Les Marmousets : enfants en situation de handicaps bienvenus

A Strasbourg, le multi-accueil les Marmousets accueille depuis sa création en 1985, 30% d’enfants en situation de handicap. L’établissement, dans une ville qui a élaboré une charte accueil qualité pour la petite enfance, est un bel exemple d’intégration réussie.
« Dans un multi accueil mixte comme les Marmousets, il faut apprendre à travailler autrement. La pédagogie individualisée en vigueur en principe dans les EAJE, doit vraiment l’être ». Anne Berretz sait de quoi elle parle, elle qui, depuis 20 ans, est à la tête de cet établissement qui accueille au moins 30% d’enfants porteurs de handicaps. 
Cette année les Marmousets, situé à Strasbourg et géré par l’Aapei de Strasbourg, accueille 18 enfants différents, trois petits atteints de trisomie 21 mais aussi des enfants polyhandicapés ou souffrant de troubles autistiques.

La crèche est bien rodée pour recevoir ces enfants, l’équipe est stable, motivée et formée. Elle adhère au projet. Jean-David Meugé, Directeur général de l’ Aapei, explique : « le personnel  est forcément partant puisque l’ouverture s’est faite sur ce projet d’accueil d’enfants handicapés. Nous essayons de les former par le biais de la formation continue. Par exemple on vient de faire un cycle autisme et petite enfance ».
La crèche est une petite structure qui accueille 30 enfants (pour 78 inscrits, puisque tous les enfants ne viennent pas à plein temps). Outre ses deux éducatrices de jeunes enfants (EJE) et ses quatre auxiliaires de puériculture, les Marmousets, bénéficie d’une éducatrice de jeune enfant supplémentaire dédiée à cet accueil spécifique, et d’une infirmière à mi-temps. « A Strasbourg, précise Anne Berretz, la norme PMI c’est un pour 6 et non un pour 7. »

Le handicap est une situation, pas une maladie !  
Strasbourg est une ville qui fait beaucoup pour la petite enfance. La ville a mis au une Charte  accueil qualité  que le multi accueil des Marmousets a signé. Et c’est dans ce cadre que la crèche a pu innover. Ainsi pas de P.A.I (Projet d’Accueil Individualisé) systématique pour les jeunes enfants porteurs de handicaps comme on a coutume de le faire, mais un projet individualisé (PI). « Nous considérons, explique Jean-David Meugé, que handicap c’est une situation. Pas une maladie. Cette distinction est importante. Dans les textes c’est assez flou : la notion de PI n’existe pas clairement. Nous avons donc innové. Certains enfants cumulent un PAI et un PI, d’autres ont l’un ou l’autre. »

« On a beaucoup réfléchi avec une psychologue à ce que pourrait être un projet individualisé puisque qu’un PAI ne nous semblait pas adapté » précise Anne Berretz.  Un PAI, c’est un document médico éducatif réalisé par un médecin et une puéricultrice. Il est souvent long et un peu ardu donc difficile à mettre en œuvre sur le terrain. Le PI est avant tout éducatif. Il est court. Il tient sur une page. Il comprend quatre volets : les besoins fondamentaux (sommeil, alimentation, hygiène), le développement moteur et cognitif, les transmissions des valeurs et normes sociales, l’accompagnement des familles.

Le Projet individuel (PI) : construit avec les parents
« A la période d’adaptation classique (une à deux semaines), nous prévoyons pour les enfants porteurs de handicap une période d’observation de 8 semaines. Nous demandons aux parents s’ils sont d’accord pour que nous rencontrions les thérapeutes de leur enfant. Au bout de ces 8 semaines, nous organisons une réunion avec les parents et les personnes qu’ils souhaitent. Au cours de cette rencontre, nous leur proposons le PI. Et c’est à eux et à eux seuls de le valider ».
Concrètement le P.I est réalisé par trois personnes : la directrice de l‘établissement, l’auxiliaire de puériculture plus particulièrement en charge de l’enfant et la référente du projet en l’occurrence l’EJE décidée à l’accueil des enfants en situation de handicap. Une fois accepté par les familles - il est parfois discuté et modifié -, le P.I leur est remis. Et ce sont elles et elles seules qui décident de le diffuser ou non. Et à qui. 

« Le Projet Individuel, explique Anne Berretz, est prévu au maximum pour un an. Mais pour certains enfants, comme ceux souffrant de troubles autistiques, il n’est pas rare de le revoir en fonction des progrès réalisés, environ toutes les 8 semaines. »
Le système fonctionne bien. Le PI est un document utile pour toute l’équipe, compréhensible par tous et rassurant pour les parents. « Ça marche aussi, conclut Anne Berretz, parce que chaque PI a des objectifs petits mais atteignables. »

Un pont vers la maternelle
Les Marmousets semble avoir réussi à créer une ambiance où chacun trouve sa place : enfants en pleine forme comme bébés plus en difficultés. Un modèle d’intégration où chacun s’enrichit de l’autre sous le regard bienveillant et professionnel des adultes. Le tout en bonne harmonie avec les parents. Comment poursuivre ? Comment faire le pont avec cette école maternelle mitoyenne ? « On essaie de gérer un accompagnement au passage à la scolarisation » dit Jean-David Meuge.

« Nous nous sommes mis d’accord pour des transitions en douceur, explique encore Anne Berretz. Les enfants vont un peu à l’école mais reviennent aux Marmousets à d’autres moments de la journée. Nous avons opté pour une sorte de scolarisation conjointe. » Pour les petits ce lien est vraiment une chance. Même si ce n’est pas simple, et que ca ne marche pas pour tous les enfants.
Article rédigé par : Catherine lelièvre
Publié le 10 mars 2017
Mis à jour le 14 juin 2021