Accueillir des petits en situation de handicap : le choix de Fanny Servant, assistante maternelle

Dans sa vie personnelle comme dans sa vie professionnelle, Fanny Servant a toujours été en contact avec des personnes en situation de handicap. Travailler auprès d’elles est une vocation dont elle a fait son cœur de métier. Elle est aujourd’hui assistante maternelle et accueille notamment des enfants porteurs de handicaps.
A 30 ans, Fanny vit aujourd’hui dans le Beaujolais avec son mari et son fils de 4 ans. Mais son parcours commence à Lyon. Après le bac et deux ans de formation, elle obtient un diplôme de monitrice éducatrice. Elle commence alors à exercer dans différentes structures, instituts médico-éducatifs (IME) et instituts thérapeutiques éducatifs et pédagogiques (ITEP), avant de déménager à Corcelles-en-Beaujolais où elle travaille dans un foyer de vie. Une dizaine d’années pendant lesquelles elle accompagne des enfants, des adolescents et des adultes en situation de handicap moteur et mental. Ce n’est pas par hasard si elle a toujours travaillé dans ce milieu. « J’étais déjà sensibilisée à la question : mon père était moniteur éducateur, ma sœur éducatrice spécialisée. J’allais sur le lieu de travail de mon père, je faisais du cheval avec des enfants handicapés, raconte-t-elle. Pour moi, c’était logique de travailler avec eux, c’est la vraie vie, je serais malheureuse ailleurs. » En discutant avec les familles, elle se rend compte que tous les parents avaient eu des difficultés à trouver un mode de garde adapté pour leurs enfants en situation de handicap. Pas de places pour eux dans les crèches ni d’assistantes maternelles qui puissent les accueillir. Voulant pallier ce besoin, elle demande et obtient son agrément d’assistante maternelle en 2015.

Pas d’agrément spécifique
Il n’y aucun requis pour accueillir des enfants en situation de handicap, toute assistante maternelle peut le faire. Selon elle, travailler auprès d’un enfant souffrant d’une légère déficience mentale reste accessible à tous. « Accueillir un enfant en situation de handicap n’est pas infaisable, il ne faut pas avoir peur de la différence. Mais on n’accueille pas non plus un enfant par ce qu’on pense ne pas avoir le choix, ça met tout le monde en difficulté. Il ne faut pas le faire si on ne le sent pas ». Elle précise que l’autisme peut être plus difficile à appréhender car la communication et la compréhension s’avèrent plus compliquées, ainsi que l’acquisition de la propreté et la marche dans certains cas. « Personnellement je ne peux pas accueillir des enfants avec tout type de handicap. Mais j’ai déjà accueilli un enfant avec un handicap moteur (non diagnostiqué), je le portais quand il le fallait. » Son conseil : suivre une formation de moniteur éducateur ou éducateur spécialisé, pour être plus sensibilisé à certains sujets et situations.

Travailler en collaboration avec les professionnels de santé
Accueillir des enfants en situation de handicap ne lui a pas demandé plus d’investissement financier ou un aménagement particulier de sa maison. Un engagement personnel important oui, mais c’est un choix. Elle propose en effet d’accompagner les enfants à leurs rendez-vous paramédicaux, durant lesquels elle rencontre les professionnels de santé qui suivent l’enfant. « Le but est de travailler avec lui dans la continuité de ce que préconisent le kinésithérapeute, l’orthophoniste, le psychomotricien... Par exemple, une orthophoniste faisait faire des exercices de respiration à un petit garçon pour améliorer sa déglutition. J’essayais également de le stimuler quand je l’accueillais chez moi. » Fanny décrit ce qu’elle remarque au quotidien et les professionnels lui donnent des astuces très utiles : une interaction qui lui permet aussi d’être un relai avec les parents. La jeune femme n’est pas rattachée à un RAM et les autres assistantes maternelles qui accueillent des enfants en situation de handicap qu’elle connaît se situent en peu partout en France. « Etre en lien avec les professionnels de santé permet aussi de rompre son isolement, c’est très important quand on est assistante maternelle », souligne-t-elle.

La mixité : une richesse
Fanny accueille aussi des enfants dits valides. Créer une mixité lui semble très important. « Il n’y a jamais eu de souci avec les enfants ordinaires qui côtoyaient les enfants extraordinaires. Les enfants sont d’une tolérance et d’une patience remarquables, ils comprennent et ils aident. » En témoigne son expérience, la difficulté vient plutôt des autres familles. Réponses négatives, entretiens sans retour… Fanny est parfois passée à côté de contrats justement parce qu’elle accueillait des enfants en situation de handicap. C’est en tout cas la conclusion qu’elle en tire : certains parents ont peur, bien qu’elle leur assure ne pas accepter des enfants sujets à des crises de violence. « Moi justement, je me suis engagée dans cette voie en pensant à mon fils. C’est une chance inouïe pour lui de grandir auprès d’enfants différents : plus tard, il comprendra et ne se moquera pas. » Actuellement, Fanny n’accueille aucun enfant en situation de handicap. Elle a pu observer qu’en-dehors des grandes villes, la demande est fluctuante, notamment à cause de la distance entre le domicile des parents et le sien… Bien que le besoin soit constant : certains lui ont déjà demandé si elle pouvait déménager près de chez eux ! Une chose est sûre : si elle n’a plus d’enfants en situation de handicap à accueillir, elle reviendra travailler dans un établissement spécialisé.
Article rédigé par : Armelle Bérard Bergery
Publié le 11 mai 2017
Mis à jour le 12 juin 2023