Etiquettes de cosmétiques pour bébés : comment les décrypter


Avec une actualité qui incite à la méfiance, le décodage des listes d’ingrédients devient indispensable. L’exercice peut paraître fastidieux mais il est le seul à renseigner précisément sur la composition du produit. En toute objectivité. Sans alarmisme anxiogène, mais avec des informations impartiales qui vous permettront de choisir ou de conseiller aux parents en toute connaissance de cause.

 
Immature, la peau d’un bébé est plus perméable aux cosmétiques qu’on y applique. Celle d’un nouveau né absorbera trois fois plus de substances chimiques que celle d’un adulte. Or on a tendance à y appliquer trop de produits cosmétiques. C’est pourquoi il faut choisir ses produits avec grand soin. Après la parution du rapport inquiétant « Cosmétiques pour bébés : encore trop de substances préoccupantes » par l’ONG WECF France (Women in Europe for a Common Future) le 15 février dernier (seul le liniment trouvait grâce à leurs yeux !), nous avons jugé utile de vous donner nos règles d’or pour décoder ces fameuses listes d’ingrédients qui figurent obligatoirement sur les étuis ou flacons des produits cosmétiques (dites listes « INCI » pour International Nomenclature of Cosmetic Ingredients).

La législation européenne : l’une des plus contraignantes

Tout d’abord, gardez présent à l’esprit que la législation cosmétique européenne est une des plus exigeantes au monde. Son principe fondateur est qu’un cosmétique ne doit pas nuire à la santé humaine, et ses dispositions, dont certaines sont très contraignantes pour les industriels, vont toutes dans le même sens : garantir la sécurité des consommateurs. La réglementation est encore plus drastique dès lors qu’il s’agit de produits cosmétiques pour bébés, sujet « sensible » entre tous. Malgré tout, nombre des ingrédients que nous vous conseillons d’éviter sont encore autorisés car ils n’ont pas apporté la preuve formelle d’un « danger avéré ». Dès lors, les marques peuvent donc toujours s’abriter derrière l’argument « ils sont autorisés, donc ils ne sont pas nocifs ». Le processus étant souvent long entre la suspicion de toxicité et la traduction dans les textes officiels, rien ne vous empêche d’anticiper sur la règlementation et d’adopter le principe de précaution. Ce que d’ailleurs certaines marques font.

Décodage, mode d’emploi
Commencez par prendre une loupe (les ingrédients sont souvent écrits en tout petit). Si vous maîtrisez l’anglais, c’est un plus car la plupart des noms sont mentionnés en anglais.

• La totalité des ingrédients est listée par ordre décroissant de concentration. Les trois premiers ingrédients sont donc ceux qui composent majoritairement le produit cosmétique. Très souvent le premier ingrédient est Aqua (eau). Plus on descend dans la liste, moins l’ingrédient est dosé. Vous devrez aussi être attentive aux ingrédients de fin de liste où se nichent la plupart des allergènes (conservateurs, molécules aromatiques des parfums de synthèse ou des huiles essentielles…).
• Surveillez particulièrement les conservateurs. Un cosmétique pour bébé ne doit contenir aucun parabène, ni Piroctone Olamine, Triclosan ou Triclocarban, encore moins de MIT (Methylisothiazolinone) ou MCI (Methylchloroisothiazolinone ).  
• Les ingrédients végétaux sont facilement repérables car ils sont mentionnés en latin (nom botanique de la plante), parfois suivis entre parenthèses de leur nom commun anglais et de la partie de la plante. Exemple pour une huile de graine de tournesol : Helianthus annuus (Sunflower) seed oil.
• Pour les ingrédients chimiques c’est le nom anglais qui prévaut. Ainsi le nom INCI de l’acide sorbique (un conservateur) est Sorbic acid.
• Méfiez-vous des noms INCI qui commencent par des initiales, telles que PEG, PPG, BHT, BHA, SLS, EDTA… des composants éthoxylés, au processus de fabrication polluant, qui ne sont bons ni pour la peau, ni pour l’environnement. Pistez particulièrement l’EDTA, un agent chélateur qui piège le calcaire, très présent dans les produits moussants (shampooings et bains), tout comme les sulfates (Sodium Lauryl Sulfate, Sodium Laureth Sulfate, Sodium Myreth Sulfate ou Lauryl Sulfate), des tensioactifs moussants potentiellement irritants pour la peau des bébés.
• Ecartez les huiles ou cires minérales (INCI : Paraffinum Liquidum, Petrolatum, Paraffin, Cera Microcristallina…), issues de la chimie du pétrole, qui ont tendance à empêcher la peau de respirer (elles sont occlusives) et ne sont pas écologiques.
• Idem pour les parfums qu’il vaut mieux éviter dans les cosmétiques pour bébés, même s’il est dit « hypoallergénique » ou « d’origine naturelle ». Repérez la mention INCI Parfum, Aroma ou Fragrance, parmi lesquels se trouvent (en fin de liste) les 26 molécules aromatiques allergènes listées par la directive européenne.
• Préférez les produits sans colorants. Ces derniers, mentionnés sous leur numéro Colour Index (CI) suivi de 5 chiffres, à la fin de la liste INCI, sont absolument inutiles en règle générale et encore plus dans un cosmétique pour bébé qui se doit d’être neutre, donc non coloré.
• Attention aux perturbateurs endocriniens au premier rang desquels certains filtres solaires synthétiques (Benzophenone-2, Benzophenone-3, Benzophenone-4, Benzyl salicylate, Ethyl cinnamate, Ethylhexyl methoxycinnamate, Isoamyl methoxycinnamate, 4-methylbenzylidene camphor), certains conservateurs, les phtalates (Diethyl phtalate dans les parfums)… Ces substances qui peuvent affecter le système hormonal sont particulièrement nuisibles pendant la petite enfance.
A savoir : moins il y a d’ingrédients dans un cosmétique pour bébé, mieux c’est ! Les formules doivent être courtes et les plus neutres possibles.

 

Faut-il se tourner vers les produits bébés bio ?

Les cosmétiques bio ne sont pas non plus la panacée universelle. Ainsi, ils n’interdisent pas les sulfates qui ne posent pas de problèmes sur un adulte n’ayant pas la peau fragile, mais sur un bébé si. On peut aussi y trouver des allergènes, liés aux molécules aromatiques des huiles essentielles, ainsi que de l’alcool. Mais, dans l’ensemble, les cosmétiques spécifiques bébés ont moins de composés problématiques (pas de MIT, d’huiles minérales, de parabènes etc …), ne serait-ce que parce qu’ils utilisent le moins d’ingrédients chimiques possibles. Enfin, à propos de leur conservation, luttons contre une idée reçue. La cosmétique bio est soumise à la même règlementation que la cosmétique conventionnelle, à savoir une durée de vie égale ou supérieure à 30 mois dès lors que le produit n’est pas ouvert (et si elle est inférieure à 30 mois, l’emballage doit indiquer une Date Limite d’Utilisation : DLU). Si la durée de vie est supérieure à 30 mois, c’est la PAO (Période Après Ouverture) qui fait loi quand vous ouvrez votre cosmétique. Le symbole est un petit pot ouvert avec une date en mois (par exemple 6M = 6 mois).

 

Article rédigé par : Ariane Lefebvre
Publié le 03 mars 2016
Mis à jour le 01 octobre 2020