Revalorisation salariale, réforme du CMG annoncées par Jean-Christophe Combe : ce qu’en pense le secteur de la Petite Enfance

Hier, jeudi 22 septembre, lors de la réunion plénière de rentrée du comité de filière, le ministre des Solidarités et de l’Autonomie et des Personnes handicapées, Jean-Christophe Combe n’a pas manqué à sa parole. Il est revenu comme il l’avait promis le 11 juillet dernier sur la question des revalorisations salariales des professionnels de l’accueil individuel. Il a également confirmé la réforme du CMG-assistante maternelle. Voici les premières réactions du secteur.
Du côté de l’accueil individuel, on salue la réforme tant attendue du CMG
Jean-Christophe Combe l’a confirmé, le PLFSS 2023 comprendra bien une revalorisation du CMG. Il l’a indiqué en ces termes : « S’agissant de l’accueil individuel, je vous annonce ce matin que le PLFSS 2023 qui sera présenté lundi comporte bien : la réforme du « CMG pour tous », dans sa version la plus ambitieuse c’est-à-dire réalisée avec un investissement public supplémentaire de l’ordre de 300 M€ » et « la création d’un CMG solvabilisant les aides à la garde d’enfants pour les familles monoparentales jusqu’à l’entrée au collège, pour un investissement public nouveau de 500M€ ». Une bonne nouvelle pour les pros de l’accueil individuel qui la demandent depuis longtemps. Deux mesures saluées par la FEPEM dans un communiqué envoyé ce jour. « Ces annonces représentent un signal fort envoyé par le gouvernement pour répondre aux difficultés rencontrées par les parents en leur permettant un libre choix effectif entre les différents modes d’accueil. Jusqu’ici en effet, les inégalités de reste à charge constituent un obstacle fort, tant pour les familles modestes que pour les classes moyennes », a souligné Julie L’Hotel Delhoume, Présidente de la Fepem Île-de-France et Porte-parole petite enfance. 

Du côté de l’Ufnafaam aussi, on se réjouit de cette réforme. « On est très contents de cette réforme du Cmg et on remercie le ministère pour cela. Un point d’attention toutefois : lors d’une question posée par l’Unaf, le ministre a répondu que dans chaque réforme, il y avait des gagnants et des perdants. On n’a pas vu le PLFSS donc on se questionne à ce sujet-là. Combien de familles seront gagnantes ? Combien de familles seront perdantes ? Sinon, il a confirmé que la formation initiale des assistantes maternelles allait être renforcée, que cela faisait partie de la réforme qui allait venir. Nous en sommes très satisfaits », explique Sandra Onyszko directrice de la communication de l’Ufnafaam. 

Et pour Audrey Besnard-Lescène de l’UNSA-proassmat : « C’était une réunion intéressante. Nous sommes satisfaits de la revalorisation du CMG. On espère que, si les parents ont moins de reste à charge, il y aura moins de problèmes d’impayés. Mais il ne faut pas être naïf, les parents malhonnêtes resteront malhonnêtes, c’est pourquoi nous voulons un fonds de garantie des salaires. » A propos du CMG pour les familles monoparentales jusqu’à l’entrée au collège, elle estime que c’est une bonne chose. « Par contre, est-ce qu'on ne pourrait pas l'étendre aux familles nombreuses et aux familles en situation de handicap ? », demande-t-elle.

Revalorisations salariales dans l’accueil collectif : des regrets et des doutes
Si la FFEC souhaite prendre son temps avant de s’exprimer sur le sujet, ce n’est pas le cas du fougueux SNPPE, qui a réagi très vite aux annonces de Jean-Christophe Combe. Dans un communiqué au ton mordant, il juge que le Ministre « minimise l’urgence de la revalorisation salariale attendue dans la petite enfance. » En clair, pour le SNPPE, cela ne va pas assez vite, l’augmentation des salaires, ce devrait être maintenant. Le syndicat revient également sur l’arrêté du 29 juillet. Très remonté, il affirme : « Quoi qu’en dise le ministre, ce n’est pas avec quelques jours d’accompagnement dans l’année que l’on forme un·e professionnel·le de la petite enfance. Quant à la VAE, comment peut-il penser qu’un·e auxiliaire de puériculture (AP), par exemple, au bout d’un an d’expérience pourra obtenir un diplôme d’éducateur·trice de jeunes enfants (EJE) en 3 mois ? La VAE est un parcours de réflexion également nécessaire à l’obtention du diplôme, un temps de réflexion pour changer sa posture professionnelle, pour la faire évoluer. Une VAE en 3 mois seulement avec un an d'expérience équivaut à brader la formation d’EJE ou bien dire qu’on envoie les AP vers l’échec. » Et demande de nouveau l’abrogation de l’arrêté. Le SNPPE termine son communiqué par un appel à la grève, le 6 octobre prochain. 

A la Fneje, c’est l’indignation qui prime. « On n’a rien eu et en même temps on n’en attendait pas grand-chose, on savait qu’il n’y aurait pas de grande annonces flamboyantes », constate Julie Marty-Pichon, présidente de la Fneje. Et « il a fait pire, s’offusque-t-elle, il a en plus expliqué à toute une assemblée que les représentants des professionnels ne savaient ni lire ni analyser ni commenter un texte de loi, que l’on se trompait et qu’on attisait le feu de la contestation. On appelle ça du mépris. » Concernant l’aide financière de l’Etat pour les revalorisations salariales, Julie Marty-Pichon interroge : « Avec quel levier ? La PSU ? Si elle est augmentée, elle ne va pas servir à harmoniser les salaires, elle va servir au fonctionnement de la structure. » Et puis « ça veut dire quoi l’harmonisation salariale entre des agents de la fonction publique qui sont rémunérés par les collectivités locales ou hospitalières par exemple, si on ne prend que ça, et le privé lucratif qui n’a quasiment pas de convention collectif et l’associatif. Comment va-t-il faire pour contraindre le privé lucratif à payer les gens ? Pour convaincre les collectivités territoriales qui ont des dotations globales de fonctionnement qui baissent tous les ans depuis 15 ans qu’il faut donner des primes et mieux payer les agents, si derrière il ne met pas les moyens ? » 

Du côté de l’ACEPP, le retour est mitigé. « Concernant les garanties fortes qu’il a demandées pour être sûr que l’argent arrive bien dans les salaires, nous sommes favorables. C’est un peu le souci que l’on avait commencé à repérer par rapport au fait que la PSU augmente de 5% : ce n’est pas pour autant en effet que les budgets des crèches ont augmenté de 5%. Et en plus, dans certains cas de figure, les 5% vont aider à financer le chauffage, les charges supplémentaires. Du coup, le lien avec les salaires n’est pas évident », souligne Philippe Dupuy son directeur. Il regrette toutefois que le ministre n’ait « pas repris la puissance de la prime Ségur » car ajoute-t-il : « On est sûrs avec cette prime qu’elle arrive directement dans les salaires. » Mais un point interpelle tout spécialement Philippe Dupuy.  « L’harmonisation salariale évoquée par le ministre, cela va un peu trop loin. On ne peut pas s’aligner entre statut public, privé, associatif », affirme-t-il. 

Lire les annonces de Jean-Christophe Combe lors de la réunion plénière de rentrée du comité de filière Petite Enfance

Télécharger ci-dessous le communiqué de presse du SNPPE
Article rédigé par : Caroline Feufeu
Publié le 23 septembre 2022
Mis à jour le 14 décembre 2022