Identifier différentes parties du corps
L’outil de dépistage s’appelle TEN-4 FACES P. Il spécifie les régions du corps où la présence d’une ou plusieurs ecchymoses pourrait signaler qu’un enfant de moins de 4 ans est potentiellement maltraité. Il s’agit du torse (Torse),). L’outil a été affiné pour plus de sensibilité et la recherche d’ecchymose a été étendue à l'abdomen, au dos, aux fesses et à la région génito-urinaire. Les zones de recherche comprennent également les oreilles (Ears), le cou(Neck) et la présence d’un ou plusieurs hématomes sur le corps d’un bébé de 4 mois et moins. La recherche de bleus concerne aussi le visage (FACES) et plus particulièrement la zone située au niveau du frein buccal(Frenulum), la région située entre la lèvre supérieure et la gencive et sous la langue, la région des oreilles (Auricular area) et de la mâchoire, les joues (Cheek), des yeux et des paupières(Eyes) ainsi que la conjonctive des yeux (Sclera). Le P désigne une « Patterned bruising » c’est-à-dire une ecchymose avec un motif comme une trace de main ou de dent (morsure) visible sur la peau de l’enfant.
L’étude a été menée du 1er décembre 2011 au 31 mars 2016 dans des services d'urgence de 5 hôpitaux pour enfants de Chicago. Elle a concerné 2 161 patients enfants de moins de 4 ans présentant au moins une ecchymose et a exclu ceux blessés à la suite d'accidents de la route, d'anomalies connues de la coagulation, de troubles neuromusculaires graves préexistants ou de troubles cutanés étendus graves. Les ecchymoses ont été examinées par un groupe pluridisciplinaire d’experts qui les a classées en maltraitance, simple bobo accidentel ou de cause indéterminée. Une réponse positive pour l'un de ces composants signalait un risque de maltraitance.
Un outil sensible à plus de 95 %
Le TEN-4 FACES P affiné a une sensibilité de 95,6% et une spécificité de 87,1% ce c’est à dire qu'il différencie les abus potentiels des non-abus avec un haut niveau de précision. Les ecchymoses situées sur certaines parties du corps notamment aux oreilles, au cou, à l'angle de la mâchoire, aux joues (parties charnues), au frein de la bouche et aux fesses ont été observées le plus souvent dans les cas d'abus et rarement dans les cas accidentels. Les bleus au niveau du torse, de l'oreille et du cou ont permis d’identifier correctement 81% des patients maltraités. Chez plus de 100 enfants victimes d'abus les ecchymoses se situaient au niveau de la partie charnue des joues, du dos et des oreilles. Les régions les plus spécifiques d'abus, étaient les fesses, la région génito-urinaire ou l'anus, l'angle de la mâchoire, le cou et l’existence d’une hémorragie sous-conjonctivale. Les bobos accidentels conduisaient le plus souvent à des ecchymoses au niveau des proéminences osseuses, telles que le front, le menton ou les tibias. Conformément à d'autres études, l’étude a révélé que les ecchymoses à motifs (trace de la main ou d’un objet) étaient fortement associées à la maltraitance, avec 94% des ecchymoses à motifs observées chez les patients ayant été maltraités. Les chercheurs précisent qu’il peut être plus difficile de déceler une ecchymose sur un enfant qui a la peau foncée. A l’automne 2021, l’outil devrait être décliné sous la forme d’une application.
Bien regarder la peau des bébés
Concernant les bébés : l'étude actuelle a révélé qu’une ecchymose chez un bébé de 4 mois ou moins, peu importe l’endroit du corps, était un facteur prédictif important de maltraitance.
En novembre 2019, le secrétaire d'État à la protection de l’enfance Adrien Taquet avait présenté les 22 mesures d’un plan de lutte contre les violences faites aux enfants. Ces violences sur enfants ont explosé en 2020 suite aux mesures de confinement lors de la pandémie de Covid-19.
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