Neurodéveloppement de l'enfant : les recommandations de l'Académie de Médecine pour soutenir les parents

Dans un communiqué en date de 7 septembre, l'Académie de Médecine rappelle l'importance du rôle des parents dans le neurodéveloppement des tout petits. Et pour les y aider, rien de tel que des professionnels de la petite enfance !  Explications et retour sur les recommandations de la société savante.

« La relation des parents et de l’enfant dans les premiers temps de la vie, de la période anténatale aux premières années, est fondamentale pour l’avenir de l’enfant. » À lire les premiers mots du communiqué de l'Académie de Médecine paru ce 7 septembre, on pourrait croire qu'il n'y a là rien de bien neuf sous le soleil ! Et pourtant, cette communication est intéressante à deux titres. D'abord, elle rappelle les dernières avancées de la science sur cette question complexe qu'est le développement du cerveau de l'enfant. Ensuite, elle met en lumière le rôle essentiel des pros de la petite enfance dans l'accompagnement et le soutien des parents.

Neurodéveloppement de l'enfant : ce que disent les dernières études
Premier constat de l'Académie de Médecine : le rôle d'accompagnement des parents commence dès la grossesse et continue tout au long des premières années de vie de l'enfant. En effet, c'est au cours de cette période que les interactions du bébé avec son environnement « stimulent la maturation et l’organisation des circuits neurologiques sensori-moteurs, cognitifs et émotionnels » dans les différentes structures du cerveau. Grâce à ces interactions, l'enfant peut commencer à comprendre son environnement, même si cette fonctionnalité continue à se développer par la suite jusqu'à l'adolescence.

Aujourd'hui, des études dans les domaines de la biologie, de la physiologie et de l’imagerie cérébrale telle que l’IRM, viennent affiner ces connaissances, d'où la prise de parole de la société savante. Leurs conclusions ?

- D'abord, grâce au soutien de ses parents, le bébé s'adapte de mieux en mieux à son environnement. Ainsi quand les parents portent une attention aux signaux envoyés par leur enfant et en y répondent de manière appropriée, ils participent à la « co-construction émotionnelle et cognitive » du tout petit. Ils permettent ainsi de prévenir et de réguler le stress lié aux agressions extérieures et favorisent chez leur enfant (et plus particulièrement dans son cerveau), des « réponses adaptatives de plus en plus complexes ». Mais pour que cette adaptation soit possible, elle doit avant tout être réciproque : l'enfant envoie un signal et le parent y répond. Si ce n'est pas le cas, « le comportement et le développement de l’enfant peuvent s’écarter de la trajectoire dite 'normale' . Le lien d’attachement, qui est subordonné à sa confiance dans l’environnement (parents, fratrie, personnels soignants, de crèche ou assistantes maternelles), peut alors être rapidement altéré. » Et à l'Académie de Médecine de rappeler que « dans certaines situations extrêmes de privation parentale, un désordre majeur neurodéveloppemental, comportemental et cognitif a été montré ».

- Ensuite, le rôle des parents est essentiel dans l'apprentissage du langage, comme en attestent des études cliniques et d'imagerie. Dès la vie utérine (durant laquelle le bébé reconnaît la voix maternelle) et dans les mois qui suivent, les parents sont les premiers à pouvoir assouvir la soif d'apprentissage naturelle du nourrisson. « Il est essentiel que les parents parlent, nomment les gestes et les objets, et œuvrent plus tard pour l’acquisition du vocabulaire et de la lecture », lit-on dans le communiqué

- Enfin, « la place des parents est également primordiale pour le soin d’un enfant à haut risque ou atteint de trouble du neurodéveloppement (TND), qu’il soit sensoriel, moteur ou cognitif. » Chez ces enfants aux besoins particuliers (en cas de troubles moteurs ou du développement, de TDA.H, de troubles du spectre autistique ou dys, etc.), les parents, en tant que partenaires des soignants et accompagnants, doivent pouvoir prendre des décisions éclairées. D'où l'importance particulière à accorder à leur accompagnement.

Soutenir les parents : un enjeu clé pour les pros de la petite enfance
L'Académie de Médecine le rappelle d'ailleurs clairement dans son communiqué : « Le soutien à la parentalité est ainsi fondamental, d’une part dans la prévention des TND de l’enfant et, d’autre part, dans l’accompagnement de l’enfant en situation de handicap. Ce constat s’inscrit dans l’objectif national des 'mille jours' et dans l’ensemble de la stratégie 'autisme' au sein des TND. »

Ses recommandations : informer les parents sur le neurodéveloppement de leur enfant, certes mais pas seulement ! Pour la société savante, ce soutien nécessaire à la parentalité revient aussi aux professionnels de la petite enfance. C'est pourquoi l'Académie suggère de :
  • Améliorer la formation des médecins et de tous les professionnels de la petite enfance, ainsi que celle des enseignants, sur les avancées les plus récentes concernant le neurodéveloppement sensori-moteur, cognitif et émotionnel de l’enfant,
  • Apporter une écoute attentive aux parents de la part de tous les personnels de la petite enfance : crèches, garderies, assistantes maternelles, structures sanitaires ou médico-sociales,
  • Établir un partenariat effectif avec les parents dans les soins et l’éducation de tout enfant à risque ou atteint de trouble du neurodéveloppement.

Références :
Speranza M, Debbané M. Bull Acad Nat Med 2021;205:912-920. 5.
Kennedy M et al. J Child Psychol Psychiatr 2016;57:1113–1125 6.
Dehaene-Lambertz G. Psychol Bull Rev 2017;24: 48–55.
Article rédigé par : V.D
Publié le 07 septembre 2022
Mis à jour le 17 avril 2023