Le métier d’assistante maternelle passé au crible par la Cnaf

Les évolutions du métier d'assistante maternelle ont fait l’objet de nombreux travaux d’études et de recherches dont une partie a été financée par la Caisse nationale des Allocations familiales (Cnaf). Celle-ci vient de publier une revue de littérature qui présente les principaux axes d’investigation sur le sujet afin de proposer de nouvelles pistes de réflexion. Ce travail d’environ 70 pages s’articule autour de trois chapitres : le profil sociodémographique des assistantes maternelles, leurs conditions de travail et d’emploi, l’exercice de leur métier au quotidien. Voici les grandes tendances qui s’en dégagent.

Un métier transitoire pour des femmes déjà mères
Le premier axe du dossier révèle que dans la majorité des cas, les assistantes maternelles (métier souvent mis au féminin puisqu’exercé à 99% par des femmes) sont des mères d’une quarantaine d’années n’ayant plus d’enfants en bas âge. Des femmes en couples qui disposent d’un logement dont la qualité et la taille permettent l’obtention de l’agrément pour accueillir le nombre d’enfants autorisé. Elles sont en majorité issues de catégories populaires mais non précaires et sont moins diplômées que les salariées du secteur privé et que les auxiliaires de puériculture. Enfin le métier d’assistante maternelle est souvent envisagé après une longue période sans emploi, et plutôt comme une étape transitoire avant de devenir ou redevenir inactives ou de changer de profession.  

Des inégalités de salaire mais moins d’isolement
Dans le deuxième volet, il apparaît que le travail des assistantes maternelles est très associé à des « qualités naturellement féminines » et non à des compétences professionnelles spécifiques, ce qui les valorise peu socialement. D’autre part de fortes inégalités persistent au sein de la profession puisqu’étant soumises à la loi de l’offre et de la demande, les assistantes maternelles ont un temps de travail et une rémunération qui leur est propre. En revanche elles sont aujourd’hui moins isolées grâce aux services communaux de la petite enfance, les services de Protection Maternelle et Infantile (PMI), les Relais Assistants Maternels (RAM), les Maison d’Assistants Maternels (MAM)

Un travail éprouvant sur le plan physique et psychologique
Le dernier chapitre note qu’être assistante maternelle est un travail émotionnel et relationnel particulier car la relation de service se déroule auprès de deux types d’usagers aux besoins distincts, les enfants et les parents. Il s’agit donc pour les assistantes maternelles de trouver un juste équilibre entre différentes fonctions : procurer une stabilité affective et un environnement sûr et sain, éduquer les enfants et accompagner les parents dans leurs rôles parentaux. Le dossier souligne par ailleurs que les modules de formation continue les plus suivis sont ceux liés aux stress ou à la gestion des situations difficiles de l’enfant.

De nouvelles réflexions pour la future COG
Cette revue de littérature met en avant trois problématiques qui mériteraient d’être explorées. Les pratiques des assistantes maternelles : est-ce que les différences sociales conduisent à des écarts de pratique ? Egalement les inégalités territoriales : ces écarts sont-ils dus à des politiques publiques locales ou à des pratiques d’acteurs publics différentes ? Quel est le poids du contexte économique ? Enfin les usages des RAM et des MAM : leur développement conduit-il à des changements de pratiques ? A un rapprochement avec les modes d’accueil collectif ? Assurent-ils un meilleur accès des assistantes maternelles à la formation continue ? Des pistes qui feront dès cette année l’objet de travaux qui pourront trouver un écho dans la prochaine Convention d’Objectifs et de Gestion (COG) si l’on en croit le dossier.


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Article rédigé par : A.B.B.
Publié le 15 février 2018
Mis à jour le 09 décembre 2019