Le mégalérythème épidémique : une 5ème maladie à surveiller

S'il s'invite rarement chez les tout petits, le mégalérythème épidémique reste une maladie qu'il ne faut pas négliger en collectivité. Et pour cause : cette infection généralement bénigne peut être à l'origine de complications graves chez certaines populations à risque, et tout particulièrement chez les professionnelles enceintes.  Portrait de cette 5ème maladie qui gagne à être connue et prévenue avec le Dr. Sylvie Hubinois, pédiatre.
Une bonne paire de claques !
Plutôt rare chez les enfants avant 2 ou 3 ans, le mégalérythème épidémique est une infection virale due au parvovirus B19. Également connu sous le nom de 5ème maladie (le mégalérythème serait la 5èmeinfection éruptive chez l'enfant à avoir été découverte), il "apparaît généralement après quelques jours d'incubation," explique le Dr. Sylvie Hubinois, pédiatre et présidente de l'AFPA (Association Française de Pédiatrie Ambulatoire). "Les premiers symptômes de la maladie sont des rougeurs apparaissant sur les joues avec des plaques en relief, comme si on avait mis une bonne paire de claques à l'enfant," continue-t-elle. Le mégalérythème s'étend ensuite sous forme de macules légères sur les jambes et les bras, voire le torse, plus discrètement. En moyenne, l'éruption dure entre 8 et 10 jours et l'enfant peut ensuite être amené à faire des "rechutes" pendant 15 jours à 3 semaines. Pourtant, le mégalérythème ne doit pas inquiéter : généralement complètement bénin, il n'implique ni éviction, ni traitement, si ce n'est parfois l'administration d'antipyrétiques pour apaiser la fièvre.  

Le mégalérythème épidémique : une infection qu'il ne faut pas snober
Le mégalérythème épidémique doit tout de même être surveillé de près, à la crèche comme chez l'assistante maternelle. En effet, "le virus, qui se transmet généralement par la salive ou par contact avec des objets que les enfants ont mis à la bouche (et plus rarement par voie sanguine), peut être responsable d'épidémies en collectivité," rappelle la pédiatre. Le problème : non seulement l'enfant contaminé est contagieux avant le début de l'éruption, mais la maladie peut souvent passer inaperçue, donnant lieu à des éruptions atypiques ou si discrètes que le diagnostic est difficile à poser.
Et cette capacité du virus à tromper son monde est d'autant plus fâcheuse que le mégalérythème épidémique, comme bien des maladies infantiles, a lui aussi ses "populations à risques". Ainsi, "les enfants ayant des anomalies de l'hémoglobine peuvent être amenés, s'ils sont contaminés, à faire des anémies aigues," souligne le Dr. Hubinois. De plus, le mégalérythème peut avoir des effets dévastateurs sur la grossesse mettant ainsi à risque les professionnelles enceintes, mais aussi l'entourage des enfants accueillis s'ils sont amenés à fréquenter des futures mamans.

Prévention : les bons réflexes contre le mégalérythème épidémique
Une fois n'est pas coutume, la prévention reste donc la meilleure défense contre la contagion... Et quelques gestes simples peuvent faire, en la matière, une énorme différence :
• Porter une attention toute particulière au lavage des mains et utiliser une solution hydro-alcoolique régulièrement,
• Nettoyer les sécrétions nasales à l'aide de mouchoirs jetables, à disposer après usage dans une poubelle ayant un couvercle,
• nettoyer soigneusement les surfaces sur lesquelles évoluent les enfants et porter une attention toute particulière aux jouets et autres objets en contact avec les sécrétions salivaires de l'enfant (vaisselle, linge de maison, etc.)
• Limiter au maximum les échanges entre les enfants malades et les petits à risques.
• En cas de plaie, utiliser des gants jetables lors des soins et désinfecter les surfaces utilisées. En cas de contact avec du sang, laver soigneusement les mains avec du savon et de l'eau, les muqueuses avec du sérum physiologique. Toutefois, pas de panique ! "Le risque de contamination par voie sanguine est minime. À cet âge, les enfants présentent souvent des égratignures, mais rarement des plaies qui saignent et risquent d'être source d'infection," précise la pédiatre.
• Prévenir les parents des autres enfants, notamment en cas de grossesse dans la famille.
• Pour les professionnelles enceintes, limiter au maximum les contacts avec l'enfant malade, voire déléguer toute prise en charge le temps de l'éruption. Mais là encore, la pédiatre se veut rassurante : "il n'y a pas lieu de prescrire un arrêt de travail car il n'est pas rare que les futures mères soient immunisées contre la maladie. Toutefois, si un diagnostic de mégalérythème épidémique est posé, il est important de prendre rendez-vous avec son praticien qui prescrira une sérologie," conclut-elle.


Pour en savoir plus
Le site de l'AFPA  ou son site grand public :  http://www.mpedia.fr/
Le guide pratique Collectivités de jeunes enfants et maladies infectieuses


 
Article rédigé par : Véronique Deiller
Publié le 27 février 2017
Mis à jour le 17 février 2018