Marcoussis : des chèvres à la crèche

A la crèche de Marcoussis (réseau Babilou) dans l’Essonne, les enfants côtoient tous les jours deux petites chèvres naines Motte. Un frère O’Maleh et une sœur Oupette, pour le grand bien des enfants et du jardin qu’elles entretiennent consciencieusement.  On vous dit tout sur cette initiative très écolo et pédago !

 
Deux petites chèvres naines Motte (choisies parce qu’en principe elles n’ont pas de cornes) à la crèche … C’est sympathique mais cela pourrait être anecdotique. Une petite animation en plus.  Mais quand l’arrivée des biquettes s’inscrit dans un vrai projet de crèche et de réseau de crèches, cela prend tout de suite un bel intérêt pédagogique. (Voir encadré).

Entretien du jardin, mais pas touche au potager !
Lucile Leroy, directrice de la crèche des Marcoussis, bien que n’étant pas à l’origine de l'initiative, est ravie de la richesse de ce projet. « C’est intéressant pour les enfants d’avoir un animal en collectivité. Par ailleurs il y a une dimension écologique et économique non négligeable. Nous ne faisons plus appel à une entreprise extérieure pour entretenir le jardin, nos petites chèvres s’en chargent ! ». Elle se chargeraient bien aussi du potager …mais là une petite barrière les arrête ! Le potager est destiné aux enfants exclusivement.
La crèche Marcoussis - 27 berceaux- situé au cœur de ce village de l’Essonne a la chance d’avoir un jardin de 300 m2. Et c’est sans doute aussi pour cela qu’en mars 2019, il a été décidé d’accueillir O’Maleh et Oupette issues de la même fratrie et du même élevage. La PMI ? Elle a approuvé le projet sans difficultés. Sous réserve de strictes conditions sanitaires : « Nos chèvres ont un vétérinaire attitré et bien sûr nous avons procédé à la déclaration d’exploitation détenteur d’élevage » précise Lucile Leroy.

Bienvenues dans les espaces de vie mais leur abri, c’est sacré
Les deux petites chèvres sont la plupart du temps en liberté dans le jardin. Les enfants peuvent les approcher comme ils le souhaitent. Mais les biquettes peuvent aussi venir dans les espaces de vie. Ce qu’elles font de temps en temps. Et ce qui implique une surveillance rapprochée des pros de la crèche. « On apprend aux petits la cadre et les limités pour les chèvres. Par exemple leur espace/abri foin et paille, c’est sacré. On respecte leur lieu, leurs besoins. On respecte l’animal.  Les enfants n’y vont pas et ne les dérangent pas quand elles y sont » explique encore la directrice. Et mine de rien, grâce aux deux petits pensionnaires à barbichettes les enfants apprennent le respect de l’autre au sein de la collectivité.

Découverte de nouveaux rythmes de vie
Tous les enfants deviennent-ils fans de Oupette et O’ Maleh ? Au fil du temps, oui. Mais parfois les prises de contacts sont timorées. Chacun son rythme. « Certains petits sont attirés par les chèvres quand ils les voient à l’extérieur mais hésitent en s’en approcher. Ils ont un peu peur. Mais en général cela ne dure pas bien longtemps ».

Les deux petites chèvres ne sont pas sauvages, elles aiment la compagnie des enfants et des adultes. En ont besoin. A tel point que pendant le confinement, alors que la crèche était fermée, les professionnels, à tour de rôle venaient non seulement les nourrir mais leur tenir un peu compagnie car sinon elles déprimaient ! «  Elles aiment se faire câliner par les adultes, les enfants sont plus dynamiques et moins doux alors elles ont tendance à s’éloigner » note encore Lucile Leroy.
Pour les petits ,outre le respect de l’animal, donc des autres, la présence des deux chèvres est aussi l’occasion de découvrir d’autres rythmes de vie, le rapport des deux animaux à la nature, ce qu’elles peuvent et aiment manger etc. « Nous avons du lierre, avec les enfants nous le cueillons pour leur donner et à chaque fois nous expliquons pourquoi elles aiment ou n’aiment pas telle ou telle plante » précise Lucile Leroy.
Les pensionnaires de la crèche Marcoussis ne sont pas les seules à faire le lien nature-enfants. « Nous avons aussi des activités atour des insectes et des escargots » souligne la directrice.

Un projet porté par toute l’équipe
Accueillir deux chèvres tout au long de l’année dans une structure implique quelque travail supplémentaire pour la directrice et son équipe. Des tâches qu’elles font volontiers. « Il y a explique Lucile Leroy, les achats à faire pour les nourrir (deux coffres pleins), l’entretien de la cabane une fois par mois mais une de nos collègues fait de l’agriculture biologique donc elles récupèrent la paille souillée ». Mais c’est un projet porté par l’équipe, et même le ramassage des crottes dans le jardin (qui attirent pas mal les enfants !) n’est pas vraiment une corvée.  
Bien sûr aussi gentilles soient-elles, Oupette et O’Maleh restent des animaux et la prudence s’impose. « Nous sommes vigilants à la fois sur l’hygiène et la sécurité précise Lucile Leroy. Le mâle peut être parfois un peu dans l’intimidation, … heureusement que contre à toute attente, seule la femelle a des petites cornes, c’est plus facile à gérer ! ».
 

La nature au cœur de la mission éducative de Babilou

Vanessa Zerbib, directrice qualité du réseau de crèches Babilou, le rappelle avec un brin de fierté. « L’un des piliers de notre mission éducative s’énonce ainsi : « prendre sa place dans le monde. Or prendre sa place dans le monde c’est aussi prendre conscience qu’il faut prendre soin de lui.  C’est pourquoi, la connexion avec nature est importante pour nous ».
Dans chaque EAJE du réseau Babilou, il y a un dispositif en lien avec la nature : un potager, des chèvres, un jardin, une serre …Chaque crèche doit réfléchir et proposer un projet, une action construite et positive
 En lien avec la nature. Et le projet doit se décliner sur différents champs d’activité. La direction qualité de Babilou assure la dynamique de ces projets-nature.
 

Article rédigé par : Catherine Lelièvre
Publié le 13 octobre 2020
Mis à jour le 18 novembre 2020