Présidentielles : le manifeste des assistantes maternelles

L’Union fédérative nationale de familles d’accueil et assistants maternels ( Ufnafaam) et l’Association nationale de regroupements d’associations de maisons d’assistants maternels (Anramam) viennent de signer un manifeste à l’attention des candidats à l’élection présidentielle. Elles appellent à une « politique familiale ambitieuse » et énoncent 9 propositions pour valoriser la profession et enrayer la baisse importante du nombre d’assistantes maternelles.
Assistante maternelle, un métier en tension
Dans leur manifeste, l’Ufnafaam et l’Anramam commencent par rappeler que « 48% des effectifs actuels des assistantes maternelles partiront à la retraite d’ici 2030 »*. Or, les assistantes maternelles sont le premier mode d’accueil formel. Il y a donc urgence ! Une problématique qui n’est pourtant pas nouvelle puisque, expliquent-elles, depuis 2014, leur nombre baisse. Et ajoutent : « la dernière convention d’objectif et de gestion (COG) confirme que le développement de l’accueil collectif ne permet pas d’augmenter le nombre de places totale d’accueil si à l’inverse, le nombre d’assistantes maternelles baissent. » L’heure est grave… « Nous sommes donc face à un constat d’échec que le gouvernement en charge du prochain quinquennat devra relever », soulignent-elles.

9 propositions pour pallier le déclin de la profession
Si les assistantes maternelles connaissent nombre de difficultés, l’Ufnafaam et l’Anramam ont toutefois fait le choix de se concentrer sur 9 propositions qu’elles jugent essentielles pour les années à venir.

1.Reconnaître l’accueil réalisé par les assistants maternels
Après avoir souligné les avantages offerts par ce mode d’accueil et notamment, le fait qu’il permette, selon elles, « une réponse individualisée tant sur le respect des pratiques parentales, que sur le besoin de conciliation entre leur vie professionnelle et vie familiale. » Elles ont axé leurs souhaits sur deux points : l’accompagnement d’un référent santé « car il n’est pas question de la qualité d’accueil si les professionnels ne peuvent avoir les mêmes accompagnements et les enfants les mêmes assurances » et un discours qui mette sur un même pied d’égalité accueil individuel et accueil collectif, c’est-à-dire qui ne laisse pas entendre que « ce mode d’accueil est par défaut aux crèches »

2. Réduire les inégalités en favorisant , par un reste à charge équivalent, l’accessibilité des familles à tous les modes d’accueil

Les assistantes maternelles demandent « une réforme ambitieuse du CMG assistante maternelle avec 100% des familles gagnantes et non une petite réforme qui laisse de côté une partie des familles. »

3. Soutenir la qualité d’accueil avec des moyens pour les assistants maternels
Elles estiment qu’il n’y a pas assez de moyens mis pour la montée en compétences des pros de l’accueil individuel. Et souhaitent « des passerelles et une accessibilité à des diplômes connus et non à des certifications de branche » et aussi « une organisation réelle des enfants confiés qui bénéficient aux assistantes maternelles pour se former dans les heures de travail comme tous les salariés. »

4. Favoriser la création des Maisons d’Assistants Maternels (MAM)
Elles pointent du doigt ici le manque de soutien financier à la création et au fonctionnement qui de fait entrave le développement de MAM. Et précisent que si depuis le Plan Rebond Petite Enfance, la Cnaf attribue une aide financière aux MAM, la complexité des démarches administratives n’encourage pas à la création de MAM. Selon l’Ufnafaam et l’Anramam « il est urgent non seulement de soutenir financièrement ces modes d’accueil mais également permettre un accompagnement au départ » et souhaitent « que la taxe d’habitation réglées par les assistantes maternelles qui exercent chez elles bénéficient d’un allégement et que les assistants maternels exerçant en mam se voient complétement relevées de cette obligation. »

5. Intégrer le conseil d’administration de la CNAF et/ou intégrer  un conseil identique du PLFSS lié aux dépenses de la Branche famille
D’une part, l’Ufnafaam et l’Anramam expriment leur regret quant à l’absence de représentants des assistantes maternelles au sein du CA de la Cnaf. Elles expliquent que : « A l’instar des comités de soutiens aux familles au sein des départements où est demandée une représentation équilibrée de ses membres, le conseil d’administration de la CNAF ne permet pas le même équilibre. » Elles demandent donc à y être intégrées. Une demande d'autant plus importante que les négociations de la COG vont bientôt commencer.
D’autre part, bien qu’auditionnées chaque année à propos du PLFSS, elles déplorent que leurs échanges avec les rapporteurs successifs ne soient jamais suivis d’effets. « Le vote du PLFSS est pourtant le seul moment dans l’année où il reste possible de soutenir financièrement ce mode d’accueil », insistent-elles. Et souhaitent « qu’au sein du PLFSS un conseil se crée où les représentants bénéficiaires du Cmg puissent penser les orientations du projet de loi. »
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6. Freiner la destruction du nombre de places d’accueils chez les assistantes maternelles
Suite au constat que « la politique familiale a renforcé le déséquilibre existant entre les différentes modes d’accueil, sans accroître l’offre d’accueils théorique, et ceci malgré l’investissement financier important liées aux crèches », l’Ufnafaam et l’Anramam veulent « un équilibre aussi dans la création des places d’accueil sur les territoires ». « Ceci passe obligatoirement par une attention particulière portée aux décisions du comité nationale et départementale de soutien aux familles et donc par une vigilance accrue au niveau des territoires pour veiller à ce que ces créations soient équitables entre tous les modes d’accueil », ajoutent-elles.

7. Améliorer les relations entre les services de PMI et sécuriser l’emploi des assistantes maternelles.
Sans généraliser aucunement, les relations peuvent être tendues entre les PMI et les assistantes maternelles. L’Ufnafaam et l’ Anramam relèvent le fait que certaines sont plus dans le contrôle quand dans l’accompagnement, engendrant de la crainte chez les assistantes maternelles. Et dénoncent également des « exigences de sécurité parfois ubuesques », au niveau national. Aussi, les deux organisations souhaitent « la mise en place au niveau nationale d'une structure de médiation, pouvant être saisi immédiatement par les assistantes maternelles par voie dématérialisée. Cette structure devra comporter un nombre de représentants équivalent pour les assistants maternels et les représentants de l'état. »

8. Maintenir les crèches familiales
Elles mettent ici en avant les difficultés que connaissent depuis longtemps les crèches familiales. Un mode d’accueil peu connu, souvent taxé de coûteux et qui, de par ses horaires décalés, devrait « donner lieu à une augmentation de la PSU. » L’Ufnafaam et l’Anramam requièrent « la création d’un guide permettant d’améliorer la compréhension de ce statut. » Et également « que soit plus visible ce mode d’accueil en finançant leur spécificité notamment sur l’amplitude journalière. »

9. Créer un service public avec les assistantes maternelles
Selon l’Ufnafaam et l’Anramam, « pour que les assistants maternels soient inclus dans le service public de la petite enfance, il convient de réfléchir à la mission de service public que remplissent ces professionnels et aux garanties indispensables qui doivent être créées pour ce travail au sens de l'OIT. En effet, sans garantie, il sera impossible aux salariés de se sentir investis d'une « mission de service public ».  Les deux organisations exposent ensuite les différents points que le service public de la petite enfance devra « préserver », à savoir :
-    « Une harmonisation des coûts avec des modalités de financements identiques pour les différents modes d’accueil
-    Un accompagnement identique (accompagnant santé, accompagnement au portage de projet, mise en place partout en France d’une analyse de la pratique pour les assistantes maternelles)
-    Des passerelles identiques vers des diplômes connus
-    Des formations continues faites dans le temps de travail exclusivement
-    Des facilités financières aux modes d’accueil (versement d’une prime d’installation à chaque renouvellement de l’agrément, fiscalité du logement...)
-    Un agrément sécurisé avec l’arrêt d’un renouvellement de l’agrément et la continuité d’un contrôle »
Nous souhaitons que ces 6 mesures soient toutes mises en oeuvre et considérées comme une seule proposition 
»

L’Ufnafaam et l’Anramam concluent leur manifeste par : « La politique familiale ne peut résolument développer le nombre de places d’accueils, sans soutenir son premier mode d’accueil. »

* L’étude prospective 2018-2020 des branches professionnelles des assistants maternels et des salariés du particulier employeur

Télécharger et consulter l'inrégralité du manifeste ci-dessous

 
Article rédigé par : Caroline Feufeu
Publié le 23 février 2022
Mis à jour le 05 avril 2022