Covid-19 et crèches : les enfants ne diffuseraient pas le virus

Le 17 septembre dernier, Olivier Véran, ministre de la Santé et des Solidarités, annonçait l’obligation du port du masque pour les professionnels de crèche en présence des enfants. Une mesure prise après avis du Haut Conseil de la Santé Publique. Le but : limiter au maximum les contaminations d’adulte à enfant, ce dernier étant peu actif dans la chaîne de transmission du coronavirus. Une étude rétrospective, publiée dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), réalisée au sein de deux crèches hospitalières de Seine-Saint-Denis ouvertes pendant le confinement, va encore plus loin. Elle montre que « les enfants n’ont pas participé à diffuser le virus ». On fait le point.
Retracer la circulation du virus entre du personnel soignant et des pros d’une crèche
Une étude pour le moins intéressante puisqu’elle a pris pour sujet 47 soignants des hôpitaux de Montreuil et d’Aulnay-sous-Bois, « ayant travaillé au contact direct de patients Covid ou suspects de l’être », et 44 professionnels exerçant en crèche (multi-accueil 4 maisonnettes et crèche Colombine) qui accueillaient leurs enfants, pendant le confinement. Le but de cette recherche : retracer la circulation du virus. Un questionnaire ainsi qu’un prélèvement sanguin de chaque participant ont été réalisés afin de mener à bien cette étude rétrospective. A noter que les enfants n’ont pas été prélevés. De plus, si les personnels soignants étaient dotés de masques chirurgicaux, cela n’a pas forcément été le cas des professionnels des crèches en question. Les crèches n’ont pas été fournies en masques en même temps et il n’y avait pas d’obligation à le porter.

La diffusion du virus essentiellement entre adultes
Les chercheurs pensaient que les soignants seraient plus contaminés que les professionnels de crèche. Or ce n’est pas ce qui s’est passé puisque « C’est au contraire dans le personnel de l’une des crèches qu’une épidémie est survenue », explique l’étude. Et de préciser : « cette épidémie ne s’est répercutée ni sur les parents inclus dans l’étude, ni sur la population, plus large, de l’ensemble des parents dont les enfants avaient été confiés à cette crèche sur la période d’étude. » Un point intéressant qui montre en effet que les enfants n’ont pas transmis le virus à leurs parents. C’est la plupart du temps via un collègue que le virus s’est propagé. L’étude souligne aussi que la transmission du Covid est essentiellement « survenue sur le lieu de travail, le plus souvent dans les salles de repos, souvent de petite taille, dénuées de fenêtre ou mal aérées (ouvertures bloquées pour des motifs de sécurité). »

Des résultats qui corroborent plusieurs études sur le sujet
Même si l’auteur premier de l’étude, Pauline Penot, reconnaît des limites à cette recherche (effectif faible des deux groupes suivis, le côté rétrospectif de la circulation virale, « qui fait largement reposer les hypothèses avancées sur la mémoire des participants chaque fois que le diagnostic n’a pas été confirmé par RT-PCR »…), elle fait remarquer que les résultats sont en phase avec ceux d’autres recherches. Notamment avec une étude réalisée en Finlande fin février 2020 : une enfant testée positive au SARS-CoV2 n’avait transmis le virus ni dans son école, ni dans son club de sport. Pour rappel, le 16 septembre dernier, le HCSP a précisé que « le risque de transmission existe principalement d’adulte à adulte et d’adulte à enfant et rarement d’enfant à enfant ou d’enfant à adulte. Les expositions et les transmissions surviennent principalement en intra-famille ou en cas de regroupements sociaux avec forte densité de personnes en dehors des établissements scolaires. »

La fermeture des crèches peu pertinente ?
A la lumière des résultats de cette étude, on peut donc s’interroger sur la pertinence ou non de la fermeture des crèches. Depuis la rentrée de septembre de nombreuses crèches ont fermé. Des décisions prises au cas par cas par les Agences régionales de santé. Il est certain que de nombreuses inconnues demeurent. Pour autant, plusieurs études récentes sont rassurantes sur le fait que les enfants ne participent pas à la propagation du virus (ou que très peu). Et puis, n’oublions pas qu’il n’y pas que l’aspect santé en jeu. Les avantages éducatifs et sociaux apportés par les établissements d’accueil du jeune enfant ne doivent pas être négligés. Il est donc essentiel de prendre en compte l’ensemble des facteurs et de faire un juste équilibre entre les bénéfices et les risques avant de décider ou non de la fermeture de telle ou telle crèche. 

Voir l'étude publiée dans le BEH ci-dessous
Article rédigé par : Caroline Feufeu
Publié le 05 octobre 2020
Mis à jour le 26 octobre 2020
Il vous faut rester vigilants et critiques à l'égard de ces études qui ne permettent aucune visibilité ni objectivité réelles: d'une part parce que l'analyse n'a pas concerné les enfants et que l'on sait aujourd'hui que les enfants peuvent être porteurs asymptomatiques, et d'autre part car 2 études ne justifient en aucun une généralité!! Cependant, bravo pour votre veille quotidienne en matière de Petite enfance. Ophélie Coordinatrice Petite enfance.