fédération des écoles Steiner-Waldorf, indique Patricia Chalet. C’est pourquoi nous avons entamé des démarches pour accompagner au mieux la formation de leurs équipes. » L’expansion de la pédagogie Steiner-Waldorf ne fait donc que commencer.
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