Congrès international sur la transition vers l’école : priorité à la qualité et l’équité pour l’accompagnement des jeunes enfants

Ce matin, jeudi 14 juin, s’ouvrait le deuxième congrès international organisé par l’Association Ensemble pour l’Education de la Petite Enfance (EEPE) à l’OCDE. Pendant deux jours, les 400 participants venus de 34 pays dont 62 experts sont invités à échanger sur la question de la transition des jeunes enfants vers l’école : des délégations ministérielles de pays tels que les Emirats Arabes Unis, le Canada, le Québec, la Colombie, des membres de fondations pour l’éducation des enfants, des élues françaises notamment Elisabeth Laithier, membre de l’AMF, et le délégué interministériel en charge de la stratégie de prévention et la lutte contre la pauvreté, Olivier Noblecourt.
« Ce congrès s’inscrit dans la continuité de celui de 2016, du rapport Giampino, des 17 objectifs de développement durable pour 2030 et de la stratégie interministérielle », a précisé Nathalie Casso-Vicarini, présidente d’EEPE et responsable du groupe de travail dédié à la petite enfance dans cette même stratégie. L’OCDE est un lieu symbolique puisque l’organisation s’est lancée depuis 10 ans dans des travaux pour réduire les inégalités. Voici les principaux axes de réflexion abordés. 

Miser sur la qualité de l’accueil
Les intervenants ont rappelé toute l’importance d’apporter un accompagnement de qualité aux enfants bien avant l’école. Gabriela Ramos, directrice de Cabinet du Secrétaire Général de l’OCDE et Sherpa pour le G20, a souligné qu’« il est maintenant prouvé que les 5 premières années de la vie sont très importantes car les enfants y apprennent plus vite qu’à n’importe quel autre âge ». A ce moment-là, ils n’acquièrent pas seulement des compétences langagières ou de calcul, mais surtout des compétences sociales, cognitives et émotionnelles qui leur serviront tout au long de la vie : pour réussir à l’école, suivre des études supérieures et trouver un emploi. Des facultés donc indispensables à leur bien-être et pour trouver leur place dans le monde. C’est ce qui construit des sociétés inclusives de cohésion et de tolérance.

Investir plus dans la petite enfance
D’où l’importance de bien les encadrer dès la naissance, notamment en rendant les modes d'accueil accessibles à toutes les familles. Ce qui demande de la part de chaque pays un investissement social plus important dans les politiques petite enfance. Sur ce point, Olivier Noblecourt a noté la transformation du modèle social de la France. « C’est une première historique qu’un président (Emmanuel Macron) parle de la petite enfance, des crèches et autres modes d’accueil. » En pointant la problématique principale du pays : l'offre d'accueil s'est construite à partir des besoins des familles les plus actives, car l'objectif était alors de permettre l'essor du travail féminin et une meilleure conciliation des vies personnelle et professionnelle. Or aujourd'hui, cette même offre d'accueil doit aujourd'hui être rédapatée en prenant compte des besoins des familles fragilisées, dont les enfants ont peut-être encore plus besoin de bénéficier d'un mode d'accueil formel.

Mettre en place des programmes en partant des acteurs de territoire
L’investissement social passe par la mise en place de programmes de prévention et d’évaluation des inégalités sociales. Les célèbres programmes américains comme le Carolina Abecedarian ou le Perry Preschool projet ont montré les bénéfices à long terme d’un accompagnement précoce des jeunes enfants en situation de précarité sur leur réussite future. Mais depuis très peu ont été mis en place. Une tendance qui s’améliore avec la mise de nouveaux projets, comme Parler Bambin en France. En gardant à l’esprit qu’il ne s’agit pas de s’armer de kits pédagogiques ou de calquer des programmes expérimentés ailleurs, mais d’adapter ce qui existe aux besoins spécifiques de notre population. Et comme a insisté l'écrivain et cinéaste Alexandre Jardin, il faut « réfléchir à des programmes reproductibles à grande échelle et à bas coût ». En rappelant que de nombreuses initiatives locales ou régionales sont déjà à l’œuvre, telles que l'association « Lire et faire lire » dont il est co-fondateur : des retraités qui viennent faire des séances de lecture avec les petits au sein des écoles.  

Travailler sur un continuum éducatif
C’est sur ces fondements qu’il faut penser un vrai continuum éducatif entre l’accueil des enfants de 0 à 3 ans et la prise en charge des enfants de 3 à 6 ans à l’école maternelle. Car « c'est l'école qui doit s'adapter aux enfants et non l'inverse » a expliqué Gabriela Ramos. Ici l’enjeu prioritaire est de permettre aux professionnels de l’accueil comme de l’enseignement pré-scolaire d’avoir une base commune de connaissances. Le délégué interministériel a assuré que la création de référentiels éducatifs fera partie des travaux du gouvernement. Egalité de qualifications donc, mais aussi de reconnaissance et de salaire entre les professionnels de l'accueil, de l'école maternelle, du primaire, du secondaire et du supérieur.
Article rédigé par : A.B.B.
Publié le 14 juin 2018
Mis à jour le 09 décembre 2019