La durée du sommeil des enfants impacterait leur immunité

Une équipe de chercheurs du Centre de recherche en épidémiologie et statistiques de l’INSERM a travaillé sur la cohorte Eden destinée à étudier les déterminants pré- et postnataux du développement et de la santé des enfants. Les résultats de leur étude ont montré qu’une durée de sommeil courte ou changeante entre 2 à 5 ans serait associée à un taux plus élevé de certaines cytokines proinflammatoires à l’âge de 5 ans, des molécules dont l’excès est associé à différentes maladies.

Le sommeil, fondamental pour la santé
Le sommeil est essentiel car il régule l’humeur, la cognition, le métabolisme ou encore l’immunité. Chez l’adulte, de nombreuses études ont établi un lien entre le manque de sommeil et l’accroissement de certaines « cytokines, molécules inflammatoires dont l’excès est associé à différentes maladies comme l’obésité, le diabète, l’athérosclérose, la polyarthrite rhumatoïde ou encore la dépression ». L’équipe de chercheurs a cherché à savoir si c’était vrai aussi chez l’enfant.

Cinq types de sommeil établis chez les petits
En étudiant 1899 enfants de la cohorte les chercheurs ont recueilli les données réalisées 4 fois au cours de leur première année de vie puis à 2, 3 et 5 ans. Parmi celles-ci, les chercheurs ont ainsi pu identifier cinq trajectoires d’évolution du sommeil entre 2 et 5 ans : sommeil court (< 10 h 30/nuit, 4,9 % de l’échantillon), sommeil moyen-faible (10 h 30–11 h 00/nuit, 47,8 %), sommeil moyen-élevé (environ 11 h 30/nuit, 37,2 %), sommeil long (≥ 11 h 30/nuit, 4,5 %) et sommeil changeant (5,6 %).

Deux cytokines augmentées en cas de sommeil réduit
Les scientifiques se sont ensuite intéressés à 687 enfants pour lesquels ils disposaient de dosages de plusieurs cytokines (IL‑6, IL-10, INF‑γ, TNF‑α), effectués à l’âge de 5 ans dans le cadre d’une autre étude. Ils ont mis en évidence qu’une durée de sommeil plus courte ou changeante entre 2 à 5 ans est associée à des niveaux accrus d’IL‑6 et de TNF‑α à l’âge de 5 ans.
« Cette étude ne permet pas d’établir un lien causal, mais elle suggère que les habitudes de sommeil pourraient avoir un impact sur les taux sériques de certaines cytokines pro-inflammatoires dès l’âge préscolaire, explique Sabine Plancoulaine l’auteure de l’étude. Or, souligne-t-elle l’effet cumulatif associé à des facteurs environnementaux serait susceptible de provoquer l’apparition de troubles de santé ultérieurs.

Des temps de sommeil à respecter en fonction de l’âge des enfants
L’étude est l’occasion de faire un focus sur les temps de sommeil nécessaires aux plus jeunes.
De 0 à 3 mois, l’Inserm recommande 14 à 17 heures de sommeil.
De 4 à 11 mois, entre 12 à 15 heures.
De 1 à 2 ans entre 11 à 14 heures
De 3 à 5 ans de 10 à 13 heures.
De 6 à 13 ans, entre 9 à 11 heures par nuit.

Consulter l'étude

 
Article rédigé par : Isabelle Hallot
Publié le 30 mars 2022
Mis à jour le 10 juin 2023