Des perturbateurs endocriniens présents dans l’organisme de tous les enfants

Ce mardi 3 septembre, Santé publique France a dévoilé les résultats de sa première enquête nationale visant à mesurer notre exposition à des polluants du quotidien. Le constat est sans appel : les bisphénols, phtalates, parabènes et autres substances chimiques sont présents dans l’organisme de tous les enfants et adultes.

C’est dans le cadre du Grenelle Environnement de 2007 qu’un programme de biosurveillance mené par Santé publique France a été mis en place. Il s’appuie sur l’étude Esteban qui a pour objectif d’évaluer la présence de polluants de l’environnement dans le corps humain, mieux connaître les sources d’exposition et mesurer l’importance de certaines maladies chroniques. Les chercheurs ont étudié environ 70 biomarqueurs auprès de 1104 enfants et 2503 adultes. En effectuant des prélèvements biologiques et en leur soumettant un questionnaire sur leurs caractéristiques propres, habitudes de vie et consommations alimentaires. Ces résultats constituent le premier volet de l’étude de biosurveillance réalisée en France. Deux autres volets suivront portant cette fois sur l’un sur les métaux, l’autre sur les pesticides.

Les enfants de 0 à 6 ans plus touchés que les adultes
Selon les analyses, les bisphénols (A, F et S), les phtalates, les parabènes, les éthers de glycol, les retardateurs de flamme bromés et les composés perfluorés – des perturbateurs endocriniens ou substances cancérigènes avérées ou suspectées – sont présents dans l’organisme de l’ensemble des personnes. Avec des niveaux d’imprégnation plus importants chez les jeunes enfants, concernant les trois bisphénols. Plusieurs hypothèses : ils sont plus fréquemment en contact (par la main ou la bouche) avec des produits du quotidien à risque tels que les jouets ou la peinture et avec les poussières domestiques. Et leur faible poids corporel par rapport à leur sapports alimentaires les rendraient plus fragiles que les adultes.

Alimentation, cosmétiques et aération : principales sources d’exposition
L’étude montre que l’alimentation, si elle est une vaste source d’exposition à ces substances, n’est pas la seule en cause. L’utilisation de certains produits cosmétiques et de soins accroît les  niveaux d’imprégnation des parabènes et des éthers de glycol. Enfin moins un logement est aéré, plus les niveaux d’imprégnation des perfluorés et des retardateurs de flamme bromés seront élevés.
Elle note par ailleurs que les niveaux d’imprégnation des phtalates et éthers de glycol sont à peu près les mêmes que ceux constatés à l’étranger. En revanche une diminution de l’imprégnation au bisphénol A est constatée depuis plusieurs années aux Etats-Unis et au Canada. Elle serait notamment liée à l’interdiction de l’utiliser pour la fabrication des biberons et des cannettes – remplacée par du polyphénylsulfone ou des résines de polyester.

Lancement de la deuxième stratégie nationale sur les pertubateurs endocriniens
Ces premières observations ont été publiées aujourd’hui, alors que la Ministre de la Transition écologique, Elisabeth Borne, et la Ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, signaient la deuxième stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens, présentée à l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Elle s'intègre dans le dispositif "Mon environnement, ma santé" du Plan national Santé Environnement à venir en 2020.
Parmi les principaux engagements :
  • réaliser des analyses sur des produits de grande consommation, comme les jouets destinés aux enfants de moins de trois ans ;
  • susciter des engagements volontaires des industriels et des distributeurs pour des produits sans perturbateurs endocriniens ;
  • mener une campagne de communication et créer un site internet pour informer la population sur les risques liés à l’exposition aux produits chimiques dangereux ;
  • mesurer l’imprégnation des différents milieux par les perturbateurs endocriniens et centraliser les données sur une plateforme ;
  • établir d’une liste des perturbateurs endocriniens faisant l’objet d’échanges avec les partenaires européens.


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Article rédigé par : A.B.B.
Publié le 03 septembre 2019
Mis à jour le 09 décembre 2019