Jouer avec des gommettes, quel plaisir pour les petits !

Les gommettes, ça se détache, ça colle aux doigts, ça tombe par terre, ça se saisit entre le pouce et l’index, ça se chiffonne, et finalement, ça se dépose sur une surface plane en appuyant pour qu’elle tienne bien. Pas si simple. Alors, avant les activités graphiques et logiques à base de gommettes, comment permettre aux plus jeunes de bien jouer avec ?
Du point de vue des adultes, les gommettes sont des outils pédagogiques qui marquent l’entrée aux portes de l’école maternelle. Il est tellement rassurant pour des parents de voir leur enfant rester assis à une table, coller en s’appliquant, commencer à trier par couleur, par forme et par taille. Pour sa part, l’enfant ne sait pas à quoi peuvent servir ces tâches de couleur, souvent rondes, alignées sur une feuille. L’expérience lui apprendra qu’elles sont détachables et que leur destin est d’être repositionnées sur une seconde surface.

Les bébés et leurs premières gommettes
Détachez vous-même une grande gommette et tendez-la à un bébé âgé entre 12 et 18 mois. Soit il la porte directement à la bouche et il est souhaitable de reporter votre proposition de quelques semaines ; soit il s’amuse déjà avec ce petit bout de couleur au bout du doigt, y compris dans un jeu d’échange entre lui et vous. Une ou plusieurs gommettes peuvent circuler de votre main à celle de l’enfant, pour le plaisir de suivre des yeux, d’attraper, de pointer, de nommer.
Un autre jeu possible en section de bébés : avant ou devant eux, collez des gommettes sur une grande feuille posée au sol. Montrez-leur le chemin ainsi formé en tapotant sur chaque gommette, action que certains imiteront avec plaisir. Vous pouvez rajouter des bruitages et des rythmes, genre tip-tip-tap, tip-tip-tap. Vous pouvez aussi raconter l’histoire d’une mouche qui vole et se pose sur une tâche de couleur ou d’une fourmi qui avance pas à pas et fait une pause sur chaque rond. Lorsqu’un enfant essaye de décoller une gommette, y compris en arrachant un bout de papier, laissez-le aller jusqu’au bout de sa tentative. Considérez la feuille remplie de gommettes comme un terrain de jeu propice aux essais et aux interactions !

Dés 18 mois, gommettes à volonté !
Une fois que les enfants ont testé les possibilités de les détacher de leur support, ils s’intéressent au sort destiné à ces pastilles de papier. De leur propre initiative ou par imitation, les enfants de plus de 18 mois sont contents de reposer aussitôt les gommettes décollées sur une surface de leur choix : sur les mains, le visage, leurs vêtements et, pourquoi pas, sur une feuille. Cette étape mobilise non seulement les capacités de motricité fine, avec la pince pouce index, mais aussi celles d’attention visuelle soutenue.
Tout professionnel, en accueil individuel ou collectif, se pose des questions de méthode. Faut-il donner une planche (ou demi-planche) de gommettes à chaque enfant ? Cette activité peut-elle se faire autrement qu’assis à table ? Faut-il nommer et faire nommer les couleurs ? Faut-il des feuilles vierges ou avec un dessin dessus ? Que dire s’il y a plus de gommettes sur la table que sur la feuille ? Voilà une série de questions pleinement pédagogiques qui peuvent susciter des débats riches en réflexion et en concertation. Toutes les réponses qui se situent et du côté du respect de l’enfant et du besoin de jouer sont les bonnes. Souvent, c’est l’observation au cas par cas, qui guide l’accompagnement adapté à la personnalité : un enfant vous supplie du regard de détacher la gommette avant qu’il la colle, pourquoi s’empêcher de répondre  à sa demande de collaboration ? Un jour viendra où il n’aura plus besoin de vous.
Pour un groupe d’enfants âgés de plus de 18 mois, une bombonne d’eau (vide) de cinq litres ou un carton d’emballage recouvert de plastique transparent (papier à couvrir les livres) offrent des supports de jeu collectif qui peuvent être laissés en libre accès, autant pour décoller que pour coller. Dès qu’un des enfants manifeste le besoin de préserver ce qu’il vient de coller, il suffit de lui proposer un support individuel : feuille, rouleau de carton, petite boite, petite bouteille plastique, gobelet, couvercle etc.

A partir de 2 ans, des consignes … avec modération
À partir de 24 mois, les enfants, de plus en plus à l’aise avec l’art de coller, décoller et recoller, apprécient de disposer d’une variété de couleurs mais aussi de formes et de dimensions. Même sans intervention de l’adulte, les motifs géométriques peuvent leur donner envie d’aligner les gommettes de leur choix selon des règles invisibles. Difficile de savoir s’ils les ordonnent intuitivement ou de manière intentionnelle, mais notre rôle est de respecter leur démarche, y compris lorsqu’elles ne correspondent pas à notre logique d’adulte. Par exemple, un enfant peut s’obstiner avec soin à superposer gommette sur gommette plutôt que les aligner. De même, un enfant peut se focaliser sur une règle qu’il s’impose par goût et par plaisir : que les bleues, toujours sur le trait, tout au bord, etc
En petit groupe, vous pouvez formuler aux enfants des invitations à jouer, avec ou sans modèle, selon votre style d’animation : gommettes plus brins de laine à fixer sur un support horizontal ; gommettes plus photos de catalogues à faire tenir sur un support vertical ; gommettes plus bande de carton remplie de trous faits à la perforeuse.
Pour la plupart des professionnels, la tentation d’enrichir le jeu et de stimuler l’intelligence des enfants avec des consignes est réelle : colle autour de, mets à l’intérieur de, change de couleur à chaque fois que, colle sur la même ligne que, cherche le bleu, … Pourquoi pas, à condition de rester dans la simple suggestion et de laisser chacun y répondre … ou pas ! Une règle d’or avec les jeunes enfants, tant qu’ils ne sont pas dans le circuit scolaire : la fantaisie doit toujours primer sur l’exécution. Inutile d’insister en disant : regarde bien, ce n’est pas comme ça, etc. Lorsque la consigne prendra du sens pour un enfant, il saura vous demander votre avis et votre aide. Tout autant, un enfant qui a le projet personnel d’offrir son tableau de gommettes à quelqu’un saura vous le signifier.

Des gommettes oui, mais pas pour travailler !
Avant de placer les gommettes à l’intérieur sans dépasser, de les aligner en suivant un trait, de respecter une alternance de couleurs (initiation aux algorithmes !), les tout-petits ont besoin de se sentir libres et créatifs avec ces touches colorées au bout des doigts.
Même si la table offre un cadre pratique pour les activités ludiques calmes comme les gommettes, inutile d’imposer la station assise. Certains enfants aiment rester autour de la table mais trouvent la position debout plus confortable. D’autres apprécieront d’aller coller les gommettes un ou deux mètres plus loin, sur une feuille affichée sur un chevalet ou un mur.
Un dernier exemple de jeu éloigné des tentations du scolaire, pour les 18-36 mois, car il sollicite l’activité physique et pas seulement la motricité fine : après avoir donné une gommette à chaque enfant, nommez la partie du corps sur laquelle la coller : le coude, la jambe, le nez, etc.
Que la proposition de départ soit plus ludique ou plus pédagogique, elle suscite souvent de l’enthousiasme chez les tout-petits qui regardent la gommette comme un minuscule jouet. Il est rare qu’ils se découragent et, à force de maladresses de préhension et d’efforts d’attention visuelle, ils finissent souvent par tirer profit de ces pastille colorées.

Quelles gommettes choisir ?
La dimension des gommettes est de moins d’un centimètre jusqu’à quatre cm environ. Avant 2 ans, privilégier les maxi-gommettes.
Toutes les gommettes ne sont pas autocollantes. Certaines tiennent après les avoir humidifier, sur une éponge ou avec la langue : à éviter avant 3 ans.
Toutes les gommettes adhésives ne sont pas repositionnables. Selon la qualité, elles peuvent ne pas résister à l’arrachage. Qu’importe, les gommettes manipulées par les tout-petits ne sont pas faites pour durer.
Les gommettes se déclinent dans toutes les couleurs, mates, fluos ou métallisées. Pour commencer, une à quatre couleurs (de base) suffisent bien.
Les gommettes sont en papier ou en mousse. Les plus écologiques sont en papier recyclé, avec de l’encre à l’eau. C’est toujours mieux.
Les formes géométriques sont complétées par des gommettes représentatives sur tous les thèmes de la vie quotidienne et de l’univers imaginaire, À proposer progressivement, après 2 ans et demi.

Que penser des kits de gommettes

Lorsque les parents découvrent les kits et les livrets vendus dans les rayons de loisirs créatifs et de produits parascolaires, ils ont sous la main, en toute occasion, un matériel ludique facile à utiliser et un support visuel agréable à afficher. Ils y voient aussi une possibilité de solliciter l’observation visuelle, la motricité fine et l’intelligence de leur enfant. Malgré leur aspect formel, les cahiers de gommettes (appelées aussi stickers) ouvrent une porte à l’imagination et aux connaissances, tant les thèmes déclinés par les éditeurs sont variés : animaux, transports, saisons, paysages, personnages, contes, etc. Il en existe même pour s’initier aux œuvres d’arts dans les musées.
 

Article rédigé par : Fabienne-Agnès Levine
Publié le 23 avril 2018
Mis à jour le 19 juin 2018