Exposition des enfants de moins de 3 ans aux écrans : les recommandations mieux suivies quand l’enfant est accueilli en crèche

Parmi les différents résultats pluridisciplinaires de l’étude Elfe dévoilés cette semaine, l’étude présentée par Jonathan Bernard chercheur en épidémiologie à l’Inserm a retenu notre attention. Elle concerne le suivi des recommandations portant sur l’exposition aux écrans des enfants de moins de 3 ans. Dans l’ensemble le suivi des recommandations est faible et dépend de nombreuses variables familiales. Il est toutefois meilleur quand l’enfant est gardé en crèche.  

La majorité des études montre qu’une exposition excessive et non encadrée des enfants aux écrans présente un risque pour sa santé : surpoids, problèmes de sommeil ou troubles du langage et du comportement. Pour limiter l’impact néfaste des écrans, des recommandations ont été émises à destination des parents les incitant par exemple à ne pas exposer les enfants aux écrans avant l’âge de 2 ans. À partir de l’âge de 2 ans, on leur conseille de limiter l’utilisation des écrans à une heure par jour au maximum, d’adapter les programmes à l’âge de l’enfant et de l’accompagner dans l’usage des écrans. Le scientifique de l’Inserm rappelait qu’en moyenne le temps d’écran est de 45 mn à deux ans, un temps qui concerne principalement la télévision.  10% en revanche des enfants de deux ans dépassent les deux heures d’écran par jour.

Seuls 13,5 % des foyers suivent les recommandations
Pour la première fois, l’étude Elfe sous l’égide de Jonathan Bernard chercheur en épidémiologie à l’Inserm, a étudié ce suivi des recommandations sur une cohorte de 13 117 enfants à l’âge de 2 ans et extrapolée à l’ensemble de la génération d’enfants nés en 2011(début de l’étude). Ces recommandations sont peu suivies. En effet « seuls 13,5 % des foyers suivaient la recommandation de ne pas exposer les enfants aux écrans à l’âge de 2 ans ». Plus dans le détail, les chercheurs ont cherché à connaitre l’influence des caractéristiques familiales, des activités de loisirs des parents et de leur propre exposition aux écrans sur le suivi des recommandations.

Un suivi variable d’une famille à l’autre
Les recommandations sont deux fois moins bien suivies chez les parents séparés comparé aux parents vivant ensemble. Même constat concernant le niveau d’études puisque les recommandations sont mieux suivies  et supérieure à la moyenne de l’étude (taux à 17,1%) quand un des deux parents a un bac + 3 plutôt qu’un niveau inférieur au bac (11.2%) ou un bac/bac +2(11.5%). L’âge de la mère influe également : les recommandations ont davantage d’adhésion quand la mère a plus de 40 ans (18.1% de suivi) que si elle a moins de 30 ans (taux de suivi à 11.5%). Les parents qui s’adonnent à la lecture sont plus enclins à suivre les recommandations que ceux dont le loisir est davantage orienté « écrans » ou qui sont attirés par les écrans. Plus les parents utilisent les écrans moins ils suivent les recommandations. Dans les foyers plus défavorisés, le suivi des recommandations est faible et ce quel que soit le temps d’écran des parents. L’origine des parents impacte aussi le suivi des recommandations. Ceux nés hors de France ne suivent qu’à 9% les recommandations.

L’influence du mode d’accueil sur le suivi des recommandations
Le suivi des recommandations à deux ans, quand les grands parents gardent les enfants est plus faible (9%) que lorsque les enfants sont gardés par les parents ou les assistantes familiales (13%).  Ce suivi des recommandations passe à 15/16% quand les enfants sont gardés en crèche. Le chercheur l’explique par le fait qu’il n’y a pas d’écran en crèche et que les professionnelles de la petite enfance font passer le message de promotion de la santé auprès des parents quand elles les croisent le matin et le soir.
L’étude elfe, une mine d’informations sur la manière dont les enfants grandissent en France
Elfe est la première étude longitudinale française d’envergure nationale consacrée au suivi des enfants, qui aborde les multiples aspects de leur vie sous l’angle des sciences sociales( démographie, famille, socialisation-éducation, économie, précarité), de la santé(périnatalité, sommeil, accidents et traumatismes, asthme, maladies respiratoires et allergies, recours au soin, maladies infectieuses, santé mentale croissance et puberté) et de l’environnement(exposition aux polluants de l’environnement, exposition physiques). Plus de 18 000 enfants nés en France métropolitaine en 2011 ont été inclus dans l’étude pour une durée de 20 ans.

Source : conférence de Presse du 6 octobre 2022 Etude Elfe  Comment les enfants grandissent en France - De nouveaux résultats

 
Article rédigé par : Isabelle Hallot
Publié le 07 octobre 2022
Mis à jour le 17 avril 2023