Comment réagir devant une ingestion de produits toxiques par un jeune enfant ?

Ces accidents sont très souvent graves, avec des conséquences potentiellement mortelles en quelques heures, ou en quelques mois. Et pourtant un seul geste permettrait de les éviter : tenir les substances toxiques ou dangereuses hors de la portée des petits. En hauteur ou enfermés à double tour dans un placard.
Deux règles d’or avant toute intervention
1. Identifier le produit, estimer la quantité ingérée, l’horaire de l’ingestion, et transmettre de suite un bilan précis au SAMU.
2. Ne jamais donner à boire ou à manger : cela aggrave généralement la situation et pénalise l’avenir de l’enfant.

Quels gestes en cas d’ingestion de produits toxiques ? 
• En cas d’ingestion de liquides (eau de javel, DESTOP), il faut nettoyer la bouche et les lèvres avec un linge humide, délicatement afin de ne pas provoquer de vomissements : ne nettoyer que les lèvres au moindre signe de nausées.
• En cas d’ingestion de comprimés, de substances médicamenteuses, de substances toxiques (mort aux rats), le mieux est d’inspecter la bouche afin d’en retirer d’éventuels comprimés ou fragments non ingérés…
• Il faut bien sûr calmer l’enfant, le rassurer…
• Pour soulager les douleurs (javel, DESTOP, strychnine…), donnez du  PARACETAMOL SUPPOSITOIRES (nourrisson : 125 mg, 3 ans : 300 mg)
• Préparez tout emballage suspect, afin de le donner à l’équipe du SAMU qui doit impérativement intervenir pour ce genre d’intoxications. Les substances ingérées seront communiquées au Centre Anti Poison, permettant d’affiner la prise en charge thérapeutique hospitalière de l’enfant.

Les principaux toxiques ingérés par un jeune enfant, leurs conséquences et prises en charge
• Eau de javel, DESTOP : lésions buccales et digestives graves, voire  mortelles en quelques jours ou semaines. Le traitement sera effectué en « soins intensifs » et restera trop souvent de pronostic compliqué.
• Mort au rat : deux hypothèses selon le produit : Anti Vitamine K, créant des hémorragies en quelques heures mais ayant un antidote (vitamine K), ou Strychnine, créant une contracture  rapide des muscles respiratoires (5 à 15 minutes) et des convulsions : évolution très rapide vers l’arrêt respiratoire et cardiaque. La mortalité est en général majeure en phase pré- hospitalière, d’où l’importance de connaître les gestes de réanimation cardio respiratoire. L’administration de VALIUM en intra rectal peut être effectuée, bien que souvent d’effet trop tardif par rapport à celui de la strychnine. Seul le VALIUM  Intra Veineux (2mk/kilo en 30 minutes) administré par un médecin ou infirmière-puéricultrice aura une action salvatrice en attendant l’arrivée des secours. 
• Anti hypertenseurs, hypoglycémiants, paracétamol : ces médicaments d’action semi rapide, (action en 30 à 90 minutes), et dépendante de la quantité ingérée,  nécessitent une prise en charge médicalisée :  il faut appeler le SAMU.
• Anti dépresseurs et anxiolytiques : ces médicaments d’action semi rapide, (action en 30 à 90 minutes), dépendant de la quantité ingérée, nécessitent aussi  une prise en charge médicalisée : il faut appeler le SAMU.

A savoir : Les intoxications accidentelles (médicamenteuses, produits ménagers toxiques etc.) peuvent être d’action rapide (STRYCHNINE, somnifères, anxiolytiques, sirops anti tussifs), ou moins rapide (paracétamol, médicaments anti hypertenseurs, DESTOP). De principe, il faut considérer que l’intoxication peut avoir des conséquences mettant en jeu le pronostic vital de l’enfant (dans les minutes, l’heure où les jours à venir), et donc qu’une prise en charge médicale par le SAMU est impérative. Avant l’arrivée du SAMU, la surveillance, la mise sur le côté droit d’un enfant somnolent (position latérale de sécurité) et la mise en œuvre d’une éventuelle réanimation cardio respiratoire, restent les seules attitudes à adopter.
Par
Dr Pierre-Emmanuel Lebas, médecin-urgentiste
Publié le 06 mars 2017
Mis à jour le 07 décembre 2017