Polluants chimiques du quotidien : l’exposition précoce des enfants associée à des risques respiratoires

Une étude européenne suggère un lien entre l’exposition prénatale et postnatale des enfants aux polluants chimiques contenus dans des objets du quotidien, et une détérioration de leurs fonctions respiratoires.

Dans le cadre du projet européen HELIX (la cohorte Human Early-Life Exposome), une équipe composée de chercheurs de l’Inserm, du CNRS, de l’Université de Grenoble Alpes et de l’Institut de santé globale de Barcelone a évalué un ensemble de facteurs environnementaux auxquels sont exposés les enfants, pendant la grossesse et après leur naissance - définis comme « l’exposome de la vie précoce ». Cette approche a pour objectif de mettre en lien ces expositions avec la santé d’enfants âgés de 6 à 12 ans, notamment la fonction respiratoire.
Ils ont pour cela étudié des données recueillies auprès de 1033 femmes enceintes et leurs enfants dans 6 pays européens entre 2003 et 2009. Elles portaient sur les expositions prénatales et postnatales liées à l’environnement (pollution de l’air par les particules fines, bruit…), à des contaminants chimiques (perturbateurs endocriniens, métaux, polluants organiques persistants…) et au style de vie (alimentation…). Ils ont ainsi pu établir, à travers 85 expositions prénatales et 125 expositions post-natales, un état des lieux de l’environnement précoce de chaque enfant. C’est une des toutes premières recherches scientifiques qui met en œuvre l’approche « exposome » à grande échelle. Ils ont également analysé les données relatives aux fonctions respiratoires de ces enfants plus tard, alors âgés de 6 à 12 ans.

De nombreux produits du quotidien néfastes
Résultat : les femmes enceintes et les enfants étaient pour la plupart exposés à des dizaines de substances chimiques, à des niveaux variables. Plus précisément, chez au moins 9 femmes ou enfants sur 10, plus des deux tiers des biomarqueurs chimiques d’exposition avaient des niveaux détectables.
Selon les observations des chercheurs, l’exposition prénatale aux composés perfluorés - utilisés par exemple dans certains ustensiles de cuisine antiadhésifs ou revêtements antitâches - et l’exposition post-natale à l’éthyl-parabène - contenu dans certains cosmétiques - et à des métabolites des phtalates - des perturbateurs endocriniens connus - pourraient être associées à une fonction respiratoire diminuée chez l’enfant. Ainsi réduire l’exposition à ces produits chimiques omniprésents pourrait aider à prévenir le développement de maladies respiratoires chroniques. « Identifier les facteurs de risque d’une fonction respiratoire diminuée dans l’enfance est important car le développement pulmonaire de l’enfant est un facteur déterminant de sa santé globale, et pas seulement respiratoire, tout au long de la vie », explique Valérie Siroux, chercheuse à l’Inserm et co-coordinatrice de l’étude.
Les expositions aux polluants chimiques en question devraient dans un deuxième temps faire l’objet de travaux plus spécifiques.

Sources : INSERM - The Lancet Planetary Health


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Publié le 07 février 2019
Mis à jour le 09 décembre 2019