La Flottille : une crèche associative aux allures de maison familiale

Une nouvelle crèche halte-garderie vient d’ouvrir à Colombes. Installée au sein d’une grande et belle maison, « La Flottille » a vu le jour grâce à une maman et ses proches, qui ont souhaité créer un lieu de vie ouvert aux familles. Un projet associatif qui n’a pas été facile à mettre en place mais qui, porté par un enthousiasme collectif sans faille, est déjà plein de promesses.
L’histoire de cette crèche c’est d’abord celle d’une reconversion professionnelle. Hélène Munoz, responsable comptable, trouvait qu’il lui manquait quelque chose… « Mon métier me plaisait car j’aime les chiffres, mais j’avais besoin de me sentir plus utile au quotidien », explique-t-elle. Ses deux grossesses finissent de la décider : elle veut créer une structure d’accueil de jeunes enfants. Elle participe à une journée de formation sur le sujet à la naissance de son premier enfant et se lance dans la réflexion du projet après l’arrivée du deuxième en 2013.

Des rencontres décisives
Hélène visite des crèches très diverses - municipales, privées, micro-crèches, associatives - où elle échange avec les directrices, psychomotriciens et autres professionnels de terrain. Puis elle fait plusieurs rencontres marquantes. D’abord dans son entourage proche, un groupe d’amies et un duo expérimenté (une puéricultrice et un pédiatre) qui se sont rendus disponibles pour les visites, les réflexions sur les plans d’aménagement, le projet pédagogique, et d’autre sujets liés à la petite enfance. « Un soutien bienveillant très précieux tout au long du montage du projet » , assure Hélène. Puis au Salon de la Petite Enfance de la Villette : après avoir assisté à sa conférence, Hélène se présente à Josette Serres, Docteure en psychologie du développement de l'enfant, pour lui parler de son projet.
Les deux femmes continuent d’échanger et Josette Serres la met en lien avec Rosa Molinaro, EJE fondatrice de la crèche associative Les Anges de la Terre au Perreux-sur-Marne. Une structure conçue avec l’architecte Didier Heintz, co-fondateur de l’association NAVIR, dont Hélène venait justement de faire la connaissance. Recontacté par Hélène, celui-ci l’invite à participer à des groupes de travail sur différents thèmes autour de l’aménagement de l’espace.

Hélène acquiert également de l’expérience sur le terrain dans la crèche parentale dans laquelle ses enfants sont accueillis, puis en travaillant deux jours par semaine dans une halte-garderie. Elle y découvre avec émotion l’accueil d’enfants en situation de handicap. « Cela m’a permis de me rendre compte qu’il n’y avait pas de différence majeure dans leur accueil, raconte-t-elle. Si le travail en équipe et en réseau est accentué, l’attention portée à la qualité de l’accueil et des liens est la même pour toutes les familles. » En parallèle, Hélène participe à plusieurs programmes axés sur l’Economie Sociale et Solidaire (Lauréat Entrepreneurs du changement, Couveuse Epicéa) et l’Entrepreneuriat au Féminin (Boost’Her de Hauts-de-Seine Initiatives). Ils lui apporteront conseils, méthodes mais surtout des rencontres, qui l’encourageront à persévérer dans son projet. Ensuite, elle décide de passer son CAP petite enfance en candidat libre pour renforcer ses connaissances et gagner en légitimité.

La maison coup de cœur, joli point de départ
Hélène souhaite créer une crèche associative, véritable lieu de vie ouvert aux familles pour recréer du lien dans le quartier. Grosse étape : trouver le local qui corresponde à l’esprit du projet. A savoir « une maison avec jardin qui reconstitue un environnement familial où les parents, comme les professionnels, se sentent bien et puissent laisser leur enfant en tout sérénité. » Une vingtaine de visites plus tard, parfois accompagnée par Sébastien Maniglier, l’architecte qui réalisera l’aménagement de la crèche, Hélène a enfin un coup de coeur ! Une maison de famille pleine de charme avec son escalier ancien, ses nombreuses fenêtres et une verrière donnant sur un grand jardin attire son attention. Le compromis de vente est signé en novembre 2016, et en janvier 2017, Hélène monte avec des amies du secteur l’association « La Flottille ».

Pour constituer son équipe, Hélène utilise essentiellement le bouche-à-oreille. Elle prend pour directrice une amie d’une maman de la halte-garderie dans laquelle elle travaillait et recrute cinq professionnels petite enfance… dont deux hommes, une fierté pour elle. « Cette mixité professionnelle constitue une vraie richesse pour le projet. »
Les travaux d’aménagement de la structure sont réalisés entre le mois d’août et janvier 2018. Puis c’est un début d’année dense entre la constitution du dossier pour la commission d’action sociale de la CAF, le passage de la commission de sécurité, la demande d’agrément et la préparation du Salon Petite Enfance de la ville. « Nous y avons rencontré une quarantaine de familles. C’était un vrai bonheur car notre projet leur parlait ! »… La crèche ouvre enfin ses portes le 18 avril pour accueillir 15 enfants en temps plein et à temps partiel, puis 26 à partir de la mi-septembre.

Un accueil centré sur le partage
Le rez-de-chaussée et le premier étage de la maison accueillent les pièces de vie des enfants. Ici, l’idée est de décloisonner les espaces au maximum. Ainsi les plans de change donnent directement sur les salles de jeux. Et les petits sont répartis en section multi-âges. Pour le mobilier petite enfance, le choix de l'équipe s'est porté sur une seule et même marque spécialisée. Le reste est le fruit de week-end bricolages entre amis et famille !

Au rez-de-jardin se trouvent d’un côté la lingerie, la chaufferie et la cuisine ; de l’autre une grande pièce comprenant un espace de motricité et un coin de convivialité. Car ce qui porte Hélène dans son projet, c’est la création de liens et sur ce point, elle ne manque pas d’idées. « Cet espace pourrait permettre par exemple aux parents d’enfants en situation de handicap de se poser en attendant leurs enfants. Ou encore d’inviter des mamies à venir tricoter et partager le goûter avec les enfants. »

Des professionnels comme chez eux
Le deuxième étage, lui, est dédié à l’équipe avec une cuisine, un bureau et une salle de repos. « Cela nous permet de faire une vraie pause », souligne Hélène. En effet, on s’y sent comme chez soi ! C’était sa volonté d’impulser dans l’organisation générale de la structure toute une réflexion sur la manière de bien traiter l’équipe. Et ainsi éviter l’absentéisme, que l’on sait relativement courant dans les crèches. « Au cours de mes différents stages et de mes visites, j’ai pu constater qu’il n’y en avait pas ou très peu quand le projet proposé est chouette, le travail des professionnels suffisamment reconnu, des horaires connus à l’avance… »

Hélène essaie donc de mettre tout cela en place. Elle a demandé dès le début les souhaits de chacun, puis les a ajustés pour trouver un équilibre et constituer un emploi du temps fixe sans roulement - qui permet de mieux se projeter explique-t-elle. Et fait en sorte que tout le monde puisse profiter de la moitié des vacances scolaires.
Par ailleurs, en plus de la psychomotricienne qui intervient déjà auprès des enfants et de la psychologue qui doit arriver, Hélène souhaiterait faire venir une sophrologue deux fois par mois pour les professionnels.
L’aménagement de la structure n’est pas terminé, mais c’est aussi l’objectif : garder le cadre d’une maison et faire en sorte que l’espace ne soit pas figé. « Nous nous adapterons en fonction des enfants, des professionnels et de l'évolution du projet. »

Un projet qui ne demande qu’à se développer
L’année de la crèche s’est terminée par une grande fête qui a réunit plus de 150 personnes en un week-end ! Puis la structure a ré-ouvert ses portes le 20 août, avec une première journée de formation sur l’Itinérance Ludique par Laurence Rameau et une journée pédagogique avant l’accueil des enfants.

Pour Hélène, c’est la continuité d’une belle aventure mais il y a encore du chemin à parcourir… notamment pour sécuriser la partie financière. A cet effet, l’association s’est lancée dans plusieurs démarches pour trouver des fonds supplémentaires en répondant à des appels à projet. Le prochain sera celui de la CAF pour favoriser l’accueil des familles en situation de précarité. « Utopiste dans l’âme, j’espère que nous saurons trouver des solutions financières pour que la Flottille soit accessible au plus grand nombre. »
Hélène ne manque pas d’évoquer avec émotion celle qui l’encourageait toujours (décédée depuis peu) : Mara Maudet, fondatrice de l'Institut d'Education et des Pratiques Citoyennes à (IEPC) qui crée et gère des crèches à vocation d’insertion professionnelle. Un travail pour lequel elle avait reçu en 2017 le prix de l’Entrepreneur social.

Par ailleurs Hélène souhaite encore étoffer l’équipe pour compléter les compétences et leur permettre d’accueillir des petits en situation de handicap. Elle cherche également des mécènes qui pourraient les aider sur l’aménagement du jardin et l’achat de nettoyeurs vapeur afin de remplacer les produits d’entretien classiques.
Article rédigé par : Armelle Bérard Bergery
Publié le 16 août 2018
Mis à jour le 01 octobre 2020