Acepp : un manifeste adressé aux candidats à la présidentielle

Après le Collectif CEP-Enfance et la FFEC notamment, c’est au tour de l’Acepp (Association des Collectifs Enfants Parents Professionnels) d’interpeler les candidats à l’élection présidentielle via son manifeste « Politiques petite enfance & parentalité : partageons cette priorité ! » comprenant 29 demandes. 
Tous les candidats ne se sont pas encore déclarés, tous les programmes ne se sont pas encore totalement finalisés… la petite enfance a assurément une carte à jouer dans cette campagne électorale. C’est donc le moment pour les acteurs de la petite enfance de se mobiliser, de challenger les candidats. L’Acepp pour sa part ne manque pas de le faire avec son manifeste. Avant de décliner ses demandes, l’association commence par une liste de constats. Parmi lesquels : la pénurie de professionnels de la petite enfance, « une évolution des modalités de travail (télétravail, horaires atypiques…) », « des évolutions législatives et réglementaires importantes » (réforme des services aux familles, charte nationale d’accueil du jeune enfant, charte nationale de soutien à la parentalité…) ou encore « la part prédominante des créations de place par des gestionnaires privés à but lucratif ». Et une liste d’enjeux comme : « Rechercher une qualité de l’accueil partagée par tous, qui tient compte notamment des vulnérabilités diverses (sociales, handicap…), Associer les parents dans les lieux d’accueil de leurs enfants, Construire une politique publique Petite enfance, Lutter contre la marchandisation de l’éducation et notamment de la petite enfance, Favoriser, soutenir les associations et la place particulière de celles-ci dans le champ de la Petite enfance dans un contexte où le secteur tend à devenir marchand et concurrentiel, Garantir la pérennisation économique de chacun des modes d’accueil et des actions parentalité dans le contexte de leur diversification et de leur décloisonnement. » L’Acepp précise d’ailleurs que ces constats et enjeux ont été soulevés par différents rapports notamment ceux du HCFEA, des 1000 premiers jours, Premiers Pas.

Puis, elle énumère ce qu’elle attend sur les 4-5 prochaines années. Au total, 29 demandes classées autour de 5 chapitres.

Avec, par et pour… les enfants
1/Un accès garanti pour chaque enfant à un mode d’accueil

2/Quel que soit le choix du mode d’accueil, un “reste à charge” identique pour toutes les familles, modulé sur les revenus et la composition de la famille et du temps d’accueil

3/Une articulation en termes de continuité et complémentarité pour une offre évolutive et ouverte à tous (crèches, lieux d’accueil enfants parents, ateliers, cafés de parents, assistantes maternelles…) pour favoriser la mixité sociale

4/Des politiques publiques qui soutiennent la mise en œuvre des Chartes sur les plans éducatif, culturel, social et durable (soutiens financiers, de l’innovation…) dans le respect de la liberté des pédagogies développées.

Avec, par et pour… les familles
5/Un soutien des actions permettant d’aller vers tous les parents sur chaque territoire (premier accueil, place dans les lieux, vie associative…) reconnaissant l’importance de la Petite Enfance dans le processus d’accompagnement des parents et des familles.

6/La possibilité, la liberté données aux familles de construire son parcours d’accueil avec les structures du territoire et l’obligation des services petite enfance d’apporter des solutions partagées.

7/Un soutien des initiatives parentales favorisant les échanges et les relations d’entraide entre parents

8/Une participation effective des parents aux modes d’accueil qui peut passer par la formation des bénévoles, la création d’un congé “parents bénévoles” et la reconnaissance de cet engagement (VAE…)…

9/Un allongement du congé parental et une meilleure indemnisation, tout en permettant aux enfants d’accéder à un mode d’accueil.

10/L’élargissement et le renforcement de la contribution des parents à l’élaboration des politiques publiques “Petite enfance et parentalité”

11/La clarification du statut du “beau parent”

Avec, par et pour... les professionnels
12/La mobilisation urgente de tous les acteurs pour remédier à la pénurie de professionnels

13/Une campagne de promotion auprès des jeunes hommes et femmes et de sensibilisation des personnels d’orientation aux métiers du champ “Petite Enfance et Parentalité” 

14/L’amélioration des conditions de travail : revalorisation des salaires pour l’ensemble des salariés; temps de réunion ; temps de ressourcement…

15/La création d’une filière “Petite Enfance et Parentalité” qui dépende d’un seul ministère de tutelle, cohérente, complémentaire et attractive (avec notamment la mise en œuvre d’un diplôme d’État de niveau 5)

16/Le développement de formations et d’espaces de ressourcement : formation qualifiante, formation continue, analyse de la Pratique professionnelle, passerelles, tutorat, alternances...

Avec, par et pour... les lieux d’accueil et les actions d’accompagnement à la parentalité
17/Le maintien et le développement d’une politique nationale qui favorise le développement de l’offre (branche famille) et une refonte du Crédit Impôt famille et des aides fiscales aux entreprises.

18/L’assurance que le patrimoine (notamment immobilier) créé dans le domaine de la Petite Enfance et parentalité, grâce au financement public reste dédié à la petite enfance ou a minima à un service social ou éducatif.

19/Des partenariats favorisant la coopération (convention, logique d’appel à communs…) plutôt que le recours systématique à la mise en concurrence (appels à projets, délégation, marché…) qui renforcent la logique de “prestataires” et ne respectent pas l’émergence des projets portés par professionnels et parents ainsi que le temps associatif.

20/La reconnaissance et le soutien (économique notamment) de l’utilité publique et sociale des associations et des structures à but non lucratif.

21/Le soutien technique et financier de l’innovation

22/La pérennisation des financements : mise à plat (PSU ; “bonus”; CMG-PAJE…), des soutiens possibles et financement pluriannuel, financement adapté en fonction des projets et espace de négociation avec l’ensemble des financeurs

23/Une clarification du partage des “compétences” Petite Enfance et Parentalité sur chaque territoire.

24/L’animation des Commissions départementales des services aux familles (CDSF) qui garantissent les rôles et missions complémentaires des partenaires (sans substitution) : PMI, CAF, Collectivités Locales, Éducation nationale, associations...

Avec, par et pour... le réseau
25/La reconnaissance de l’Acepp comme contributrice à la réflexion autour de la création d’un service public Petite enfance.

26/La reconnaissance de la tête de réseau en tant que représentation collective de ses adhérents.

27/La reconnaissance des têtes de réseau, comme force de propositions auprès des pouvoirs publics et donc leur participation aux instances nationales et locales avec la particularité de la non-lucrativité, de la gouvernance coopérative entre les salariés et les bénévoles bénéficiaires du service…

28/La reconnaissance des têtes de réseau et la co-construction d’un statut au niveau national et local.

29/L’accroissement des soutiens techniques et financiers du réseau notamment autour de l’animation d’un réseau, de l’innovation, de la mutualisation...

Article publié pour la première fois dans la Lettre Hebdo n°34
Article rédigé par : Caroline Feufeu
Publié le 08 février 2022
Mis à jour le 06 avril 2022