Les Bullotins : un projet de crèches qui préparent l’inclusion

Alors que l’inclusion est l’une des priorités du gouvernement, l’association Ebullescence se lance dans un projet inédit : ouvrir un réseau de structures pour les enfants de 18 mois à 6 ans, présentant des troubles du neuro-développement. Chez les Bullotins, l’idée n’est pas d’aller contre l’inclusion mais de la préparer. Explications.
L’inclusion ne s’improvise pas
Des crèches uniquement pensées pour des enfants présentant des troubles du neuro-développement  - principalement autisme, troubles moteurs ou du langage - c’est l’idée d'Aliénor de La Taille, psychologue clinicienne, et de Virgine Boustouller, art-thérapeute, toutes deux co-fondatrices d’Ebullescence. Ces professionnelles de terrain constatent rapidement que les enfants qu’elles accompagnent sont dépistés de plus en plus jeunes. « Du coup, les familles de ces petits ont souvent du mal à trouver un mode d’accueil adapté. C’est encore plus difficile que de trouver une place en crèche classique, explique Aliénor. Avec le réseau des Bullotins, qui accueillera des enfants de 18 mois à 6 ans, on souhaite leur proposer une solution ». 

Le principe du projet est d’accompagner les enfants ayant des troubles du neuro-développement le plus tôt possible, afin que l’inclusion en crèche ou à l’école maternelle soit plus facile. « Nous sommes un tremplin vers l’inclusion en milieu ordinaire » souligne la co-fondatrice de l'association. Le but est d’apprendre aux petits à gérer leur communication et leurs émotions. Pour cela, ils doivent pouvoir comprendre ce qu’on leur demande, supporter le bruit environnant, et ne pas se sentir agressés par les gestes des adultes… Ebullescence ne va pas contre l’inclusion, mais Aliénor tient à rappeler que : « pour un enfant qui n’y est pas préparé, ce n’est pas bon, et cela peut engendrer d’autres problèmes à l’avenir ». 

Des structures à la pointe de l’innovation
Pour certains tout-petits, ce tremplin sera de courte durée car ils auront moins de difficultés que d’autres. Le fait d’accompagner un enfant très jeune peut permettre de résorber, voire même de gommer la plupart de ces troubles. « On souhaite donc créer des crèches avec une équipe renforcée et un matériel adapté » dit Aliénor. L’aménagement sera donc spécifique, avec quatre salles d’éveil, une salle d’art-thérapie, une salle de psychomotricité et un espace Snoezelen, pour une vingtaine d’enfants. La sensorialité étant l’un des points-clés de l’accompagnement. Aliénor souhaite aussi intégrer des petits robots qui joueraient un rôle de médiateur pour l’enfant, pendant un exercice de motricité par exemple.

Néanmoins la pédagogie mise en place sera avant tout axée sur le développement global de l’enfant. Chaque petit accueilli aura une grille de développement attitrée qui permettra de suivre précisément sa progression. À partir de 3 ans, les enfants toujours présents chez les Bullotins débuteront un apprentissage basé sur les pédagogies alternatives - Montessori ou petits travaux avec des tablettes - avec un(e) enseignant(e) spécialiste recruté(e). Bref, tout sera mis en oeuvre pour faire évoluer l’enfant dans un cadre de confiance.

Des réunions d’équipes au coeur des structures
« Les professionnels se réuniront beaucoup plus qu’une équipe de crèche classique » précise la co-fondatrice d’Ebullescence. Les réunions sont un élément essentiel pour maintenir le bon fonctionnement de la crèche. Tout le monde - professionnels et parents - adopte la même attitude vis-à-vis de l’enfant. Un point singulier mais important pour Aliénor : « cela permet d’avoir des objectifs en commun pour pouvoir faire évoluer l’enfant ». Une posture qui passe principalement par le jeu et l’imitation et qui va l’aider à grandir. Plus il se sentira à l’aise et en confiance, moins il en aura besoin. « Lorsque l’enfant sera prêt à aller en collectivité, les différences de comportements ne seront plus un problème car il sera à même de les accepter » explique-t-elle. L’association espère ouvrir la première crèche des Bullotins dans les Hauts-de-Seine (92), à l’horizon 2020.
Article rédigé par : Julia Dumoulin
Publié le 04 octobre 2019
Mis à jour le 11 octobre 2019