Le molluscum contagiosum : les pros face à une contagiosité longue durée

Parfois très impressionnant, le molluscum contagiosum n'est pourtant absolument pas dangereux pour les enfants accueillis en collectivité. Toutefois, même s'il est bénin, ce virus ne doit pas être négligé par les professionnels de la petite enfance.  En cause : sa contagiosité de très longue durée. Le point avec le Dr. Andreas Werner, pédiatre.
Le molluscum contagiosum : un virus aisément identifiable
Si un enfant accueilli est contaminé, aucun doute n'est possible... Le Molluscum contagiosum, infection virale de la famille des poxvirus (la même famille que la variole) se reconnait en un clin d'œil. En effet, « chez l'enfant, le molluscum apparaît sous forme de petites papules fermes, dont la couleur varie du rose nacré au blanc et présentent un trou au milieu. Elles ont ensuite tendance à grandir avant de disparaître quand un amas blanchâtre apparaît à l'intérieur. L'éruption peut se faire partout sur le corps », explique le Dr. Andreas Werner, pédiatre et membre de l'Association Française de Pédiatrie Ambulatoire (AFPA). Heureusement, cette infection dermatologique ne doit pas (trop) alerter les professionnelles de la petite enfance. « En effet, la maladie est bénigne, chez l'adulte comme chez l'enfant chez qui elle apparaît généralement à partir de 2 ans », continue-t-il.

Une infection à ne pas négliger
Pourtant, même s'il est sans gravité, le molluscum doit faire l'objet d'une attention particulière à la crèche ou chez l'assistante maternelle. En cause : sa longévité et sa contagiosité ! En effet, « le molluscum contagiosum peut persister pendant des mois, voire des années (6 mois à 5 ans) et se transmet par contact direct avec les lésions cutanées, »rappelle le pédiatre. Plus rarement, le virus peut aussi être contracté par contact indirect, via des objets contaminés (linge, serviettes, etc.). Or pendant toute la durée de l'éruption, les enfants sont contagieux. Résultat : une fois qu'un petit est malade, le risque de contamination des autres enfants accueillis peut durer très longtemps. Une situation d'autant plus problématique que certains enfants sont susceptibles de contracter très facilement le molluscum. « Le molluscum contagiosum contamine la couche superficielle de la peau. En se grattant, les enfants ayant de l'eczéma atopique peuvent favoriser l'auto-contagion. Ils ont alors beaucoup plus de lésions qui prennent la forme de plaques apparaissant les unes à coté des autres,» souligne le Dr. Werner.

Traiter le molluscum contagiosum  : un processus de longue haleine
Autre problème non négligeable, notamment en collectivité : les possibilités de traitement des tout - petits sont limitées. « Le virus a différents moyens d'embêter le système immunitaire. C'est pour cela qu'il persiste. Le meilleur traitement reste l'application d'une solution punctiforme sur les plaies. En créant une inflammation locale, elle attire les cellules du système immunitaire et crée une cellule mémoire contre le virus. L'organisme apprend alors à se défendre plus vite. Mais ce traitement ne fait qu'accélérer la guérison naturelle. Il n'est pas magique »tient-il à rappeler. Un enfant traité est donc contagieux moins longtemps... Mais sachant que le virus persiste en moyenne 8 mois chez les enfants non traités, les petits soignés peuvent tout même transmettre la maladie pendant plusieurs semaines. La meilleure solution reste donc la prévention.

Molluscum contagiosum : la prévention s'impose
Si un cas de molluscum est avéré sur le lieu d’accueil, pas de panique ! En la matière, le Dr. Werner se veut rassurant : « Les professionnelles ne risquent absolument rien car les adultes ont généralement tous développé des anticorps contre la maladie. Pour les enfants, il faut garder à l'esprit que le virus se transmet essentiellement par contact direct. Il est donc beaucoup moins contagieux que d'autres maladies infantiles comme la varicelle ou la rougeole. Généralement, les mesures d'hygiène habituelles sont suffisantes pour limiter la contagion ».
Toutefois, par mesure de précaution, il est important, face à un enfant malade :
- de se laver les mains aussi souvent et soigneusement que possible et d'utiliser un gel hydro-alcoolique au besoin,
- d'utiliser des gants jetables en cas de soin d'une lésion cutanée. Ces gants ne doivent pas être réutilisés et doivent être jetés avant de toucher tout autre objet,
- de laver le linge fréquemment et d'en faire un usage unique (pas d'échanges de serviettes, bavoirs, etc.),
- de suggérer aux parents de l'enfant malade, si la saison le permet, de l'habiller avec des vêtements longs, pour éviter la multiplication des contacts directs avec la peau,
- d'essayer de restreindre au maximum les contacts entre l'enfant malade et tout petit accueilli présentant un eczéma atopique. Si possible, rappeler également aux parents l'importance d'un bon traitement de l'eczéma pour éviter le sur-risque d'infection.

Pour aller plus loin :
- Le site de l'AFPA 
- Le guide pratique Collectivités de jeunes enfants et maladies infectieuses


 
Article rédigé par : Véronique Deiller
Publié le 20 février 2017
Mis à jour le 16 mai 2021
Portrait de 160589
le 09/01/2021 à 22h57

Bonjour, Merci beaucoup pour cet article. Les traitements tels que molusderm ou molutrex sont ils vraiment à éviter avant l'âge de 2 ans ? J'aimerais l'utiliser chez un enfant de 15 mois par exemple. Merci d'avance pour votre réponse.