La Révolution Dolto, un documentaire en forme d’hommage

A l’occasion de la célébration des 30 ans de sa disparition (elle est morte le 25 aout 1088), le psychanalyste Gérard Miller et Anaïs Feuillette ont réalisé un documentaire de 90 minute consacré à Françoise Dolto. « La Révolution Dolto » retrace la vie de la psychanalyste, ses combats et convictions. Il explique comment elle a permis un nouveau regard sur les enfants et l’enfance en général. L’hommage à une grande dame, qui comme soulignent les réalisateurs est « une héroïne qui fait partie de notre histoire nationale ».

Est-ce en réaction à son éducation stricte, à la mort de sa sœur ainée quand elle avait 12 ans, que Françoise Marette jeune fille de bonne famille est devenue médecin, psychanalyste et militante de la cause des bébés et des enfants ?
Françoise Marette toute petite le disait : elle voulait devenir un médecin de l’éducation. Elle le pressentait et l’éprouvait dans son quotidien les jeunes enfants n’étaient pas compris. On ne les écoutait pas, on ne leur parlait pas. Et ce n’était pas normal !

Il faut dire que la petite fille a grandi dans une famille catholique traditionnelle, auprès d’une mère notamment très rigide et conventionnelle. Au point que jeune fille Françoise dut quitter la maison et cette mère qui ne lui adressait plus la parole.
Françoise Marette a fini par s’émanciper de cette famille étouffante en se lançant dans des études de médecine à 25 ans ! Et en entamant une psychanalyse avant de le devenir elle-même.  En 1941, elle épouse Boris Dolto et devient Françoise Dolto, nom sous lequel elle sera connue de ses pairs et du grand public.

Françoise Dolto parlait la langue des enfants
Le film de Gérard Miller -lui même psychanalyste ne l’oublions pas -  et d’Anaïs Feuillette est un bel hommage à Françoise Dolto qui et c’est tout le propos du film, a révolutionné le rapport des adultes aux enfants. On sent de l’admiration pour cette femme décidée et généreuse « qui parlait la langue des enfants comme d’autres parlent le chinois ! ». Emaillé d’images d’archives et d’interviews de psychanalystes et psychologues comme – Claude Halmos, Sylviane Giampino ou Catherine Vanier qui l’ont connue ou ont travaillé avec elle mais aussi d’héritiers s plus jeunes qui poursuivent son travail notamment au sein de la Maison Verte qu’elle a créée pour que parents et enfants puissent se retrouver  en présence de professionnels, c’est un documentaire passionnant. Qui montre et explique, que pour les parents, les professionnels de l’enfance, il y a eu et il y aura toujours un avant et un après Dolto.


L’enfant : un être à part entière
Avant, comme l’explique Gérard Miller dans sa note d’intention « l’enfant n’avait ni droit ni prérogative, il était considéré comme une simple ébauche, un adulte en devenir qu’on devait dompter, mais qu’on pouvait aussi bien ignorer… (…). Avant Dolto, on ne voulait en effet connaître que de l’enfant que sa naissance physique, sa venue au monde ne s’accompagnant que d’un certain nombre de besoins (boire, manger, déféquer, dormir…) qu’il fallait satisfaire plus ou moins mécaniquement. ».

Après Dolto, on a compris que l’enfant était un être à part entière à qui il fallait parler et qu’il fallait écouter. « Avec Dolto explique encore Gérard Miller, est apparue la possibilité que naisse également un autre être, reconnu comme tel par ses semblables plus âgés : du pur tube digestif auquel il était identifié, on est passé en quelques décennies à l’enfant-sujet, inscrit dans le langage avant même de le posséder, être humain à part entière et nullement déficitaire par rapport aux adultes ».

Un hommage-défense de la psychanalyse
La Révolution Dolto présente pour un large public « la vraie » Françoise Dolto et le rôle de la psychanalyse dans la façon de considérer les enfants et de se comporter avec eux.  S’il est vrai que Françoise Dolto a pu être mal comprise, le documentaire tient à rétablir le sens de ses combats et engagements. Non, elle n’a pas prôné l’enfant-roi. Non, elle n’a pas dit qu’il fallait laisser tout faire aux enfants, non elle n’a pas affirmé qu’il fallait les noyer sous un flot de paroles n’importe quand et n’importe comment… Et oui, ses idées étaient révolutionnaires … elles ont parfois choqué ou étés dénaturés mais elles ont aussi d’une certaine façon éduqué toute une génération de parents. Ces parents qui écoutaient tous les jours sur France Inter à la fin des années 70, la psychanalyste répondre aux lettres qu’elles recevaient. C’était « Lorsque l’enfant parait ». Un formidable succès radiophonique et de librairie.
Et aujourd’hui si certains encore critiquent ce qu’ils pensent (à tort) comme fruit de la pensée de Dolto, ils sont encore plus nombreux à « faire du Dolto sans le savoir » tant ce qu’elle nous a transmis de positif perdure.

A l’heure où d’aucuns opposent avec virulence neurosciences affectives et sociales et psychanalyse, comparant leurs contributions à la compréhension du développement de l’enfant et leur respectabilité scientifique, le film de Gérard Miller apparait comme une défense en règle des apports de la psychanalyse en général et de Françoise Dolto en particulier. Une bonne façon de nourrir le débat en cours.

Article rédigé par : Catherine Lelièvre
Publié le 24 mai 2018
Mis à jour le 21 juin 2018
On ne retient de Dolto que ce qui arrange ! OK, elle a dit que l'enfant est une personne et qu'il faut lui parler vrai, ce qui était révolutionnaire à l'époque. Mais, il ne faut pas oublier non plus qu'elle a tenu des propos qui sont très choquants du style qu'un enfant victime de pédophilie est un enfant qui s'est laissé faire, donc il était consentant, donc il n'a pas à se plaindre ensuite !!!! Elle a aussi dit qu'elle était contre les lois interdisant aux parents de frapper leurs enfants ! Donc, faut arrêter avec la "révolution" ou le "mythe" Dolto ! Dolto était une psychanalyste, et comme tous les psychanalystes, elle a tenu des propos très dangereux qui ont donnés aux adultes une mauvaise vision de l'enfant qui est malheureusement très tenace aujourd'hui encore en France !