Laits infantiles contaminés : foodwatch ne baisse pas les bras

L’ONG foodwatch, qui se bat pour une alimentation saine, poursuit son bras de fer contre Nestlé et Danone. Dénonçant la « politique de l’autruche » des industriels et le « manque de transparence du gouvernement », elle vient d’adresser un courrier à 109 préfets, par voie d’avocat, afin d’obtenir le retrait de deux laits infantiles du marché au nom du principe de précaution. Elle interpelle également la répression des fraudes.  Les deux marques incriminées, via un communiqué du  Secteur Français des Aliments de l’Enfance (SFAE)  se défendent et rassurent les consommateurs.

Alerte en octobre 2019
Pour rappel, l’ONG avait tiré le signal d’alarme en octobre dernier en présentant les résultats de sa nouvelle campagne de tests. Ceux-ci avaient notamment révélé qu’un lait de Nestlé et un de Danone, commercialisés en France, étaient contaminés par des quantités préoccupantes d’hydrocarbures d’huile minérale (MOAH), des toxiques reconnus par les agences sanitaires française et européennes comme « potentiellement cancérogènes, mutagènes et perturbateurs endocriniens ». Il s’agit de :

. Nidal Lait en poudre 1er âge, de 0 à 6 mois (Nestlé)

. Gallia Galliagest Croissance sans lactose, de 12 mois à 3 ans (Danone)

A l’époque, foodwatch avait lancé une pétition, déjà signée par 64 000 personnes, adressée aux fabricants pour réclamer une action immédiate de leur part. Elle avait également envoyé des courriers aux marques, ainsi qu’aux ministères de l’Economie et des Finances, de l’Agriculture, de la Transition écologique et solidaire, ainsi que des Solidarités et de la Santé.

Huit mois plus tard, statu quo
Aujourd’hui, l’ONG déplore que les produits en cause soient toujours en vente. Dans un communiqué de presse, elle souligne que le service de répression des fraudes (DGCCRF) « sait que des laits infantiles sont contaminés puisqu’elle l’a vérifié après les tests de foodwatch ». Et elle « l’exhorte donc à rendre publics les résultats de ces tests, comme l’ont d’ailleurs fait deux länder allemands. »

Interrogée par l’AFP, la DGCCRF a répondu qu’elle avait pris “très au sérieux” l’alerte et les analyses de foodwatch en octobre 2019. Elle a confirmé également que ses analyses internes avaient mis en évidence la présence infime d’huile minérale dans les laits en question. Pour autant, « intrinsèquement, les résultats ne sont pas publiables » a déclaré Loïc Tanguy, son porte-parole. « Il faut des seuils harmonisés au niveau européen » a-t-il ajouté, puisque les deux laits commercialisés en France sont fabriqués dans d’autres pays de l’Union européenne, alors qu’un troisième lait commercialisé en Allemagne par Nestlé et fabriqué en France est aussi incriminé ». Selon le représentant de la DGCCRF, en l’absence de risque aigu pour la santé des bébés posé par la consommation de ces laits et d’un seuil de dangerosité vis-à-vis d’un risque chronique fixé par les autorités européennes, aucun retrait n’est envisageable dans l’immédiat… Autrement dit, « la balle est dans le camp de la Commission ».

Le Secteur français des Aliments de l’Enfance se défend
Cette position des autorités devrait satisfaire le Secteur Français des Aliments de l’Enfance (SFAE) qui s’est empressé de rassurer les consommateurs via un communiqué de presse : « les entreprises du Secteur Français des Aliments de l’Enfance ont à cœur de garantir la sécurité des produits, allant parfois même au-delà des exigences réglementaires. A ce jour, il n’existe pas de seuil réglementaire sur les huiles minérales dans les laits infantiles. Les entreprises du Secteur Français des Aliments de l’Enfance soutiennent les efforts des autorités françaises et européennes qui visent à aboutir à une position sur le sujet. » En attendant, le secteur rappelle que « comme l’avait indiqué l’association foodwatch elle-même en octobre 2019 : « les tout petits qui consomment les laits infantiles testés par foodwatch ne sont pas exposés à un danger immédiat ». Et, de conclure que « les produits de nutrition infantile peuvent être consommés en toute sécurité ».

Retrouver le Communiqué de presse de foodwatch
Retrouver le Communiqué presse du SFAE
Article rédigé par : Marie-Sophie Bazin
Publié le 02 juillet 2020
Mis à jour le 14 juin 2021