A la crèche Sainte Amélie, les bébés dorment dehors

Elle est toute neuve, ses locaux sont modernes et fonctionnels, et pourtant la crèche Sainte Amélie (Paris 75020) a une longue histoire. Créée en 1905, dans les années 1980, elle a été pionnière en instituant le sommeil à l’extérieur pour les bébés qu’elle accueillait. Et depuis, toutes les directrices qui se sont succédées, d’abord surprises puis convaincues, ont maintenu la tradition.

 
C’est la plus ancienne et l’une des plus grosses crèches de la Fondation de la Croix saint-Simon. Sainte Amélie accueille 85 berceaux auxquels s’ajoutent les 35 berceaux de la crèche familiale qui lui est associée. Fermée pendant un an pour de vastes travaux de rénovation, sa remise à neuf a permis de penser les locaux en fonction du projet pédagogique (l’Eveil du tout-petit)  et d’intégrer la tradition de l’établissement : les couchers en terrasse.

Au départ une préoccupation sanitaireC’est en1980 que les bébés ont été sortis au grand air pour leurs siestes. Une pratique, sans doute inspirée de Loczy, mais surtout motivée par une préoccupation sanitaire : cela  permettait aux enfants de mieux respirer et d'être moins malades. Puis, l’équipe a très vite constaté que le sommeil y était de meilleure qualité.
Elodie Lansard, l’actuelle directrice de la crèche Sainte Amélie précise : « quand la crèche a été refaite,  j'ai voulu garder le sommeil à l’extérieur car je suis convaincue de ses bienfaits, donc tout a été conçu dans cette optique : le lieu de vie des bébés est de plain- pied attenant à la terrasse couverte, calme et bien à l’écart des sections des plus grands, où dorment les bébés de la section.  Il faut dire que nous avons de la chance, car sommes dans une impasse qui donne sur la cimetière du Père Lachaise »
Le matériel a été pensé pour ça : les lits  en bois sont à roulettes. Un dortoir intérieur de huit lits a été maintenu, à la demande de la PMI. D’ailleurs quand il fait trop froid (en dessous de zéro degré) ou que les bébés sont malades, les lits sont rentrés et tous les bébés dorment au dortoir.

Comme une promenade en landauCe n’est pas un gadget. Elodie Lansard insiste : « c’est une pratique qui évolue en fonction du temps, des professionnels et des locaux. Mais les bénéfices demeurent. Les enfants dorment vraiment mieux, bien. Ils ne se gênent pas entre eux et font des siestes plus longues. On sent la différence quand on doit rentrer les lits. Aux parents étonnés, j’explique qu’en général dans les crèches, les enfants sortent jouer dehors sauf les bébés qui restent confinés à l’intérieur.  Pour nous, ces siestes en  terrasse, c’est leur sortie à eux, comme une promenade en landau. Ils sont rassurés et adhèrent au projet. »

Rien n’est improviséTout se met en place progressivement. Quand les petits-nouveaux arrivent à la crèche (entre 3 mois et 10 mois), ils sont d’abord couchés dans le dortoir ( pas d’ horaires préétablis, c’est le bébé qui décide). « Pendant un mois, nous observons leurs habitudes de sommeil, leurs rythmes. Cela nous apprend à repérer leurs habitudes. Eux, ont le temps de découvrir les lieux et de se repérer. Une fois qu’il sont rassurés et sécurisés par l’équipe et selon la façon dont ils se comportent, on sort leur lit sur la terrasse ». Non sans avoir demandé aux parents  des combinaisons pilotes en plus des  turbulettes de la crèche. Certains, si cela ne semble pas leur convenir, si les parents sont réticents ou tout simplement s’il n’ y a plus de place, n’iront pas dormir sur la terrasse et feront sommes et siestes au dortoir.
Les bébés sont-ils moins malades ? Pas sûr. En revanche ce qui est sûr et certain c’est qu’ils ont un sommeil, calme et tranquille. Réparateur.

 
Article rédigé par : Catherine Lelièvre
Publié le 02 mars 2016
Mis à jour le 07 avril 2022