Education : fini (définitivement) le coin, préférez le Time-in !

Il est encore parfois tentant d'envoyer un enfant qui s'est « mal » comporté au coin, que l'on soit parent ou professionnel. Si ce Time-out, comme l'appelle les anglo-saxons est désormais décrié et délaissé, le Time-in, l'alternative issue de la parentalité positive, serait une piste intéressante et simple à déployer, comme en concluent les résultats d'une étude américaine publiée cet été dans la revue Pediatric Reports. Explications. 

Le Time-out : une méthode dépassée
On ne le présente plus... Le Time-out, littéralement « temps mort » en français, est l'équivalent anglo-saxon de ce qui est traditionnellement considéré chez nous comme la mise « au coin ». Longtemps vue comme une alternative au châtiment corporel, cette sanction consistant à mettre l'enfant à part en cas de désobéissance ou de comportement jugé inadéquat est remise en question depuis les années 1990 et l'avènement de la parentalité positive. En cause : l'exclusion et l'isolement qu'elle implique, mais aussi l'absence de communication et de prise en compte des besoins émotionnels de l'enfant. L'alternative habituellement proposée par les tenants de la parentalité positive est le Time-in, un temps où l'enfant est accompagné et peut se reconnecter à l'adulte, partager ce qu'il ressent et ainsi s'auto-réguler. Jusqu'ici, rien de bien neuf sous le soleil éducatif... Si ce n'est qu'en plus de 30 ans, le Time-in n'a pas vraiment fait l'objet d'études permettant de l'évaluer.

Le Time-in : une pratique à évaluer...
Face à ce constat, les chercheurs du département de Psychologie de la Southern Methodist University ont conduit une étude pilote dont les conclusions ont été publiées cet été dans la revue Pediatric Reports. Menés auprès d'un échantillon très restreint de mères, ces travaux visent à ouvrir la voie à des évaluations futures de la méthode du Time-in, tout en lançant la discussion autour de cette pratique décrite comme "prometteuse", par des premières observations empiriques.

À cette fin, les chercheurs ont rassemblé 32 mères d'enfants âgés de 3 à 5 ans et ont entrepris de les former à la technique dite du Time-in. Le principe : chaque participante a été invitée à observer et à valider les émotions de son enfant, à lui proposer des outils / compétences d'auto-régulation, puis à discuter du problème avec lui après le retour au calme. Chaque mère a aussi été encouragée à donner des signes d'affection physique (prendre l'enfant sur les genoux, lui proposer un câlin, lui caresser le dos...) et à se concentrer sur l'empathie et la régulation des émotions. Après un temps de formation, les participantes ont été encouragées à s'entraîner au Time-in au laboratoire de recherches, puis à l'appliquer à la maison pendant 15 jours, en remplissant un journal quotidien de suivi de leurs pratiques.

Un plebiscite pour le Time-in !
Verdict : pendant la phase d'expérimentation, la technique du Time-in a été la plus employée par les mères, bien plus que celle du Time-out (le coin) ou des cris. Plus généralement, suite à l'expérience, les mères ont déclaré recourir plus volontiers aux méthodes de renforcement positif qu'aux méthodes négatives (privation de privilèges, fessée, etc.). Elles ont également estimé que le Time-in était non seulement simple à apprendre et à pratiquer, mais qu'il avait permis une amélioration du comportement de leur enfant et des interactions parent-enfant, voire qu'il avait été le point de départ à une réflexion plus globale sur leur parentalité. Satisfaites, les participantes ont conclu qu'elles continueraient à utiliser cette technique au quotidien en-dehors de la phase d'expérimentation. 


Source : Holden, G.W.; Gower, T.; Wee, S.E.; Gaspar, R.; Ashraf, R. Is It Time for “Time-In”?: A Pilot Test of the Child-Rearing Technique. Pediatr. Rep. 2022, 14, 244–253. https:// doi.org/10.3390/pediatric14020032
Article rédigé par : Véronique Deiller
Publié le 22 août 2022
Mis à jour le 13 janvier 2023