Coronavirus : les assmat se mobilisent et écrivent au gouvernement

 Depuis quelques semaines, le vent gronde chez les assistantes maternelles. Parmi elles, Julie, alias Lily Myrtille et sa collègue Magalie ont choisi de se mobiliser en lançant une initiative forte : écrire et récolter des lettres d’assistantes maternelles expliquant leur situation face à la crise sanitaire afin de les envoyer toutes ensemble au Ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Veran et à sa Secrétaire d’Etat Christelle Dubos.

Magalie l’explique avec clarté sur son blog à l’attention des assistantes maternelles : « Vous rédigez une lettre à l'attention du ministère de la Solidarité et de la Santé, au stylo, de façon respectueuse. On se fiche des fautes et des tournures de phrases, mettez-y votre cœur, vos revendications, vos colères, vos doutes, votre expérience etc... Une fois que vous l'avez écrite, vous me l'envoyez à moi, à cette adresse magalimolle@yahoo.fr »

Dès l’obtention d’une centaine de lettres, Magalie et Julie les enverront au ministère des Solidarités et de la Santé. Elles envisagent même de les déposer en main propre si les lettres s’avèrent trop nombreuses.
Nous vous publions avec son accord la lettre de Julie (Lily Myrtille) et qui peut éventuellement servir d’exemple aux assistantes maternelles souhaitant participer à cette action.

« Assmat masquée, pas bâillonnée »
"Lettre à l'attention de Monsieur Le Ministre de la Santé et des Solidarités, Olivier Veran, et de Madame Christelle Dubos, Secrétaire d'Etat.
Madame, Monsieur,
Je me présente, je m'appelle Julie et j'exerce la profession d'assistante maternelle depuis 2016. Le métier d'assistante maternelle, je l'aime et je l'ai choisi. Depuis le départ, je me rends compte des difficultés de celui-ci, les embûches auxquelles nous sommes confrontés sans cesse. Être assistante maternelle en 2020 demande une force incroyable. Non, ce ne sont pas les enfants qui nous épuisent, eux nous rappellent chaque jour difficile à quel point notre métier est merveilleux. Ils sont notre force face à des parents employeurs parfois mauvais payeurs, face à une presse dénigrante sur les "nounous", face à des PMI toujours plus exigeantes sur nos conditions d'accueil au fil des années au mépris de nos droits et du référentiel national, face à Pajemploi et ses trop nombreux dysfonctionnements, face à une société sans reconnaissance. Tout le long de l'année, nous devons nous battre contre ses différents acteurs, pour valoriser et faire respecter notre métier.

Avec cette crise sanitaire exceptionnelle que subit notre pays, les assistantes maternelles ont été mises sur le devant de la scène pour permettre au pays de continuer de fonctionner. Les écoles et les crèches sont fermées, mais augmentons donc les capacités d'accueil des assistantes maternelles pour répondre aux besoins ! Les travailleurs ont besoin de nous ! Très vite, nous pensons naïvement que nous serons nous aussi, des héroïnes nationales, et qu'enfin notre profession allait être valorisée. Alors nombreuses sont celles qui ont continué leur travail, tout en faisant l'école à leurs propres enfants. Beaucoup sont tombées malades. Désinformées, abandonnées... Sans masques, sans gel, sans gants... Mettant en danger leurs vies et leurs familles. Comment se sentir en sécurité en crise sanitaire quand notre lieu de travail est aussi notre lieu de vie ? Et que pas grand monde ne se soucie de notre santé et de celles de nos accueillis. J'ai, quant à moi, fait le choix de me protéger et de cesser l'accueil. Une solution difficile à prendre, n'ayant pas de droit de retrait, refuser l'accueil est un abandon de poste. Mes employeurs pouvaient me licencier. J'ai eu de la chance, ils ont compris. D'autres collègues ont perdu leur emploi. J'ai cherché des réponses à mes interrogations auprès de ma PMI, de l'Agence Régionale de Santé, de mon médecin.
Le constat est simple : Seule. Seule face à la crise, face à l'administratif, face au virus. Une mesure de chômage partiel avec 84% pour les salariés français, mais seulement 80% pour les assistantes maternelles qui perdent déjà énormément en cette période, et que dis-je... ce n'est même pas un chômage partiel, mais une indemnité compensatoire qui ne sera pas prise en compte pour notre retraite ou nos droits au chômage. Donc pour quelles raisons valons-nous moins que les autres salariés français ? N'étions-nous pas des héroïnes nationales à continuer de s'occuper des enfants des parents qui font eux aussi tourner le pays pendant le confinement ?

La désillusion continue avec le refus du gouvernement d'une prime pour les assistantes maternelles ayant travaillé pendant le confinement. Notre métier ne vaut rien à vos yeux et malheureusement la crise l'a encore une fois démontré. Nous sommes 380 000 assistantes maternelles en France, accueillant 33.4% des enfants de moins de trois ans - 18.5% pour les crèches - et aujourd'hui, nous vous demandons de revaloriser notre métier, et de nous protéger."

 
Article rédigé par : Nora Bussigny
Publié le 28 avril 2020
Mis à jour le 28 avril 2020