Maltraitance des enfants : les représentations des Français

L’association « l’Enfant Bleu », qui œuvre contre les situations de maltraitance vécues par des enfants, a réalisé avec Harris Interactive une nouvelle étude pour mieux comprendre les représentations actuelles des Français sur ce sujet (soit 3 ans après la première). L’enquête a été menée sur un échantillon de 1030 personnes représentatifs des Français âgées de 18 ans et plus. Voici les grandes tendances qui s’en dégagent.

La lutte contre la maltraitance des enfants : une priorité mais peu d’actions
Pour 97% des personnes interrogées cette cause est prioritaire et 77% d’entre elles la qualifient même de « tout à fait prioritaire ». Des proportions encore plus élevées qu’en 2014 où elles étaient respectivement de 93% et 61%. En revanche la maltraitance des enfants reste un sujet difficile à aborder : 79% le qualifient de « tabou » et seulement 31% estiment que le phénomène est facile à définir. On note quand même que les parents interrogés dans le cadre de cette enquête sont 60% à indiquer avoir déjà abordé le sujet de la maltraitance avec leur(s) enfant(s). Dans la plupart des cas, cet échange s’est noué spontanément, sans occasion particulière (59%).
Les Français semblent porter un regard pessimiste sur le sujet puisqu’ils jugent le phénomène fréquent (à 73%), traversant tous les milieux sociaux (92%) et pas du tout en voie de disparition (16%). Seule une minorité des personnes interrogées (29%) considèrent que les pouvoirs publics prennent suffisamment en compte la maltraitance des enfants.

Les victimes de maltraitance : des difficultés à en parler
Interrogés sur leur propre enfance, 22% des Français relatent des événements assimilables à la maltraitance. Elle était pour la plupart d’origine sexuelle et concernait surtout des jeunes filles. 8% de ces victimes auto-déclarées font état d’une maltraitance psychologique (menaces, insultes, humiliations), 5% de violences régulières (coups) et 3% de négligence répétée (soins, hygiène). Certaines ayant connu plusieurs types de maltraitance. Au total, 68% des victimes ont indiqué avoir subi une maltraitance au moins en partie dans leur propre famille.
Parmi toutes les victimes trois proportions significatives apparaissent : seuls 19% déclarent avoir parlé des problèmes au moment des faits, 17% avoir bénéficié d’un suivi thérapeutique et 43% affirment que la maltraitance a pris fin totalement après en avoir parlé.

Phénomènes de maltraitance : de nombreux soupçons pas souvent énoncés
Pour 47% des personnes interrogées, il est probable voire certain qu’il y ait dans leur entourage au moins une personne ayant été victime de maltraitance durant l’enfance et 36% estiment qu’au cours des dernières années, un cas de maltraitance d’enfant s’est probablement produit dans leur entourage. Par ailleurs la moitié des personnes soupçonnant un cas de maltraitance récent dans leur entourage indiquent ne pas avoir adopté de comportement particulier face à cette suspicion. Pour les 19% d’entre eux qui reconnaissent directement ne pas être intervenus, les principaux arguments avancés sont la peur de se tromper, une non-connaissance de l’identité de l’enfant ou de son entourage et le sentiment que cela ne les regardait pas.

Pour plus d’informations et de prévention
Plus de la moitié des Français (57%) estiment n’être « pas suffisamment informés » sur les bonnes pratiques en matière de maltraitance. Ils sont une majorité à connaître la Brigade des mineurs, le 119 et la démarche de « signalement au Procureur de la république », mais parmi eux une personne sur 2 déclare ne pas voir précisément ce dont il s’agit. Au final, les Français sont quasiment tous favorables (90%) à ce que le sujet de la maltraitance soit abordé systématiquement avec les élèves dans le cadre de l’école - et ce qu’ils aient eux-mêmes des enfants âgés de moins de 18 ans (89% favorables), ou non (90% favorables).

Consulter l'étude
Article rédigé par : A.B.B.
Publié le 16 novembre 2017
Mis à jour le 09 décembre 2019