Comment réagir face à une crise d’asthme

Une crise d’asthme est souvent spectaculaire. En tout cas impressionnante. Elle peut être simple et facile à prendre en charge mais elle peut être aussi très dangereuse. C’est pourquoi il est si utile de savoir la reconnaître, l’évaluer pour adopter très vite la bonne attitude. En principe, un enfant diagnostiqué asthmatique vous a été signalé et ses parents vous ont donné son traitement au cas où…
Traiter une crise d’asthme ne s’improvise pas. 
Retenez ces 5 règles d’or pour éviter toute panique et être sûre d’adopter les bons réflexes.
  1. Il faut agir vite mais sans précipitation : ne pas angoisser l’enfant qui l’est déjà
  2. Pour agir vite et bien il faut reconnaître la crise et son degré de gravité
  3. Pour traiter vite et bien, il faut avoir les médicaments à portée de main
  4. Pour bien traiter, il faut observer l’enfant afin de détecter amélioration ou aggravation
  5. A la moindre aggravation, au moindre doute, il faut appeler le SAMU : 15 et continuer le traitement jusqu’à l’arrivée du médecin
Définir la gravité de la crise pour adopter le bon traitement
  • L’enfant siffle, tousse, parle et marche, la crise est brève (inférieure à 1 heure) c’est une crise « simple » qui répondra au traitement usuel, décrit dans le PAI de l’enfant( voir encadré) et administré avec chambre d’inhalation. En effet, les chambres d’inhalation facilitent les inhalations de sprays et permettent de manière significative une meilleure administration du traitement ; elles sont un facteur d’efficacité important dans la prise en charge de la crise d’asthme de l’enfant. Le traitement est le suivant : VENTOLINE SPRAY : 1 à 2 bouffées par kilos toutes les 10 minutes. Soit  4 à 15 bouffées toutes les 10 minutes en fonction de l’âge de l’enfant, 4 bouffées correspondant à la dose pour un nourrisson d’un an, 15 pour un enfant de 7 ans. CELESTENE  en gouttes ou SOLUPRED Dispersible  en comprimés (CORTISONE PER OS : 2mg par kilo soit par exemple pour un enfant de 10kg, 200 gouttes de CELESTENE ou un comprimé de SOLUPRED20 MG.
    A noter : les corticoïdes ont peu d’effet dans les 4 premières heures de la crise, mais ils diminuent le temps d’hospitalisation et les rechutes. Ils doivent être reconduits pendant 5 jours à la dose de 1mg/kilo le matL’enfant siffle moins, tousse moins, parle et marche peu, l’essoufflement est important (fréquence ventilatoire (FV) supérieure à 30 par minute) c’est crise « sérieuse ». Le traitement d’urgence sera identique à celui mis en œuvre pour une crise simple (VENTOLINE SPRAY et corticoïdes aux mêmes doses).   Eventuellement, en attendant l’arrivée du médecin, si les parents ont fourni un matériel d’aérosol thérapie il est judicieux de l’utiliser selon le protocole suivant : VENTOLINE aérosol : 2,5 mg par aérosol (1 dosette de VENTOLINE AEROSOL)CORTICOIDES aérosol : 400 microgrammes par aérosol (1 dosette, de BECLOSPIN).
    A noter
    : si l’infirmerie de la crèche dispose d’oxygène, il est conseillé de mettre l’enfant sous oxygène (de 3litres à 10 à litres par minute) entre les aérosols.Pendant ce premier traitement il faut appeler le médecin de l’enfant (signataire en principe du PAI) et s’il n’est pas joignable le 15.
  • L’enfant ne siffle plus, ne parle plus, ne marche plus, l’essoufflement est majeur (FV supérieure à 40/minute), devient pâle puis cyanosé, transpire, présente une tachycardie et sa pression artérielle chute : c’est une crise grave. Il faut appeler le 15 et lancer le traitement d’urgence : VENTOLINE SPRAY et Corticoïdes aux mêmes doses, puis dès que possible l’aérosol thérapie itérative VENTOLINE +CORTICOIDES ; entre les aérosols, mettre l’enfant sous oxygène 6 et 10 litres /minute. Ce traitement est à poursuivre jusqu’à l’arrivée du SAMU. 

Adopter la bonne attitude vis à vis de l’enfant
Quelle que soit le gravité de la crise, il faut isoler l’enfant, ne jamais le coucher. Le garder assis ou debout. Essayez de la calmer et de la rassurer et ne le laissez  jamais sans surveillance.
Un bébé se prend dans les bras, et un jeune enfant aussi. Il faut lui parler doucement, agir calmement mais vite !
Dans la surveillance d’une crise d’asthme, le timing et l’observation sont primordiaux. La première et quatrième heure notamment, en disent long sur les éventuelles  évolutions de la crise. La première heure notamment, si la crise d’aggrave et ne cède pas, il faut appeler le SAMU. Et la quatrième heure si la crise  s’aggrave ou reste stable, il convient aussi d’appeler le SAMU. \r\n
  • Une crise simple, ou une crise sévère, s’aggravant dans la première heure, doivent être considérées comme des crises « graves ».
  • Une crise simple, ou une crise sévère, ne cédant pas dans les 4 premières heures, sont des crises « graves ».
A savoir : 
En cas de pic de pollution signalé, évitez de sortir les enfants asthmatiques et surtout ne le faites pas faire d’activités physiques. On le sait le meilleur traitement de l’asthme c’est la prévention : prise d’un traitement quotidien, traitement des causes en cas d’asthme allergique et  éviction des facteurs aggravants (tabac et pollution).

La trousse d’urgence du petit asthmatique

Tout enfant asthmatique doit avoir sur lui son PAI (projet d’accueil individualisé) rédigé, signé par le médecin traitant. Sa trousse d’urgence doit contenir tout le matériel pour le mettre en œuvre : VENTOLINE SPRAY/CORTISONE/CHAMBRE D’INHALATION .Expliquez aux parents qu’il vaut mieux éviter les inhalateurs de type « turbuhaler » car en crise, l’enfant ne peut en aspirer le contenu ! Tout enfant présentant un asthme sévère ou grave, avec des crises fréquentes, doit pouvoir bénéficier d’aérosol thérapie rapidement, d’où la nécessité pour les parents de mettre cet appareil à la disposition des personnes qui le gardent.

Par
Dr Pierre-Emmanuel Lebas, médecin-urgentiste
Publié le 06 mars 2017
Mis à jour le 04 juin 2021