Le groupe Babilou annonce des revalorisations salariales

Alors que tout le secteur attend les derniers arbitrages sur le montant et les conditions et modalités de versement du soutien de l’État aux revalorisations salariales des professionnels de la petite enfance et que la nouvelle ministre est à peine installée, le groupe Babilou - l’un des big four- a décidé de passer à l’action. Il vient de prendre trois mesures phares pour fidéliser ses salariés, voire en attirer de nouveaux.

C’est un sujet de tension pour tous les professionnels du secteur : les revalorisations, annoncées par Jean-Christophe Combe, prévues par la COG 2023-2027 et reprises par Aurore Bergé, sont toujours en attente des derniers arbitrages de Bercy. Remaniement ministériel trainant en longueur oblige. Depuis début janvier tout est figé, le groupe de crèches privées lucratives Babilou a donc décidé de prendre les devants. Vincent Bulan, le DG France du groupe a annoncé le 14 février dernier des mesures concrètes pour revaloriser les salaires et améliorer les parcours de carrière.

Trois mesures phares pour booster l’attractivité des métiers  
Vincent Bulan, explique : « On voit bien que dans ce contexte d’inflation et avec le bruit médiatique qui a fortement chahuté nos professionnels de la petite enfance du secteur privé, la revalorisation des métiers ne pouvait pas passer autrement que par une revalorisation sonnante et trébuchante, significative sur le plan de la rémunération. »

1. Une augmentation de près de 200 euros bruts par mois dès le 1 avril.
Dans un mois et demi, tous les salariés de rang 1, c’est-à-dire les titulaires d’un diplôme d’État (EJE, auxiliaires de puériculture, infirmières puéricultrices...) entrant dans les fameux 40% vs les 60% constitués de salariés de rang 2, seront augmentés de 150 à 200 euros bruts mensuels. Une revalorisation qui concerne à la fois les salariés en poste et les nouvelles embauches.   
Cette augmentation de salaire accroît l’écart entre les professionnels de rang 1 et de rang 2 (les 60% titulaires du CAP AEPE notamment).  Et en « décorrelant les salariés de rang 1 du SMIC », le DG France de Babilou espère ainsi créer une dynamique incitant les salariés de rang 2 à progresser vers un diplôme de rang 1.
2. Un Bonus Annuel d’environ 25% du salaire mensuel pour tous. L’idée : pour valoriser l’engagement des professionnels diplômés de rang 1 et de rang 2, ce bonus sera une sorte de bonus « présentéisme » correspondant à un quart du salaire mensuel (au pro-rata du nombre de jours travaillés), versé en octobre, à tous les salariés en CDI ayant plus de deux ans d’ancienneté, présents toute l’année.
Vincent Bulan justifie : « On a besoin des professionnels au quotidien. On a donc voulu mettre en place un mécanisme qui permette de réduire l’absentéisme perlé du quotidien. Nous l’avons travaillé avec les délégués du personnel, cela rentre dans le cadre des négociations annuelles obligatoires avec les représentants du personnel
3. 30 heures de détachement dédiées à la préparation d’une VAE, pour les salariés de rang 2.
En permettant aux salariés d’être plus disponibles pour travailler à leur parcours de VAE, Babilou espère ainsi relancer le recours aux VAE et inciter les  titulaires de CAP- AEPE à viser un diplôme d’auxiliaire de puériculture ou d’éducateur de jeunes enfants.  « On souhaite redonner envie à ces professionnels de rang 2 d’avancer vers un diplôme, de se former, et d’aller vers les métiers de la catégorie de rang 1, appuie Vincent Bulan. La VAE est un projet personnel, mais on va leur permettre de se détacher du temps sur leur temps de travail pour pouvoir le faire. C’est un geste fort, c’est du salaire que l’on donne. Derrière, bien sûr, l’objectif est l’embauche de professionnels diplômés de rang 1, on l’espère chez Babilou, mais on travaille aussi pour tout le secteur de la petite enfance. »

Entrainer le secteur à revaloriser sans attendre  
Pour Babilou, il y a là un enjeu d’exemplarité. Si le groupe compte, par ces mesures, soutenir le recrutement de professionnels qualifiés dans ses structures et lutter contre une pénurie de professionnels bien installée, il espère entrainer à sa suite les acteurs du secteur privé. « Depuis 2022, nous sommes Entreprise à Mission, on se doit d’être les mieux-disants du secteur, assure Vincent Bulan. Nous espérons ainsi donner le « la » et mettre en place un cercle vertueux pour la revalorisation des métiers de la petite enfance ».




 
Article rédigé par : Laurence Yéme
Publié le 16 février 2024
Mis à jour le 10 juin 2024