Etude COVID-19 : les 0-5 ans moins contaminants que les adultes

Une étude portant sur 25 381 allemands âgés de 0 à 100 ans, testés positifs au COVID-19 vient d’être publiée dans la revue Science. Elle a permis d’évaluer l’infectiosité selon différents groupes d’âge, en fonction de la gravité des symptômes et la présence ou non du variant britannique B.1.1.7. Point intéressant : l’étude fait ressortir que les enfants entre 0 et 5 ans ont des charges virales plus faibles.

Le nombre de reproduction ou R0 est une donnée essentielle pour estimer combien de personnes infecte une personne malade du COVID-19 mais elle n’est pas suffisante pour connaitre le degré d'infectiosité entre individus ou groupes d’individus tels que les sujets pré-symptomatiques, asymptomatiques et légèrement symptomatiques (PAMS). L’infectiosité et la durée pendant le virus est excrété diffèrent suivant les personnes. Pour mieux comprendre et estimer l'infectiosité de groupes spécifiques de personnes, une équipe de chercheurs allemands a analysé les échantillons de tests PCR de plus de 25 000 personnes positives au COVID-19 pour quantifier leur «charge virale». La charge virale fournit une estimation de la quantité de virus présente dans la gorge d'un patient. Pour affiner leurs estimations, les scientifiques ont également appliqué les résultats concernant le seuil de charge virale minimal requis pour l'isolement du SRAS-CoV-2 en culture cellulaire.

Des charges virales plus basses chez les 0-5 ans
Les scientifiques ont séparé les personnes en plusieurs groupes : les jeunes (âgés de 0 à 20 ans et qui ont été divisés par tranches de 5 ans), les adultes (20-65 ans) et les personnes âgées (plus de 65 ans). Les résultats montrent que les plus jeunes ont une charge virale moyenne inférieure à celle des adultes, la différence diminuant régulièrement de -0,50 (-0,62, -0,37) pour les plus jeunes (0-5 ans) à -0,18 (-0,23, -0,12) pour les adolescents plus âgés (15-20 ans). Les charges virales les plus faibles ont été retrouvées chez les très jeunes enfants (de 0 à 5 ans). Les jeunes sujets PAMS ont des charges virales plus faibles que les sujets PAMS plus âgés. Il n’y a pas  de différence notable dans les niveaux de charge virale parmi les individus positifs au SRAS-CoV-2 âgés de 20 à 65 ans. Les chercheurs ont noté une augmentation de la charge virale avec l'âge qui se rapproche des niveaux adultes chez les enfants plus âgés et les adolescents. Les scientifiques ont précisé que «les différences de charges virales observées chez les plus jeunes enfants sont, en fait, à peine en dessous du seuil auquel nous les considérerions normalement comme cliniquement pertinentes » et souligné que les prélèvements qui portent souvent des charges virales plus élevées, sont rarement prélevés sur de jeunes enfants en raison de la douleur et du manque de coopération. Et que le volume d’un écouvillon pédiatrique est inférieur à celui d’un écouvillon pour les adulte et collecte moins de la moitié de la quantité d'échantillon normalement disponible pour les tests PCR.

Des niveaux d’infectiosité chez les 0-5 ans correspondant à 80% de ceux des 20-65 ans
Les chercheurs ont comparé le degré d’infection des cultures cellulaire et estimé que les plus petits étaient moins infectants que les adultes. Comme précédemment, les valeurs des enfants et des adolescents d'âge scolaire se rapprochent des valeurs des adultes. Les infections chez les enfants avec peu de symptômes peuvent ne pas avoir été détectées  ou plus tardivement ce qui entraîne une baisse des charges virales positives lors du test.

Des charges virales très élevées même chez des personnes asymptomatiques
Les personnes qui ont été hospitalisées avaient une charge virale plus élevée que les autres  tout le long de la maladie. Les chercheurs estiment que les personnes positives au SRAS-CoV-2 ont un pic de charge virale dans la gorge 1 à 3 jours avant l'apparition des symptômes.
Chez 9% des personnes positives les charges virales étaient très élevées et plus d'un tiers d’entre elles n'avaient aucun symptôme ou seulement des symptômes bénins. Une minorité est donc à l’origine de la majorité des infections d’où l’importance des mesures barrières.

Le variant britannique plus contagieux
Les charges virales des personnes infectées par la variante B.1.1.7 britannique étaient multipliées par 10 et le degré d’infectiosité par 2.6. Ce qui fait dire aux chercheurs que le variant britannique est  plus infectieux que les autres variants.

Source: « Estimating infectiousness throughout SARS-CoV-2 infection course”

 
Article rédigé par : Isabelle Hallot
Publié le 27 mai 2021
Mis à jour le 14 juin 2021