Formation et diplôme d’auxiliaire de puériculture : l’arrêté publié

Les travaux de réingénierie du diplôme d’auxiliaire de puériculture  trainaient en longueur et les tensions étaient palpables. Ils ont enfin abouti, et l’arrêté sur la formation et le diplôme d’AP a été publié au Journal Officiel le 10 juin dernier. On fait le point sur ce qui changera dès la rentrée 2021.

 
Une réforme très attendue
Pendant toute la période où les travaux de réingénierie se sont déroulés, les AP ont beaucoup insisté pour se démarquer des aides-soignantes dont elles partagent la formation de base  pour que les spécificités de leur métier soient préservées.  Elles ont aussi revendiqué de retrouver des actes (comme la glycémie par exemple) qu’elles avaient peu à peu perdus, au gré des textes concernant les infirmiers…
Mais, l’enjeu majeur de cette réingénierie, pour les professionnelles, c’était bien la revalorisation du métier d’auxiliaire de puériculture, l’un de ceux qui dans le ratio des personnels des modes d’accueil fait partie des 40% de « personnels diplômés ». Le diplôme d’AP est un diplôme d’état, très  recherché car il ouvre sur un métier essentiel de la petite enfance.
Professionnels, formateurs et futurs employeurs attendaient donc avec impatience la fin de ses travaux et les nouveaux référentiels sur les compétences, la formation, la certification mais aussi les annexes  sur les dérogations, la VAE etc.  Tous s’interrogent : cette réforme permettra d’elle de d’endiguer la crise de recrutement : les AP sont denrée rare. Les établissements hospitaliers, mais surtout les modes d’accueil en manquent cruellement.


Une formation plus longue mais avec moins stages
La formation se déroulera sur 12 mois au lieu de 10 mois. 1540 h au total. 770 h consacrées aux enseignements théoriques sur 22 semaines et 770 h de stages pratiques sur 22 semaines également. Dans le détail, 2 modules théoriques en plus soit 5 semaines de cours en plus (il est précisé que ceux-ci peuvent se dérouler en présentiel ou en distanciel dans la limite de 70% du total des cours).
4 stages au lieu de 6 stages précédemment d’une durée de 5 semaines chacun, sauf le dernier qui devra être de 7 semaines. Selon l’arrêté, « quatre stages peuvent être effectués dans différentes structures employeurs, publiques ou privées du champ sanitaire, social ou médico-social, en établissement ou en hospitalisation à domicile ». Mais il est précisé : « Le parcours de stage comporte au moins une période auprès d’enfants en situation de handicap physique ou psychique. » Rappelons que précédemment, un stage en maternité était obligatoire.
Autre précision : « Au cours de ces stages, l’élève réalise au moins une expérience de travail de nuit et une expérience de travail le weekend. » Ce qui peut laisser entendre qu’un stage devra se faire en milieu hospitalier…
Jean-Marc Grelet, directeur-adjoint de l’école d’auxiliaires de puériculture Paul Strauss  craint néanmoins que le l’allongement de la formation ne constitue un frein à l’embauche. « Aujourd’hui, nos diplômés sortent en Juillet, assez tôt pour intégrer des équipes car les changements d’équipe se font à 90% fin août. Là ils sortiront en septembre. Or, en septembre, les structures ont déjà recruté leur personnel pour la rentrée » explique-t-il.

De son côté Elsa Hervy, déléguée de la FFEC s’étonne  du stage obligatoire … « L’idée de remplacer le stage obligatoire en maternité qui était un frein car très difficile à trouver par un stage obligatoire auprès d’enfants en situation de handicap est-elle vraiment une bonne idée ? N’est-ce pas remplacer un stage impossible par un autre stage impossible ? », ironiste-t-elle.

Un diplôme de niveau IV pour une varie filière petite enfance
Rappelons  que, depuis septembre 2020, les concours d’entrée aux écoles d’auxiliaires ont été supprimés et qu’elles sont accessibles via une sélection sur dossier.
Le diplôme obtenu à l’issue de la formation, sera un diplôme de niveau IV (baccalauréat). Il était auparavant de niveau V comme le CAP-AEPE. Ce devrait permettre, en tout cas dans les modes d’accueil, de créer une vraie filière petite enfance, avec une  hiérarchie de diplôme claire qui permettra des progressions de carrière.
L’arrêté prévoit la possibilité d’accéder à la formation et au diplôme par voie d’apprentissage sur 18 mois maxi. Il précise aussi que la formation peut être suivie de façon « continue, discontinue sur une période maximale de 2 ans », (sauf en cas de VAE).
De nombreux cas d’allègement de formation sont  envisagés :  9 diplômes donnent la possibilité d’être dispensés de tout ou partie de certains modules de formations. Au premier chef bien sûr le diplôme d’aide-soignante mais aussi le CAP-AEPE, le bac pro ASSP  ou encore mais aussi des titres professionnels comme celui d’assistant de vie aux familles. Des ouvertures intéressantes pour ces diplômes mais un casse-tête pour les instituts de formation. « Cela va être une usine à gaz regrette Jean-Marc Grelet. Comment allons-nous pouvoir mettre en application les mesures dérogatoires prévues par l’arrêté ? Et n’est-ce pas donner de faux espoirs à tous ces candidats qui viendront  via les congés individuels de formation, alors que déjà nos  instituts manquent de places ! ».

Les  auxiliaires de puériculture plutôt satisfaites
Pour l’Association Nationale des Auxiliaires de Puériculture (ANAP) qui n’a pas encore étudié tous les détails de l’arrêté, ces nouveautés concernant la formation et le diplôme d’AP « vont dans le bon sens ». Elles entérinent une « réévaluation du métier d’auxiliaire de puériculture et la spécificité de l’AP  est reconnue.  Par ailleurs, le référentiel de compétences nous redonne des tâches et actes qui nous avaient été enlevés. Et cela aussi est un motif de satisfaction. » L’ANAP apprécie aussi « la montée en Niveau IV du diplôme qui est très positive. On espère qu’en 2022 le diplôme sera reconnu de catégorie B dans la fonction publique. »


Voir l'arrêté



 
Article rédigé par : Catherine Lelièvre
Publié le 28 juin 2021
Mis à jour le 17 février 2022