Cafarandole, une Ecolo-Crèche en plein centre ville

La première Ecolo-Crèche labellisée des Hauts de France est Cafarandole. Située en plein centre ville de Lille, cette structure est un vivier de bonnes idées. Entre produits home made, troc de plantes et sensibilisation au tri sélectif, il y a de fortes chances que cette crèche fasse des émules.
Il y a 10 ans, la crèche Cafarandole voyait le jour. Il s’agit de la crèche d’entreprise de la CAF du Nord. A l’origine, aucune velléité de se faire labelliser « Ecolo Crèche », mais une très grande envie d’être proche de la nature en étant situé en plein centre ville. Brigitte Laly, la directrice explique ainsi « nous avions très envie d’en faire un véritable cocon pour les enfants en mettant l’accent sur la nature. Nous avons alors mis en place différents projets vers l’extérieur ».

Jardinet et Bol d'air pour tous
Cafarandole possède 3 petits espaces extérieurs : un jardinet avec un carré potager, une cabane en bois, des brouettes ; un lieu en façade dans lequel les enfants peuvent faire du vélo, avec endroit joliment appelé « la petite forêt ». Les enfants peuvent ainsi se retrouver sous un noisetier qui comprend des carillons, des objets suspendus, comme une forêt magique… dans cette voie sans issue ; et un dernier espace consacré au potager.
Autre idée de la crèche : l’achat d’un bol d’air. Vous savez, ces petits chariots hollandais qui transportent des enfants. « Nous sortons avec ce bol d’air pour emmener les enfants au marché, à la citadelle, au musée ou encore à la médiathèque ou dans une maison de retraite avec laquelle nous avons un partenariat », commente Brigitte Laly. On ne peut pas dire que les petits de Cafarandole ne prennent pas l’air ! D’ailleurs, la directrice pense que « les enfants ont une besoin physiologique de sortir ». Elle a donc mis en place des récréations. Quelque soit le temps, les petits vont dehors. Pour cela, la crèche est bien équipée : bottes de pluie, poncho… Aucune excuse pour ne pas sortir !

Un projet d’équipe
Cafarandole fait partie du réseau de crèches « Crèche Attitude » qui a pour ambition de labelliser l’ensemble de ses structures d’ici 2018 avec Ecolo Crèche. Chacune d’entre elles a le choix de s’inscrire dans ce processus quand elle s’y sent prête. « Nous avons souhaité nous engager dans cette labellisation en janvier 2015 parce que cela nous correspondait et que nous avions envie d’aller encore plus loin », témoigne Brigitte Laly. Le programme est alors lancé et il commence par un audit de 500 points ! « C’est un énorme travail à réaliser qui reste néanmoins très intéressant. Cela reprend toute l’énergie de la structure : notre consommation, nos fournisseurs, l’achat de jouets, la fabrication du local, des murs, de la toiture, l’isolation… Nous faisons un travail de recherches précis sur tous ces points. Ecolo Crèche dresse ensuite un bilan de ce qu’est Cafarandole à cet instant là, et nous montre les points à améliorer » détaille la directrice. Toute l’équipe participe à ces axes d’amélioration, de l’agent d’entretien à la direction, et suit une formation dispensée par Ecolo Crèche de 1 à 2 jours. « Nous y avons appris à faire des recettes par exemple comme celle du liniment, de certains produits d’entretien ; nous avons travaillé sur les gestes éducatifs comme l’économie de l’eau ». Ecolo-Crèche accompagne réellement les équipes à travers des échanges de mails, un site internet dédié avec des idées de recettes, de jeux à réaliser à partir d’objets de récupération…etc. Il y a ensuite un audit final. Enfin, la crèche passe en commission Ecolo Crèche qui réunit plusieurs partenaires et qui valide une labellisation ou non. « La validation est délivrée pour 3 ans, avec une charte d’engagement », explique Brigitte Laly.

Au quotidien, comment ça se passe ?
Quand on ouvre la porte d’une Ecolo Crèche, on est face à une infinité de possibilités ! C’est probablement ce qui est grisant et passionnant pour les équipes. « Je pourrai vous en parler pendant des jours », s’amuse la directrice « quand on met un pied dans le programme, on se rend compte que c’est infini ».
Si l’on regarde côté produits, la crèche fabrique son liniment ou encore ses produits d’entretien. On jette un œil autour de la table et l’on découvre Monsieur Bidon. Son rôle ? Récupérer l’eau des gobelets après les repas pour arroser les plantes. Un peu plus loin, il y a Monsieur Poubelle, fabriqué par l’agent d’entretien, qui se fait un plaisir d’accueillir les papiers. Une façon de sensibiliser les petits au tri sélectif.
Puis il y a les jouets : « Nous avons mené une grande réflexion autour de l’achat des matériaux, explique Brigitte Laly. Nous nous sommes rendus compte que les enfants jouent très bien avec des boites de fromage blanc vides, des cageots, des rubans récupérés… Nous n’achetons plus de pate à modeler non plus, ni de peinture ou de colle : nous les fabriquons ! »
Cafarandole a aussi décidé de supprimer les distributeurs de papier. Chaque salarié a un petit carré de tissu en éponge. Bye bye le jetable ! Place au durable !
Le projet d’Ecolo Crèche ne s’arrête pas à la crèche. Il inclue les familles. Les professionnelles de Cafarandole sont ainsi amenées à les sensibiliser à travers différents ateliers, journées thématiques, initiatives. La crèche a par exemple mis en place des trocs de plantes. « On dispose des pousses de menthe ou de framboisiers à l’entrée et les parents peuvent prendre un pied et en ramener un autre à la place… »

Tout fabriquer soi-même, n’est-ce pas imposer du travail supplémentaire aux équipes ? A cette question, Brigitte Laly assure que personne ne le vit de cette manière. Les filles de son équipe sont plutôt fières d’être la première crèche labellisée des Hauts de France.
« En revanche, il faut bien évidemment que la direction soit convaincue par cette démarche car elle induit des ajustements. Nous avons décidé de ne plus utiliser de coton lors des changes. Nous avons donc découpé des petits carrés de polaire qui nous servent à nettoyer les enfants et que nous lavons ensuite en machine. Mais nous nous sommes aperçus que l’huile d’olive tachait les vêtements dans le bac de linge sale. Nous avons donc du les mettre dans un autre récipient, seuls, ce qui revient à avoir deux bacs de linge sale, » poursuit-elle. Brigitte Laly explique également qu’ils ont changé de lessive, et qu’ils sont allés jusqu’à relire les notices de la machine à laver pour être certains d’utiliser le programme le plus adapté, celui qui consomme le moins d’eau et d’énergie possible. La réflexion est poussée.

Plus de créativité, moins de dépenses…
« Etre une Ecolo-Crèche nous a apporté beaucoup de points positifs », témoigne Brigitte Laly. « Depuis que nous fabriquons notre liniment, nous n’avons plus besoin de Mitosyl par exemple ». Plus aucun enfant n’est sujet à l’érythème fessier. « Nous avons réduit de 33% notre budget d’achats de produits pharmaceutiques ». La réduction des dépenses est en effet impressionnante : - 26% d’achats de produits d’entretien et -58% en fournitures pédagogiques ! Même le budget alloué à l’alimentation enregistre une baisse de 16% grâce à une réflexion menée autour du gaspillage.
Un autre avantage de l’écolo-crèche : la créativité. « Quand les enfants se retrouvent devant des objets de récup’, on observe à quel point ils développent leur créativité. Mais ce ne sont pas les seuls. Les professionnelles de la structure aussi ! » s’amuse Brigitte Laly.
« Devenir une Ecolo-Crèche est un enjeu citoyen selon moi », conclut la directrice. « De plus, cela nous apporte énormément au quotidien : c’est un véritable enrichissement personnel puisque cela nous suit également chez nous. On fait l’expérience de la jouissance d’être une petite graine qui se développe en faveur du développement durable. Et c’est très appréciable ».
Article rédigé par : Laure Marchal
Publié le 19 juillet 2016
Mis à jour le 12 juin 2023