A Montluçon, la crèche familiale expérimente déjà le nid maternel

Le texte n’est pas encore publié au Journal Officiel, mais cela fait partie des expérimentations prévues par la réforme des modes d’accueil… peu importe, Montluçon n’a pas attendu et vient de s’engager depuis le 7 février dans un projet de nid maternel : une crèche familiale fonctionnant comme une MAM. Une première évaluation de ce projet.

 
Redynamiser la crèche familiale
« C’est en juillet que l’idée a germé, explique Michelle Signoret, EJE, responsable petite enfance-accueil familial de la ville de Montluçon. Le système du nid maternel me semblait répondre aux attentes des assistantes maternelles. La crèche familiale existe depuis près de 30 ans mais depuis 2013, il y a eu beaucoup de départs à la retraite et on peinait à recruter alors même que ce mode d’accueil est plébiscité par les parents ».
La crèche familiale regroupant 7 assistantes maternelles, bientôt 8 et accueillant 17 enfants, fonctionnait jusqu’alors comme toute crèche familiale avec des temps communs environ 2h tous les matins dans un beau et vaste local rue Victor Hugo. Et avec un accompagnement par trois pros (une infirmière et deux EJE). « Mais, poursuit Michelle Signoret, je sentais qu’il fallait la redynamiser, la redéployer que les assistantes aspiraient à  travailler autrement, à plus sortir de chez elles, voire à ne pas travailler à leur domicile ». D’où, en voyant les nouvelles possibilités offertes par la réforme, l’envie de s’engager dans un projet de nid maternel. Ce qu’elle a proposé aux élus qui l’ont suivie.  Manuela De Castro de Alvès, adjointe chargée de la petite enfance  explique : «  c'était aussi pour nous une façon de soutenir le travail des assistantes maternelles, et ce projet est aussi arrivé au moment où l'on s'interrogeait face à la pénurie d'assistantes maternelles. Le nid maternel s'inscrit donc dans le projet petite enfance de la ville ». La PMI et la Caf avec qui les premières réunions ont eu lieu dès le mois de juillet, ont également accueilli le projet favorablement.

Un projet réfléchi en amont, préparé où rien n’a été imposé
Le projet n’a donc pas été improvisé mais préparé en concertation avec la directrice de la crèche familiale, Julie Magnan, infirmière puéricultrice et les assistantes maternelles salariées de la crèche. Mais avec aussi la mairie pour procéder à quelques réaménagements des locaux : une vaste salle de motricité, des petites pièces adjacentes, une grande cuisine et une salle de bains. « Il a fallu, explique Julie Magnan, prévoir des espaces sommeil et des espaces repas qui n’existaient pas. Nous avons aussi, en collaboration avec les assistantes maternelles, décidé de garder des espaces cocooning pour les temps du matin et le soir car notre grande salle très bien équipée pour des temps de motricité est un peu impressionnante. » Et avec la PMI, bien sûr, qui a donné un agrément pour l’accueil de 16 enfants à cette MAM un peu particulière  puisque que  contrairement aux autres, cette MAM  a une « patronne », en l’occurrence Julie Magnan, qui accompagne les professionnelles dans l’exercice de leur métier, en est la référente et assure le fonctionnement du nid maternel. C’est elle qui a établi les plannings car pour respecter l’agrément il a fallu opter pour un système de roulement. Le nid maternel accueille des assistantes maternelles 2 jours par semaine, et d’autres assistantes maternelles, les trois autres jours de la semaine. Un planning fixe pour sécuriser les enfants, les parents et les pros. Si toutes les assmat étaient partantes, il a fallu convaincre certains parents. Pour eux, en effet, selon les jours où leur assistante maternelle va au nid, il s’agit d’accompagner leurs enfants et de venir les chercher à la crèche familiale (ce qui n’arrivait jamais avant). Et il a fallu leur expliquer aussi que des repas et des temps de sieste ne se feraient plus au domicile de leur assistante maternelle. Mais finalement tous ont été d’accord pour tenter l’expérience.

Top départ le 7 février, des assistantes maternelles conquises !
Depuis le 7 février, le nid maternel fonctionne. De 7h45 à 19h, même si l’agrément est pour une plus large amplitude horaire allant de 6h30 à 19h. Évidemment, il est un peu tôt pour tirer un premier bilan de l’expérimentation. Néanmoins tous les clignotants semblent au vert. Et surtout rien n’est figé : « Au fur et à mesure, nous modifions certaines dispositions. Par exemple nous avons déjà transformé une petite salle zen en dortoir pour une meilleure qualité de sommeil des enfants et interchangé le dortoir des petits et des grands… Nous avons réfléchi en amont et continuons de réfléchir pour améliorer la qualité d’accueil et la qualité du travail des assistantes maternelles. C’est une dynamique », explique la directrice.  
Et tout se passe bien, les enfants ont parfaitement compris qu’ils pouvaient passer deux jours au nid et trois jours chez leur assistante maternelle, ils ne souffrent pas de cette alternance qui aurait pu les déstabiliser.
Jessica Boulahrouz, assistante maternelle, agréée depuis un an est devenue salariée de la crèche familiale en novembre 2021. Elle raconte : « Je connaissais le projet et c’est ce qui m’a motivée pour postuler. Je suis trois jours à la crèche et deux jours chez moi. Quand je suis à la crèche, je suis moins isolée,  j’ai le soutien de mes collègues et de ma hiérarchie. Quand je suis à mon domicile, c’est plus calme, avec des temps plus individualisés et c’est très bien. Les enfants (18, 16 et 10 mois) se sont bien habitués. Leurs parents aussi. »
Même sentiment du côté de Carole Rochelet, assistante maternelle à la crèche familiale de Montluçon depuis 19 ans, en charge actuellement d’enfants de 3 ans. Elle aussi est au nid maternel 3 jours par semaine : « Je travaille chez moi le mercredi et le vendredi et parfois le samedi car j’accueille un enfant dont la maman est médecin. Quand je suis à la crèche, j’aime le travail en équipe  avec mes collègues. C’est enrichissant. Selon moi le système est vraiment équilibré c’est un mixte entre de l’individuel et du collectif. Et pour les enfants que je garde, qui vont bientôt aller l’école, c’est une super transition. »

Pour un bilan plus complet, il faudra attendre six mois. Le décret aura été publié et l’expérimentation pourra être pérennisée, puisque la réforme les envisage pour 5 ans. Avec peut-être une subvention de la Caf à la clef...


 
Article rédigé par : Catherine Lelièvre
Publié le 17 février 2022
Mis à jour le 06 novembre 2023