RAM : pivots de la professionnalisation des assistantes maternelles ?

Premier mode d’accueil en France, les assistantes maternelles se sentent pourtant encore dévalorisées et souhaiteraient une plus grande reconnaissance de la qualité de leurs pratiques. Développer leur professionnalisation et faciliter leur accès à la formation continue sont donc devenues les priorités des Relais d’Assistantes Maternelles (RAM). Le point sur ce qu’ils peuvent mettre en place.
Répondre au triple enjeu de la formation des assistantes maternelles
Bien qu’il reste le premier mode de garde plébiscité par les parents en France, l’accueil individuel recule. En cause le poids des crèches qui restent plus attractives sur le plan financier pour les familles et la fulgurante progression des micro-crèches. Les assistantes maternelles, qui militent depuis toujours pour la revalorisation de leur profession, ont besoin d’être accompagnées dans leur professionnalisation. Les missions des RAM doivent donc évoluer, ce que préconisait d’ailleurs le rapport Giampino publié en 2016. Il soulignait le triple enjeu de la formation continue des assistantes maternelles : permettre l’accès à un droit commun à tous les salariés, maintenir le plaisir et l’intérêt porté à sa profession et faire monter en compétences des professionnels qui, faute de perspectives de progression, changent d’orientation.

Ce sujet devrait être également au cœur des discussions de la Cnaf en vue de sa prochaine Convention d’Objectifs et de Gestion qui sera signée avec l'Etat pour la période 2018-2022. Daniel Lenoir, le futur ex-directeur général de la Cnaf dit volontiers : « Les RAM ont montré qu’ils répondent à une demande pour améliorer l’accueil individuel, ils se sont développés. L’accueil individuel dorénavant s’appuiera sur ces structures ». Selon la circulaire qu’elle a envoyée récemment à tous les coordinateurs Caf, la Cnaf prévoit d’ailleurs d’offrir une aide de 3000€ supplémentaire aux RAM qui encouragent la formation continue des assistantes maternelles et qui organisent leur remplacement lors de leur départ en formation.

Développer la formation des assistantes maternelles au sein même du RAM
Les RAM permettent aux assistantes maternelles de sortir de leur isolement en leur offrant un lieu de rencontres et d’échanges avec leurs paires. Mais l’accompagnement ne s’arrête pas là, les activités aux RAM doivent leur permettre de renforcer leurs pratiques pédagogiques avec des ateliers ciblés - éveil corporel, motricité libre, langage - animés par les responsables du RAM et en accueillant des formateurs extérieurs. Le rapport Giampino préconisait d’accroître l’implication des RAM dans la facilitation de la formation continue des assistantes maternelles comme des auxiliaires parentaux en proposant d’utiliser ses locaux pour organiser des formations. Ainsi les enfants qu’elles accueillent peuvent être pris en charge par les animatrices pendant ce laps de temps. Certains RAM organisent déjà des sessions de formation, mais Nathalie Dioré de la CSAFAM (Confédération des Syndicats d'Assistants Familiaux et d'Assistants Maternels) le précise : « elles ont souvent lieu le samedi et il y a davantage de formations proposées en ville que dans les campagnes… »

Faciliter le départ des assistantes maternelles en formation continue
Se former au RAM, c’est une chose, mais au même titre que tous les autres corps de métiers, les assistantes maternelles voudraient avoir la possibilité de partir en formation sur leur temps de travail. « La plupart du temps, les assistantes maternelles qui veulent suivre des formations n’ont pas d’autres choix que le faire sur leur temps libre », déplore Liliane Delton secrétaire générale de l’UNSA-ASSMAT (Union Nationale des Syndicats Autonomes - assistants maternels et familiaux). Une organisation qui questionne bien-sûr, puisqu’elle sous-entend réduire son temps de repos, d’autant que les assistantes maternelles font souvent de grandes amplitudes horaires. Hors le plus grand obstacle à se former sur son temps de travail est l’accord des parents-employeurs. Le rapport Giampino évoque ainsi plusieurs choses à mettre en place, comme « organiser la prise en charge des enfants pendant le temps de formation des assistantes maternelles, éviter l’absence parentale de salaire et inclure la prise en compte de la formation continue dès le stade de la contractualisation avec les parents. » Ici encore, le RAM pourrait jouer un rôle dans la proposition d’une alternative à l’accueil des enfants pendant l’absence de leurs assistantes maternelles. C’est d’ailleurs tout le sens de la dernière circulaire de la Cnaf.

Redéfinir le statut des animateurs de RAM
Ces objectifs ne sont par ailleurs réalisables que si certaines conditions sont réunies. Il s’agirait d’abord de renforcer le statut des animateurs de RAM. « On peut être animateur de RAM dès lors qu’on a un diplôme de niveau IV dans la petite enfance - infirmière puéricultrice, psychologue, EJE… Il y un manque de formation sur le rôle d’animateur, affirme Sandra Onyszko, chargée de communication de l’Ufnafaam (Union fédérative nationale des associations de familles d'accueil et assistantes maternelles). Il y a bien des centres de formations pour les animateurs, moi-même j’en suis certains, mais ce n’est pas le cas partout. Il faudrait harmoniser les pratiques sur les missions à remplir et la manière de les mettre en œuvre ». Elle note aussi que les RAM ont de plus en plus de fonctions administratives : « Ils remontent déjà des chiffres et des statistiques au département. Il ne faudrait pas alourdir la mission des animateurs au détriment même de leur rôle d’accompagnement. »
Article rédigé par : Armelle Bérard Bergery
Publié le 16 octobre 2017
Mis à jour le 09 décembre 2019