Célia. D, EJE : « Mon diplôme portugais n’est plus reconnu »

A l’heure où le secteur de la petite enfance subit une crise de recrutement et où l’Union européenne prévoit la libre circulation des citoyens et le droit d’exercer une activité salariale ou indépendante, il semble que la reconnaissance professionnelle ou académique d’un diplôme acquis hors des frontières françaises n’aille pas toujours de soit… Célia D. en témoigne.
Célia D., éducatrice de jeunes enfants, est actuellement au chômage.  Or, dans le département des Yvelines (78) où elle postule, « il y a beaucoup d’offres » correspondant à son profil. Elle a même été « sur le point d’être recrutée à plusieurs reprises », suite à différents entretiens avec des structures d’accueil de la petite enfance. Hélas, « à chaque fois, déplore-t-elle, ma candidature a finalement été rejetée au niveau du conseil départemental sous prétexte que mon diplôme portugais n’était pas reconnu en France. »

Solide expérience
Cette femme de 44 ans, arrivée dans notre pays en 2007, n’en est pourtant pas à sa première expérience sur ce département. Elle a même un solide passé professionnel : « J’ai commencé à travailler à Montfort l’Amaury en tant qu’auxiliaire jusqu’en 2009. Puis, j’ai pris un congé parental. En 2013, j’ai retrouvé du travail sans difficulté au sein d’une crèche de Montigny-le-Bretonneux où j’ai exercé deux ans en tant qu’éducatrice, puis comme directrice jusqu’en 2017 ».

Déménagement et début des difficultés
A cette époque, cette maman de deux filles part s’installer en Eure-et-Loir (28) et la distance des trajets entre son domicile et son lieu de travail commence à se faire sentir. Elle se met alors en quête d’un autre emploi, plus proche de chez elle. Elle décroche rapidement un poste de directrice d’une halte-garderie sur la commune de Lucé. Mais, seulement quelques mois plus tard, la structure ferme. Se retrouvant pour la première fois au chômage, elle se confronte aux difficultés de trouver du travail dans le secteur de la petite enfance en Eure-et-Loir. En 2019, elle obtient cependant, sur la commune de Brezolles, un CDD de 6 mois, pour un remplacement de directrice de crèche en congé parental.

Problème d’équivalence de diplômes
Mais depuis… plus rien. « Je constate qu’il y a très peu de postes à pourvoir dans les environs. Je me suis donc mise à prospecter de nouveau sur le département des Yvelines en envoyant mon CV jusqu’à Houdan ». Mais voici que, contre toutes attentes, l’administration fait désormais blocage. « On m’a dit que mon diplôme d’éducatrice étranger n’était pas reconnu en France. Pourtant, il n’avait jamais posé de problème jusque-là, y compris au sein de ce département et j’ai également fourni tous mes certificats d’employeurs attestant de mes compétences ». Célia D. est dans l’incompréhension. Elle pense que ce retournement de situation est lié « à  la fusion des Yvelines et des Hauts-de-Seine et des changements de responsables dans les services » . Aujourd’hui, on l’ « "encourage" à s’inscrire dans une démarche de VAE (Validation des acquis de l’expérience) pour obtenir à terme un diplôme reconnu ». Un parcours chronophage et payant pour une femme qui a déjà largement démontré qu’elle connaissait son métier…

NDLR : Nous avons tenté de joindre le Conseil départemental des Yvelines pour tenter de comprendre sa position mais n’avons pas eu de retour jusqu’à présent.
Article rédigé par : Marie-Sophie Bazin
Publié le 20 juillet 2020
Mis à jour le 20 juillet 2020