Laits pour bébé contaminés : foodwatch exige le rappel de produits Danone et Nestlé

L’ONG foodwatch exige de deux géants de l’industrie agroalimentaire le rappel immédiat de laits en poudre pour bébé, contaminés par des huiles minérales dangereuses pour la santé. Quatre ans après avoir révélé cette contamination sur de nombreux produits alimentaires, l’organisation constate que peu de progrès ont été faits et tire de nouveau le signal d’alarme auprès des fabricants, distributeurs, agences de santé et ministères.

Une première alerte sur de nombreux produits en 2015

En octobre 2015, le scandale éclate : après avoir testé 120 produits alimentaires achetés dans trois pays d’Europe, foodwatch constate qu’une grande partie d’entre eux sont contaminés aux hydrocarbures aromatiques d’huiles minérales (MOAH). Des substances toxiques suspectées d’être cancérogènes, mutagènes (qui altèrent durablement l’ADN) et perturbateurs endocriniens. A distinguer des hydrocarbures saturés d’huiles minérales (MOSH), encore plus fréquents dans les aliments et également suspectés de provoquer des dommages sur le corps.

L’ONG avait alors interpellé les industriels agroalimentaires et les autorités publiques afin que des mesures soient prises. Au niveau du continent, la Commission européenne avait lancé un plan de surveillance avec les Etats membres et une collecte de données. Au niveau national, aucune mesure concrète n’a encore été prise. Malgré les nombreuses rencontres avec foodwatch et leurs propositions, malgré l’avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) confirmant la nécessité de réduire la contamination des denrées alimentaires par ces composés en priorités, malgré le rapport en ce sens de la Commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur l’alimentation industrielle de 2018. De leur côté, six des plus grands distributeurs français avaient pris des engagements volontaires publics contre cette contamination. Et pourtant…

Nouvelle alerte sur plusieurs laits en poudre en 2019
Ce jeudi 24 octobre 2019, foodwatch tape de nouveau du poing sur la table. Lors d’une conférence de presse, l’organisation a présenté les résultats de sa nouvelle campagne de tests. Des analyses et vérifications ont été effectuées entre août et octobre 2019, sur seize laits en poudre pour bébés achetés entre juillet et août en France, en Allemagne et aux Pays-Bas. foodwatch a fait appel à trois laboratoires indépendants certifiés, qui ont appliqué les méthodes recommandées par la Commission européenne.
Les résultats sont probants. Huit des produits - soit un sur deux - présentent une quantité préoccupante de MOAH avec des concentrations comprises entre 0,5mg /kg et 3mg/kg. Dans les produits contaminés par les MOSH, elles se situent entre 0,5mg/kg et 8,4mg/kg.
Deux de ces huit produits sont commercialisés en France :
  • Nestlé Nidal Lait en poudre 1er âge, De 0 à 6 mois, numéro de lot : 90720346AC
  • Danone Gallia Galliagest Croissance sans lactose, 12 mois à 3 ans, numéro de lot : 905764 (019079)

Si foodwatch précise que les tout-petits qui consomment ces produits ne sont pas exposés à un danger immédiat, il rappelle que ces substances toxiques n’ont rien à faire dans leurs aliments et que toute exposition aux hydrocarbures aromatiques par l’alimentation présente de toutes façons des risques pour la santé.

Pour que les industriels et autorités publiques prennent leurs responsabilités
Ce matin, foodwatch a donc envoyé un nouveau courrier à Nestlé, Danone et d’autres marques, ainsi qu’aux ministères concernés : Economie et Finances, Agriculture, Transition écologique et solidaire, Solidarités et Santé. Et lancé une pétition en ligne en France et en Allemagne pour exiger des industriels d’une part, le rappel immédiat du marché des laits en poudre contaminés. D’autre part, à s’engager à vendre des produits sans aucun MOAH détectable. Elle sera envoyée à Christophe Cornu et Emmanuel Faber, respectivement Directeurs généraux de Nestlé et Danone en France. La pétition a déjà recueilli plus de 16 000 signatures.
L’ONG met également à disposition du public une « Foire aux questions » pour répondre à toutes ses questions éventuelles : qu’est-ce qu’une huile minérale ? Que faire si on a des produits contaminés chez soi ? Quelles alternatives ? Les tests commandités par foodwatch sont-ils fiables ?...

Comme l’explique foodwatch, cette contamination n’est a priori pas volontaire et ne vient pas du produit en lui-même, mais de toute la chaîne de production autour. L’organisme peut seulement émettre des hypothèses quant à la provenance de ces huiles minérales : antipoussières, encres, huiles de laminage, machines, camions… Une chose est sûre selon lui : des solutions existent pour éviter cette contamination. D’où l’importance de continuer le combat.
Ce nouvel appel à la mobilisation est pour foodwatch indispensable face à « une inaction inacceptable sur les conditions de santé publique ». « C’est inexplicable, déplore Karine Jacquemart, Directrice de foodwatch France. (…) Nous savons que les industriels et les autorités étaient déjà au courant de ce problème. (…) Toutes les études scientifiques confirment la toxicité de ces substances. (…) Nos pétitions sont largement signées (…) Il n’y a rien aujourd’hui qui justifie de ne pas prendre une décision ! » Selon l’organisme, il suffirait d’un arrêté interministériel pour contraindre les fabricants et distributeurs à protéger la santé des consommateurs.


 

Pétition « Des huiles minérales toxiques dans des laits pour bébés, c’est non ! »
Article rédigé par : A.B.B.
Publié le 24 octobre 2019
Mis à jour le 19 février 2020