Covid-19 : à Paris la santé des moins de 3 ans impactée par le 1er confinement

Les auteurs du Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH Covid-19 N° 10) ont fait le point suite aux enquêtes réalisées dans les crèches municipales, les établissements d’accueil de la petite enfance et le service de PMI, par la Direction de la famille et de la petite enfance de la Ville de Paris durant le premier confinement. Ils concluent à un impact négatif sur la santé des enfants accueillis en PMI et dans les crèches municipales à Paris, en précisant toutefois que l’effet du confinement dépend des conditions dans lesquelles il a été vécu.

Une analyse portant sur 500 enfants de PMI et 3185 enfants d’établissements d’accueil de la petite enfance (AEPE)
Les auteurs de l’étude ont réparti les familles en 4 groupes selon leur lieu de vie durant le 1er confinement : « en logement individuel habituel » et « en logement très social » pour l’enquête en PMI ; « en logement individuel habituel » et « dans un autre logement individuel » pour l’enquête en crèche. 500 enfants de 7 mois à 2 ans ont été inclus dans l’enquête de PMI et 3 185 enfants pour celle en crèches. 1 144 femmes enceintes ou ayant accouché pendant cette période étaient aussi inclues dans l’enquête PMI. 

Plusieurs questionnaires
Un questionnaire a été élaboré pour l’enquête sur les enfants de PMI (un autre concernait les femmes enceintes) avec une partie concernant les caractéristiques des familles et le vécu du confinement. Pour l’enquête en EAPE, il s’agissait d’un unique questionnaire, par voie informatique, destiné aux familles des enfants nés avant le premier confinement, similaire à celui de l’enquête en PMI. Le recueil de données relatif aux enfants était similaire dans les deux enquêtes avec les caractéristiques des familles, du logement et du nombre de personnes présentes, sur leur santé et sur l’accès à la prévention et aux soins. 

Un confinement mieux vécu dans un grand logement hors de Paris !
Dans l’enquête en établissements d’accueil de la petite enfance, les auteurs rapportent que l’absence du conjoint (6,9%), la présence d’un seul adulte dans le logement (4,6%) et un logement d’une seule pièce (2,2%) ont été des éléments qui ont rendu le 1er confinement plus difficile à vivre. L’ambiance globale dans le logement a été considérée comme « très bonne » ou « bonne » pour 74,4% des cas, principalement quand les familles étaient ailleurs que dans leur logement habituel, que le conjoint était là, qu’il n’y avait pas un parent unique et que le logement était grand (au moins 4 pièces).  
Dans l’enquête de PMI, l’absence du conjoint la présence d’un seul adulte et un petit logement d’une pièce sont des facteurs qui ont rendu le confinement difficile à vivre. L’ambiance globale dans le logement a été jugée comme « très bonne » ou « bonne » par 65,7% des cas mais le chiffre diminuait s’il s’agissait de familles en logement social.

Des troubles du sommeil même sur le long terme
Dans l’enquête en PMI, au moins 25% des parents ont déclaré un impact négatif sur leur enfant lié au premier confinement. Avec une augmentation du temps passé devant les écrans (37,4%) - alors qu’il s’agissait d’enfants de 1 et 2 ans ! -, des difficultés pour obtenir les produits alimentaires (25,4%), des modifications de l’appétit (48,6%), une apparition de troubles du sommeil (29,5%) à type de difficultés d’endormissement, des réveils nocturnes ou des cauchemars, des difficultés rencontrées dans la relation avec les enfants (24,6%) et un vécu compliqué de la vie quotidienne (52,8%) ». Dans les 5 mois suivant la fin du confinement, ces effets négatifs ont persisté pour au moins 20% des enfants, voire jusqu’à plus de 30% pour certains indicateurs (exposition aux écrans et apparition de troubles du sommeil).
Les familles en logement très social avaient encore plus de difficultés pour se nourrir, plus de troubles du sommeil chez les enfants et plus de difficultés dans la relation avec l’enfant.

Un impact différent dans les établissements d’accueil d’enfants
Dans l’enquête en établissement d’accueil pour enfants, au moins 20% des parents ont déclaré un impact négatif sur leurs enfants survenu pendant le premier confinement. Parmi ceux-ci une augmentation de 31% du temps passé devant les écrans (31%), une modification de l’appétit (17,2%), l’apparition de troubles du sommeil (25,5%), des difficultés rencontrées dans la relation avec les enfants (29,4%) et un vécu compliqué de la vie quotidienne (66,8%).
Si on compare les deux enquêtes, on voit que la perception d’une modification de l’appétit était moins fréquente parmi les tout-petits de l’enquête en établissement du jeune enfant (EEAPE) qu’en PMI. Qu’au contraire la perception d’un vécu compliqué du quotidien avec l’enfant était plus fréquente dans l’EEAPE. Concernant les troubles du sommeil la perception était similaire dans les deux enquêtes.  

Un accès au soin perturbé par le confinement
« Un retard observé dans le suivi préventif habituel (vaccin, dépistage…) » a été rapporté pour au moins 33,7% des enfants de l’enquête PMI et 21,3% des enfants de l’EEAPE. Dans l’EEAPE, les motifs de ce retard étaient : « difficultés pour avoir un rendez-vous avec un médecin » (50,4%), et « annulation du rendez-vous par le médecin ».

Les auteurs soulignent que les enfants ont aussi été exposés à des difficultés : changement de leur rythme journalier, moins de dépense physique et absence d’interaction avec d’autres enfants. Ces conséquences se sont probablement manifestées différemment selon les populations.

En conclusion, ils pointent du doigt l’impact négatif du premier confinement sur la santé des enfants vus en PMI et accueillis dans les crèches de la Ville de Paris. Impact différent selon les conditions de vie et le niveau social. Des résultats qui alimenteront les réflexions des professionnels de PMI et des crèches pour adapter leurs actions auprès du public dans les circonstances de cette crise sanitaire.

Source : BEH
Article rédigé par : Isabelle Hallot
Publié le 22 juin 2021
Mis à jour le 22 juin 2021