Deux Fédérations d’industriels du jouet tirent le signal d'alarme

Un âne parlant, en peluche, avec des piles qui surchauffent à 100 ° C ou qui fuitent ; une charmante voiture à tirer dont la corde, trop longue, présente des risques d’étranglement ; d’amusants phoques de bain bourrés de phtalates (produits chimiques employés pour rendre le plastique plus doux et plus souple) et dont la teneur dépasse 320 fois la limite légale, absence d’adresse du fabricant ou de l’importateur bien qu’il s’agisse d’une obligation légale …

Ce ne sont que quelques exemples de jouets que l’on peut commander aisément via internet. Toy Industries of Europe (TIE) et la Fédération française des Industries Jouet Puériculture (FJP) ont publié une enquête portant sur près de 200 jouets sans marque, achetés à des vendeurs tiers sur quatre place de marché ou marketplaces en Europe (AliExpress, Amazon, eBay et Wish). Les résultats font froid dans le dos : 97 % ne sont pas conformes à la Directive européenne relative à la sécurité des jouets et 76 % des jouets testés par un laboratoire indépendant présentent des défauts qui les rendent dangereux pour les enfants dès l’âge de 6 mois !

Vendeurs sans scrupule
Les plateformes en ligne favorisent, en effet, la mise en relation de consommateurs et de vendeurs qui échappent aux contraintes de contrôle de conformité des produits commercialisés. Pour autant, en cas de signalement d’un article dangereux, les sites marchands sont tenus de les retirer de la vente. Or, selon les conclusions du rapport, « sur les quatre plateformes étudiées, deux des plateformes n'avaient envoyé aucune notification aux clients qui avaient acheté le produit défectueux ou non conforme. Après plus de deux mois, une troisième plateforme n'avait envoyé que 12 communications sur 31 jouets déclarés comme potentiellement dangereux et sans préciser pourquoi. »

Manque de responsabilité des uns et discrédit de toute une industrie
Pour les Fédérations à l’origine de l'étude, « l'absence de responsabilité des places de marché est la cause principale de ces manquements à la sécurité des produits ». Un problème d’autant plus préoccupant face à l’essor constant des achats en ligne. En outre, les professionnels du jouet déplorent que cette situation altère la confiance des consommateurs en instaurant le doute « sur toute une industrie dont l’immense majorité des opérateurs applique scrupuleusement les règles ».

Appel à l’Union européenne
C’est pourquoi, TIE et la FJP en appellent à l’UE et les gouvernements nationaux pour responsabiliser les places de marché en ligne et les amener à « accroitre leurs efforts pour éliminer la mise en ligne de produits susceptibles d’être non-conformes et dangereux. Elles sont comparables à un importateur ou à un distributeur et devraient être soumises aux mêmes règles ». Les professionnels du jouet soulignent, notamment, que « parmi les nombreuses révisions nécessaires de la Directive européenne relative à la Sécurité Générale des produits devrait figurer une exigence selon laquelle les plateformes en ligne doivent contrôler si le fabricant a mené la procédure d'évaluation de la conformité appropriée et a établi une documentation technique conforme aux exigences imposées par l'UE. »

Alerter les consommateurs
En attendant de nouvelles lois, les professionnels de la petite enfance, tout comme les familles, se doivent d’être sensibilisés au problème et averti des risques présentés par certains jouets. Pour rester vigilants, un certain nombre de questions méritent d’être soulevées avant chaque acte d’achat. Sur son site internet et ses réseaux sociaux, la FJP rappelle régulièrement au grand public les règles à suivre pour bien choisir un jouet :
•    « Sachez à qui vous achetez - regardez le nom du vendeur - est-ce une marque ou une entreprise que vous reconnaissez ? Si ce n'est pas le cas, s'agit-il d'une véritable entreprise (a-t-elle un site web, une adresse enregistrée, etc.) lorsque vous la recherchez en ligne ?
•    Demandez-vous si le jouet est une véritable bonne affaire - le prix du jouet est-il comparable à celui de produits similaires ? Le jouet que vous recherchez est-il nettement moins cher chez ce vendeur que chez d'autres ? Ces différences peuvent s'expliquer par le fait que le vendeur a réduit les coûts liés à la sécurité.
•    À l'arrivée du jouet, vérifiez que l'adresse du fabricant ou de l'importateur européen figure sur le jouet ou son emballage : il s'agit là d'exigences légales pour tous les jouets vendus dans l'UE. Le marquage CE signifie que le jouet est conforme à des exigences de sécurité sévères et précises, fixées au niveau européen. 
»

Retrouvez l’intégralité du communiqué de presse
Article rédigé par : Marie-Sophie Bazin
Publié le 19 juin 2020
Mis à jour le 19 juin 2020